LesProducteurs de grains du QuĂ©bec reprĂ©sentent les intĂ©rĂȘts de quelque 11 000 productrices et producteurs de grains, rĂ©partis dans 14 syndicats affiliĂ©s. Les Producteurs de grains du QuĂ©bec cultivent 941 000 hectares de terre, ce qui reprĂ©sente des revenus Ă la ferme de 1,1 milliard de dollars. Les fermes quĂ©bĂ©coises produisent et commercialisent principalement des grains de
reportéedans le tableau sera donc de 0.34 kg N/q de grains aux normes. b.3. Azote exporté par le grain (en kgN/q) (premiÚre colonne du tableau de synthÚse) : Plusieurs approches sont proposées. La teneur en azote des grains étant directement proportionnelle
Letableau ci-dessous montre les boi./A requis pour compenser les coĂ»ts dâĂ©nergie Ă diffĂ©rents niveaux de rendements et dâhumiditĂ© en tenant compte du prix du maĂŻs Ă 1,60 $ le gallon et celui due maĂŻs Ă 3,20 $ le boi. Figure 1. Une gestion serrĂ©e de lâhumiditĂ© du grain est essentielle pour maximiser la rentabilitĂ© dans la mise en marchĂ© du grain. INFO CHAMPS âą VOL. 7
estimationrendement maïs grain. by | Nov 9, 2021 | sous-couche parquet polystyrÚne extrudé | météo charente-maritime 15 jours | Nov 9, 2021 | sous-couche parquet polystyrÚne extrudé | météo charente-maritime 15 jours
ï»żTableaude conversion du grain humide au grain sec en pourcentage Author: RĂ©gie des marchĂ©s agricoles et alimentaires du QuĂ©bec Subject: Tableau de conversion du grain humide au grain sec en pourcentage Created Date: 12/17/2014 11:13:38 AM
Vay Tiá»n Online Chuyá»n KhoáșŁn Ngay. BAREME DES FRAIS DE SECHAGE POUR LE MAIS, CAMPAGNE 2010 â 2011HUMIDITEPOIDS RAMENE AUX NORMES POUR KGDE MAIS HUMIDEFRAIS DE SECHAGE PAR KG ENâŹ/TONNE15,01 â 15,50 993,50 1,00 âŹ15,51 â 16,00 987,00 1,93 âŹ16,01 â 16,50 980,50 2,90 âŹ16,51 â 17,00 974,00 3,86 âŹ17,01 â 17,50 967,50 4,83 âŹ17,51 â 18,00 961,00 5,80 âŹ18,01 â 18,50 954,50 6,76 âŹ18,51 â 19,00 948,00 7,73 âŹ19,01 â 19,50 941,50 8,69 âŹ19,51 â 20,00 935,00 9,66 âŹ20,01 â 20,50 928,50 10,63 âŹ20,51 â 21,00 922,00 11,59 âŹ21,01 â 21,50 915,50 12,56 âŹ21,51 â 22,00 909,00 13,52 âŹ22,01 â 22,50 902,50 14,49 âŹ22,51 â 23,00 896,00 15,46 âŹ23,01 â 23,50 889,50 16,42 âŹ23,51 â 24,00 883,00 17,39 âŹ24,01 â 24,50 876,50 18,35 âŹ24,51 â 25,00 870,00 19,32 âŹ25,01 â 25,50 863,50 20,00 âŹ25,51 â 26,00 857,00 20,67 âŹ26,01 â 26,50 850,50 21,35 âŹ26,51 â 27,00 844,00 22,02 âŹ27,01 â 27,50 837,50 22,70 âŹ27,51 â 28,00 831,00 23,38 âŹ28,01 â 28,50 824,50 24,05 âŹ28,51 â 29,00 818,00 24,73 âŹ29,01 â 29,50 811,50 25,41 âŹ29,51 â 30,00 805,00 26,08 âŹ30,01 â 30,50 798,00 26,76 âŹ30,51 â 31,00 791,00 27,43 âŹ31,01 â 31,50 784,00 28,11 âŹ31,51 â 32,00 777,00 28,79 âŹ32,01 â 32,50 770,00 29,46 âŹ32,51 â 33,00 763,00 30,14 âŹ33,01 â 33,50 756,00 30,82 âŹ33,51 â 34,00 749,00 31,49 âŹ34,01 â 34,50 742,00 32,55 âŹ34,51 â 35,00 735,00 33,62 âŹ35,01 â 35,50 727,50 34,68 âŹ35,51 â 36,00 720,00 35,74 âŹ36,01 â 36,50 712,50 36,80 âŹ36,51 â 37,00 705,00 37,87 âŹ37,01 â 37,50 697,50 38,93 âŹ37,51 â 38,00 690,00 39,99 âŹ38,00 â 38,50 682,50 41,06 âŹ38,51 â 39,00 675,00 42,12 âŹ39,01 â 39,50 667,50 43,18 âŹ39,51 â 40,00 660,00 44,24 âŹ
Sous les feux de lâactualitĂ©, les sources dâĂ©nergie renouvelables EnR ne sont pas toutes Ă©gales. Bien quâoccupant la premiĂšre place dans le bilan Ă©nergĂ©tique mondial, la biomasse nâest pas la plus Ă©tudiĂ©e. Ce qui suit est donc dâune grande importance pour qui veut comprendre ce que sont les sources dâĂ©nergie biosourcĂ©es, ou bioĂ©nergies, et quels en sont les dĂ©veloppements possibles. La transition Ă©cologique qui sâimpose aujourdâhui Ă toutes les sociĂ©tĂ©s, surtout industrialisĂ©es, nĂ©cessite un recours croissant aux sources dâĂ©nergie renouvelables EnR. Parmi elles, aux cĂŽtĂ©s des nouvelles techniques pour produire de lâĂ©lectricitĂ©, la biomasse, historiquement utilisĂ©e depuis les dĂ©buts de lâhumanitĂ©, occupe une place majeure. Mais quâest-ce que la biomasse ? Issue principalement de lâagriculture, de lâĂ©levage, des forĂȘts et de la mer, elle est relativement mĂ©connue sous cette appellatio gĂ©nĂ©rique car chacun de ces domaines procure des ressources finales trĂšs diffĂ©rentes les unes des autres, des produits alimentaires aux matĂ©riaux les plus variĂ©s et aux sources dâĂ©nergie utilisĂ©es pour lâĂ©clairage, la cuisson, et surtout les combustibles destinĂ©s au chauffage. Pour bien comprendre la place prise et Ă prendre par les produits de la biomasse dans un bilan Ă©nergĂ©tique Lire Le bilan Ă©nergĂ©tique, il est indispensable de remonter Ă la dĂ©finition de la biomasse, Ă ses propriĂ©tĂ©s Ă©nergĂ©tiques, Ă son cycle de valorisation et aux diverses formes de sa contribution Ă la satisfaction des besoins Ă©nergĂ©tiques Lire Les besoins dâĂ©nergie. 1. Quâest-ce que la biomasse ? La biomasse, au cĆur du monde vivant, donc substrat essentiel de la biosphĂšre, est produite par les ĂȘtres que sont les plantes, les animaux, les insectes et les micro-organismes, principalement au cours de leur croissance. Elle a pour caractĂ©ristique fondamentale dĂȘtre constituĂ©e de matiĂšre organique, vĂ©gĂ©tale ou animale, ou tout au moins dâorigine vĂ©gĂ©tale ou animale comme le sont les sĂ©diments fossiles aujourdâhui inertes hydrocarbures, ou nâĂ©tant plus vivants mais cependant habitĂ©s par des micro-organismes actifs, ce qui caractĂ©rise les rĂ©sidus, dĂ©chets, et autres matiĂšres fermentescibles qui, sous lâaction de certaines bactĂ©ries, sont alors dĂ©nommĂ©es biodĂ©gradables[1]. La caractĂ©ristique chimique essentielle de la biomasse est dâĂȘtre construite Ă partir de molĂ©cules carbonĂ©es, structurĂ©es selon dâinnombrables formules, presque toujours de type polymĂšres, appartenant Ă des familles trĂšs connues de la chimie organique polysaccharides, ou lipides, par exemple. Dans ces assemblages de composants se trouvent gĂ©nĂ©ralement incorporĂ©s en faible quantitĂ© des Ă©lĂ©ments minĂ©raux, quâon retrouve notamment dans les cendres des produits brĂ»lĂ©s. DĂ©finition lĂ©gale Depuis les assises du Grenelle de lâenvironnement septembre-novembre 2007 et la loi de programmation n°2009- 967, la biomasse est dĂ©finie lĂ©galement en France comme la fraction biodĂ©gradable des produits, dĂ©chets, et rĂ©sidus provenant de lâagriculture, y compris les substances vĂ©gĂ©tales et animales issues de la terre et de la mer, de la sylviculture et des industries connexes, ainsi que la fraction biodĂ©gradable des dĂ©chets industriels et mĂ©nagers » Figure 1. Cette dĂ©finition a Ă©tĂ© inspirĂ©e par celle prĂ©cĂ©demment retenue de la Directive 2001-77-CE du Parlement europĂ©en et entĂ©rinĂ©e par le Conseil du 27 septembre 2001, en vue de prĂ©ciser la nature des sources dâĂ©nergie renouvelables destinĂ©es Ă la production de lâĂ©lectricitĂ©. Il sâagit donc dâun rĂ©fĂ©rentiel de la rĂ©glementation intĂ©rieure europĂ©enne. Pour que la ressource biomasse » soit caractĂ©risĂ©e matiĂšre renouvelable, on suppose que la plante repousse aprĂšs avoir Ă©tĂ© prĂ©levĂ©e », ce qui implique que son stock soit gĂ©rĂ© de façon durable sans dĂ©croĂźtre avec le temps, sa quantitĂ© de carbone incorporĂ©e demeurant ainsi stable. Les ressources constitutives de la biomasse Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les ressources de la biomasse accessibles sur notre planĂšte, issues de grands domaines de production, peuvent ĂȘtre classĂ©es de la maniĂšre suivante les produits issus de lâagriculture blĂ©, maĂŻs, pommes de terre, betterave, canne Ă sucre, colza, tournesol, soja, palme et autres et de lâĂ©levage graisses notamment, tous dĂ©diĂ©s initialement du moins Ă lâalimentation humaine ou animale auxquels sâajoutent des plantes dĂ©diĂ©es Ă la culture Ă©nergĂ©tique, comme le miscanthus gĂ©ant pour le bioĂ©thanol, le switchgrass ou le colza pour le biodiesel ; les co-produits et rĂ©sidus de lâagriculture et de lâĂ©levage pailles, pulpes, drĂšches, tourteaux, fumier de bovins, lisier de porcs, fientes de volailles ; les ressources halieutiques produits animaux de la mer et des zones humides et leurs dĂ©chets, algues et microalgues, ces derniĂšres promises Ă un grand avenir car trĂšs riches en Ă©nergie ; le bois des forĂȘts qui fournit en majeure partie les ressources de bois-Ă©nergie, utilisĂ©es pour la cuisson des aliments, le chauffage des logements et des collectivitĂ©s que complĂštent aussi les plantations dâarbres Ă vocation Ă©nergĂ©tique, comme le peuplier, le pin, lâeucalyptus ou les taillis Ă courte rotation TCR, soit quelques annĂ©es, en saule notamment ; les dĂ©chets naturels du bois et de la sylviculture plaquettes, sciure ainsi que ceux des industries du bois de construction copeaux, sciure et du bois dâemballage cagettes, palettes, tonnellerie, Ă lâexception de ceux traitĂ©s par des produits chimiques toxiques ; les dĂ©chets issus des industries agro-alimentaires, des habitations et des collectivitĂ©s urbaines, souvent humides ou mĂȘme liquides, parmi lesquels les boues des eaux usĂ©es, les ordures mĂ©nagĂšres et rĂ©sidus organiques des dĂ©chetteries, les rĂ©sidus de la distribution et des cafĂ©s-restaurants ou ceux des espaces verts. 2. Contribution de la biomasse Ă lâapprovisionnement en Ă©nergie La biomasse a Ă©tĂ© utilisĂ©e par les animaux et par les hommes depuis les dĂ©buts de leur prĂ©sence sur terre, pour satisfaire trois grands besoins fondamentaux nourriture, matĂ©riaux, et Ă©nergie, sous diverses formes Lire Consommation mondiale dâĂ©nergie avant lâĂšre industrielle. Des ressources primaires aux ressources utiles Les ressources sont des produits de la nature, mais ils sont rarement consommables directement les aliments doivent ĂȘtre Ă©pluchĂ©s, broyĂ©s, cuits ; les sources dâĂ©nergie captĂ©es et transformĂ©es par des convertisseurs tels que les meules de charbon de bois ou les moulins Ă eau ou Ă vent ; les matĂ©riaux bois, laine ou cuir travaillĂ©s Ă lâaide dâoutils. Ces successions de transformation Figure 2 forment des filiĂšres qui vont des ressources primaires, naturellement accessibles, extraites ou cultivĂ©es rayonnement solaire, vent, Ă©nergie hydraulique, gĂ©othermie, Ă©nergie nuclĂ©aire, et Ă©nergie chimique contenue dans les vĂ©gĂ©taux et animaux ; aux produits finaux bĂ»ches, pellets, boues, gaz, carburants, Ă©lectricitĂ© eux mĂȘme transformĂ©s en sources dâĂ©nergie utile dĂ©ployĂ©e pour tous usages biologiques mĂ©tabolisme, mĂ©caniques force motrice des machines, des vĂ©hicules, thermiques et chimiques. Ces transformations sâopĂšrent avec des rendements trĂšs variables selon la nature de la ressource, selon son taux dâhumiditĂ©, sa densitĂ© Ă©nergĂ©tique et selon les procĂ©dĂ©s de transformation mis en Ćuvre, mais Ă©videmment avec un rendement de consommation toujours infĂ©rieurs Ă 1 = 100%. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la valorisation de la biomasse consiste donc Ă transformer des ressources primaires en vue dâobtenir les produits finaux correspondant aux divers besoins matĂ©riels des consommateurs nourriture, matĂ©riaux, et Ă©nergie, au sein de diffĂ©rentes filiĂšres. Dans le cas de la biomasse-Ă©nergie, lâĂ©nergie est Ă©changĂ©e sous de multiples formes, dans son flux de production et en interaction avec son environnement. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la valorisation de la biomasse consiste donc Ă transformer des ressources primaires en vue dâobtenir les produits finaux correspondant aux divers besoins matĂ©riels des consommateurs nourriture, matĂ©riaux, et Ă©nergie, au sein de diffĂ©rentes filiĂšres. Dans le cas de la biomasse-Ă©nergie, lâĂ©nergie est Ă©changĂ©e sous de multiples formes, dans son flux de production et en interaction avec son environnement. Lire La consommation mondiale dâĂ©nergie 1800-2000 dĂ©finitions et mesures, sources, rĂ©sultats. Place de la biomasse parmi les ressources Ă©nergĂ©tiques primaires Tant au niveau mondial quâĂ celui de la plupart des pays, surtout peu industrialisĂ©s, la biomasse reste de trĂšs loin la premiĂšre source dâĂ©nergie renouvelable dans la consommation des sources primaires dâĂ©nergie Figure 3. Hors nourriture, non considĂ©rĂ©e comme produit Ă©nergĂ©tique, elle reprĂ©sente environ 10% de toutes les sources primaires, derriĂšre le pĂ©trole, le charbon et le gaz naturel mais devant le nuclĂ©aire, lâhydroĂ©lectricitĂ© et les autres sources renouvelables. Cette part peut cependant varier considĂ©rablement dâune rĂ©gion du globe Ă lâautre, en raison des diffĂ©rences de situations gĂ©ographiques, de ressources naturelles et surtout de niveaux de dĂ©veloppement Tableau 1. Tableau 1 Biomasse en % de la consommation dâĂ©nergie primaire de diverses rĂ©gions du monde Monde 10,4 Chine 7,1 Pays membres de lâOCDE 5,7 Inde 23,5 Japon 2,5 BrĂ©sil 27,7 Etats-Unis 4,7 Afrique 47,6 Europe 8,2 Afrique sub-saharienne 61,0 Pays non membres de lâOCDE 13,9 Afrique de lâOuest 74,6 Moyen-Orient 0,1 Afrique du Centre 78,4 Russie 1,1 Afrique de lâEst 84,8 Source IEA, World Energy Outlook 2016 et Africa Energy Outlook 2014. Par rapport aux seules sources renouvelables, la part de la biomasse est presque toujours prĂ©dominante comme dans le cas de la France Figure 4. Comme lâensemble des sources dâĂ©nergie renouvelable qui proviennent Ă 98% du soleil, la biomasse-Ă©nergie provient du rayonnement solaire. La quasi-totalitĂ© des Ă©nergies renouvelables est dĂ©carbonĂ©e il sâagit de la chaleur absorbĂ©e par la terre, les ocĂ©ans, et la biosphĂšre, de lâĂ©nergie utilisable indirectement sous forme hydroĂ©lectrique, Ă©olienne, ou marine, et de celle quâon peut directement utiliser dans des capteurs solaires, thermiques sous forme de chaleur, ou photovoltaĂŻques sous forme dâĂ©lectricitĂ© Lire Ănergie solaire les bases thĂ©oriques pour la comprendre. Une autre part est carbonĂ©e. Il sâagit de la part de lâĂ©nergie solaire absorbĂ©e par la biomasse, y compris maritime, et transformĂ©e sous la forme dâune Ă©nergie chimique stockĂ©e. Elle rĂ©side surtout dans les plantes, ainsi que dans les ĂȘtres vivants, marins, vĂ©gĂ©taux et animaux, principalement dans les algues et le plancton. On la trouve en abondance dans le bois, dans les arbustes, les taillis ou lâherbe Lire PhotosynthĂšse et biomasse. Source dâĂ©nergie traditionnelle depuis les dĂ©buts de lâhumanitĂ©, cette biomasse-Ă©nergie est aujourdâhui massivement consommĂ©e dans les pays du sud Afrique, Asie, pour satisfaire les besoins domestiques de cuisson des aliments et de chauffage des habitations. Le charbon de bois y est notamment encore trĂšs utilisĂ©. Mais des pays avancĂ©s lâutilisent aussi en raison de son abondance naturelle bois des forĂȘts du Canada, ou en plantant des forĂȘts pins, eucalyptus, palmiers Ă huile, ou par lâexploitation de cultures comme celles de la canne Ă sucre, source importante de carburant au BrĂ©sil. Les ressources de la biomasse sources dâĂ©nergie Les ressources de la biomasse peuvent toutes devenir des sources dâĂ©nergie. TrĂšs diversifiĂ©es, la quasi-totalitĂ© dâentre elles peuvent en effet se muer en combustibles, y compris les matiĂšres organiques humides telles que tissus des plantes et animaux abattus, dĂ©jections et eaux usĂ©es, mais parmi toutes ces ressources, câest la matiĂšre sĂšche qui compte le plus. a/ En premier lieu, on trouve tous les usages Ă©nergĂ©tiques directs, sous forme de combustibles bois de chauffage bĂ»ches et rĂ©sidus naturels des forĂȘts, des taillis et des cultures tels que plaquettes forestiĂšres, paille, drĂšches dâorge, rafles de raisin et de maĂŻs, pulpes de betteraves, coques de tournesol et autres. Il nâest cependant pas souhaitable de brĂ»ler les rĂ©sidus agricoles, riches en matiĂšres organiques, notamment en protĂ©ine. b/ On dispose aussi des produits combustibles dĂ©rivĂ©s du bois, ayant donc subi des transformations artisanales ou industrielles charbon de bois, pellets, sciures, y compris pour les productions de chaleur urbaine, lâĂ©lectro-gĂ©nĂ©ration. Leur valeur Ă©conomique est certaine. c/ Il existe par ailleurs des plantations de vĂ©gĂ©taux non alimentaires destinĂ©s Ă la production dâĂ©nergie chaleur, Ă©lectricitĂ©, ou Ă©ventuellement Ă la production de biogaz. On les appelle des cultures Ă©nergĂ©tiques dĂ©diĂ©es. Il sâagit gĂ©nĂ©ralement de plantes Ă croissance rapide Ă saules, pins, eucalyptus, miscanthus, switchgrass, sorgho. Ces cultures ne sont encore pas trĂšs dĂ©veloppĂ©es, leur intĂ©rĂȘt Ă©conomique nâĂ©tant pas toujours dĂ©montrĂ© Ă des fins Ă©nergĂ©tiques bien quâil puisse lâĂȘtre pour des productions de matiĂšre comme la pĂąte Ă papier. d/ Les cultures alimentaires, dont on connaĂźt la trĂšs grande diversitĂ©, sont toutes des ressources potentiellement aptes Ă devenir des marchandises Ă©nergĂ©tiques. Les aliments sont par nature des produits Ă vocation Ă©nergĂ©tique indispensables Ă la survie et aux activitĂ©s physiques et intellectuelles de tous les ĂȘtres vivants, humains, animaux, et vĂ©gĂ©taux. La plupart des produits de culture que lâon trouve dans lâagro-industrie peuvent donc ĂȘtre transformĂ©s en produits Ă©nergĂ©tiques, carburants principalement amidon des cĂ©rĂ©ales en bio-Ă©thanol, sucre de la betterave ou de la canne Ă sucre Ă©galement en bio-Ă©thanol, huile des olĂ©agineux tournesol, colza, soja en biodiesel. On peut aussi cultiver du maĂŻs et dâautres plantes, notamment exotiques, en vue de fabriquer du biogaz, par mĂ©thanisation. Ce gaz peut ĂȘtre consommĂ© dans lâindustrie, distribuĂ© dans des rĂ©seaux ou utilisĂ© comme carburant dans des vĂ©hicules. Ces transformations Ă©nergĂ©tiques de produits alimentaires sont aujourdâhui trĂšs dĂ©veloppĂ©es dans certains pays comme les Ătats-Unis maĂŻs, lâAllemagne maĂŻs, ou le BrĂ©sil canne Ă sucre, mais contestĂ©es dans la mesure oĂč leur culture perturbe Ă©conomiquement les marchĂ©s dont les cours peuvent ĂȘtre faussĂ©s et risque de crĂ©er des pĂ©nuries de nourriture. e/ Ă vocation ni Ă©nergĂ©tique ni alimentaire, certaines cultures produisent des matiĂšres et des matĂ©riaux utilitaires sous dâinnombrables formes plantes Ă fibres comme le coton, le lin, le chanvre, plantes dĂ©diĂ©es hĂ©vĂ©a, pour le caoutchouc, plantes mĂ©dicinales, plantes Ă parfum, et mĂȘme plantes a priori alimentaires comme les pommes de terre, mais utilisĂ©es pour des productions de polymĂšres trĂšs divers, notamment pour la fabrication des matiĂšres plastiques et de multiples produits de chimie fine cosmĂ©tiques, solvants, adjuvants, dĂ©tergents, adhĂ©sifs, isolants, colorants et peintures. Les produits de ces cultures ne sont gĂ©nĂ©ralement pas utilisĂ©s Ă des fins Ă©nergĂ©tiques. f/ Les dĂ©chets de toutes sortes, sont, en revanche, de plus en plus transformĂ©s en matiĂšres Ă©nergĂ©tiques, notamment en vue de produire du biogaz, par fermentation mĂ©thanisation ou par mĂ©thanation. g/ Restent les algues qui sont dâabord un aliment pour de nombreuses populations dâAsie et utilisĂ©es assez abondamment dans le monde occidental spiruline, par exemple, surtout comme ingrĂ©dient pour des usages pharmaceutiques et cosmĂ©tiques. Les micro-algues, aujourdâhui objet de nombreuses Ă©tudes et expĂ©rimentations, notamment par des techniques dâaquaculture, sont connues pour leurs propriĂ©tĂ©s Ă©nergĂ©tiques remarquables, dues Ă leur contenu trĂšs Ă©levĂ© en matiĂšres olĂ©agineuses. On les considĂšre pour cette raison comme une source potentielle importante de biocarburants biodiesel, mais seulement dans les 15 ou 20 annĂ©es Ă venir Figure 5. 3. PropriĂ©tĂ©s Ă©nergĂ©tiques de la biomasse DâoĂč provient lâĂ©nergie contenue dans la biomasse ? Elle a pour origine la photosynthĂšse, mais elle dĂ©pend ensuite du contenu Ă©nergĂ©tique des diverses ressources de la biomasse, lui-mĂȘme produit des rendements de transformation. PhotosynthĂšse GrĂące aux pigments de la chlorophylle, les vĂ©gĂ©taux Ă©laborent leur biomasse sous lâeffet de la photosynthĂšse, processus dans lequel des molĂ©cules organiques glucides, notamment le glucose, monomĂšre du sucre sont Ă©laborĂ©es sous lâaction du rayonnement solaire, par absorption de gaz carbonique de lâatmosphĂšre et rĂ©action sur des molĂ©cules dâeau, rejetant en mĂȘme temps de lâoxygĂšne dans lâatmosphĂšre. Ănergie lumineuse + 6 CO2 + 6 H2O Ă C6H12O6 + 6 O2 Cette Ă©nergie dâorigine solaire est ainsi convertie et stockĂ©e, en partie, sous forme dâĂ©nergie chimique, constituant une rĂ©serve utile pour lâaccomplissement des fonctions vitales de la plante, dont sa nutrition et sa respiration. Celle-ci sâexerce en lâabsence de lumiĂšre, la nuit, en consommant de lâoxygĂšne et rejetant du gaz carbonique, dans une rĂ©action de combustion analogue Ă celle de la respiration des animaux et des hommes, qui restitue de la chaleur Lire PhotosynthĂšse et biomasse. Ce cycle complet photosynthĂšse / respiration combustion est neutre du point de vue carbone, le CO2 rejetĂ© dans lâatmosphĂšre au cours de la combustion y ayant Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment absorbĂ© par la plante, dans la photosynthĂšse. Contrairement Ă ce qui se passe dans la combustion des combustibles fossiles, sur une durĂ©e permettant aux vĂ©gĂ©taux de se rĂ©gĂ©nĂ©rer, il nây a pas donc dâĂ©mission de CO2 dans lâutilisation du bois-Ă©nergie. Selon les espĂšces de plantes considĂ©rĂ©es, la photosynthĂšse Ă©labore diverses molĂ©cules importantes dans le stockage Ă©nergĂ©tique de la plante, notamment le saccharose sucre polymĂšre du glucose, lâamidon polymĂšre encore plus complexe, prĂ©sent surtout dans les cĂ©rĂ©ales, le glycĂ©rol prĂ©sent dans les olĂ©agineux et riche en Ă©nergie et surtout la cellulose, composante majeure du bois et des plantes herbacĂ©es, riches aussi en fibres coton. Dans le bois, cette molĂ©cule est associĂ©e Ă des hĂ©mi-celluloses et Ă de la lignine. Les algues et microalgues absorbent et stockent aussi par photosynthĂšse des quantitĂ©s considĂ©rables de carbone, les ocĂ©ans occupant environ 70 % de la surface de notre planĂšte. Sur le plan quantitatif et Ă lâĂ©chelle planĂ©taire, les rĂ©actions de photosynthĂšse absorbent annuellement au moins 100 milliards de tonnes Gt de carbone, stockant ainsi environ 100 milliards de tonnes dâĂ©quivalent pĂ©trole Gtep dâĂ©nergie dont 59 pour la vĂ©gĂ©tation terrestre, ce qui correspond Ă 8 fois la consommation mondiale dâĂ©nergie, de lâordre de 12 Gtep[2]. LâĂ©nergie solaire diffusĂ©e sur la terre ocĂ©ans compris est gigantesque en moyenne environ 0,3 kW par m2, ce qui correspond Ă 3000 kW par hectare ou 300 000 kW par km2. Mais une trĂšs faible partie de cette Ă©nergie est en fait transformĂ©e par photosynthĂšse, soit moins de 1/1000e de la quantitĂ© reçue, en raison de lâeffet de nombreux facteurs physiques pertes thermiques et liĂ©es au spectre lumineux notamment, chimiques rĂ©actions auxiliaires, environnementales tempĂ©rature, prĂ©sence dâeau, dispersion et orientation des plantes et des feuilles, entre autres. Bien que, dans les conditions les plus favorables, lâĂ©nergie rĂ©cupĂ©rĂ©e par photosynthĂšse puisse atteindre 5 Ă 6 % de lâĂ©nergie captĂ©e, elle reprĂ©sente en dĂ©finitive, et en moyenne, nettement moins de 1%. Ă titre de comparaison, les cellules photovoltaĂŻques offrent des rendements pouvant atteindre environ 20 %. La biomasse est donc une source dâĂ©nergie trĂšs abondante mais extrĂȘmement diffuse ! Rendement matiĂšre des plantes et contenu Ă©nergĂ©tique Pour comprendre le rendement Ă©nergĂ©tique de la biomasse, il faut dâabord sâinterroger sur les quantitĂ©s de matiĂšre vĂ©gĂ©tale produites par les plantes dans lâespace et dans le temps, donc Ă leur rendement matiĂšre. Cette quantitĂ© dĂ©pend fortement de la nature du vĂ©gĂ©tal, mais tout autant du climat, de la disponibilitĂ© de lâeau et des nutriments, ainsi que des modes de culture, voire de prĂ©dation. La production brute Pb de biomasse, dans lâagriculture, est Ă©valuĂ©e en kilogrammes ou en tonnes par hectare et par an. La production naturelle de biomasse est trĂšs variable selon les rĂ©gions et les climats. Elle peut atteindre jusquâĂ 20 tonnes/hectare t/ha dans les rĂ©gions tropicales. Pour produire du bioĂ©thanol, sur un hectare et par an, on peut obtenir les quantitĂ©s de matiĂšre brute rĂ©coltĂ©es suivantes[3] BlĂ© 7,5 tonnes, soit 4,2 t dâamidon, puis 26 hectolitre hl dâĂ©thanol MaĂŻs 10 tonnes, soit 6,3 t dâamidon, puis 40 hl dâĂ©thanol Betterave 96 t soit 16 t de sucre, puis 96 hl dâĂ©thanol Canne Ă sucre 90 Ă 110 t, soit 80 Ă 100 t de sucre, puis 90 hl dâĂ©thanol. Mais lâeau occupant une part importante, voire trĂšs importante, de la masse vĂ©gĂ©tale, aussi bien dans les champs et les prairies que dans les forĂȘts, et encore bien plus dans les algues, il est nĂ©cessaire de prĂ©ciser si lâon parle de biomasse naturelle contenant son eau, ou de matiĂšre sĂšche. Cette distinction concerne surtout le bois, qui, coupĂ© fraĂźchement, peut contenir plus de 50 % dâeau. Mais pour bien brĂ»ler il doit en contenir moins de 20 %. Le contenu Ă©nergĂ©tique des combustibles est mesurĂ© par leur pouvoir calorifique, dit supĂ©rieur [PCS] lorsquâil inclut lâĂ©nergie nĂ©cessaire Ă la vaporisation de lâeau, incontournable au cours de la combustion, et dit infĂ©rieur [PCI] aprĂšs dĂ©duction de cette chaleur latente. Sur ces bases, une tonne de matiĂšre sĂšche a un contenu Ă©nergĂ©tique moyen de 0,45 tep. Une production vĂ©gĂ©tale de 10t/ha/an correspond donc Ă 4,5 tep ; il sâagit lĂ dâune production dĂ©jĂ relativement Ă©levĂ©e. Une tonne de bois dâhumiditĂ© relative Ă 25 % contient en effet 0,33 tep, ce qui Ă©quivaut tout de mĂȘme Ă 3 833 kWh. A titre de comparaison, une tonne de carburant fossile, essence, fuel domestique, ou gaz naturel, contient de 1 Ă 1,12 tep, donc au moins 3 fois plus dâĂ©nergie Lire Les unitĂ©s dâĂ©nergie. Rendement Ă©nergĂ©tique La notion de rendement Ă©nergĂ©tique est un concept gĂ©nĂ©ral, utilisĂ© lors des transformations dâune Ă©nergie en une autre forme dâĂ©nergie dans une machine, un corps vivant, un processus de production de combustible ou de carburant. Lorsque la fabrication dâun combustible ou dâun carburant, bio ou pas, nĂ©cessite la consommation dâune Ă©nergie extĂ©rieure processus allo-thermique, son rendement est gĂ©nĂ©ralement infĂ©rieur Ă celui obtenu dans le cas contraire. Mais il faut aussi tenir compte de la nature, renouvelable ou non, de cette Ă©nergie extĂ©rieure. Les professionnels de lâĂ©nergie appellent ainsi Indice Ă©nergĂ©tique Ie le rapport entre lâĂ©nergie restituĂ©e sous forme de produit final carburant et celle de lâĂ©nergie fossile consommĂ©e. Lorsque lâon dispose de vĂ©gĂ©tal destinĂ© Ă produire de lâĂ©nergie, on sait Ă©valuer la quantitĂ© dâĂ©nergie par hectare quâil contient. On connaĂźt ainsi la production brute dâĂ©nergie Pb accessible. Elle est calculĂ©e en tep/ha/an. Mais la culture des vĂ©gĂ©taux travail des sols, production des engrais, leur rĂ©colte usages des tracteurs, des machines et surtout les transformations permettant de passer de la ressource primaire au produit final combustibles solides, chaleur, biogaz ou carburants nĂ©cessitent de consommer beaucoup dâĂ©nergie, aujourdâhui fossile, selon une quantitĂ© EF. La valeur Ă©nergĂ©tique du produit final en est dâautant rĂ©duite. Celle-ci est Ă©valuĂ©e aussi en tep/ha/an, la production nette Pn = Pb â EF tep/ha/an peut alors ĂȘtre calculĂ©e. Cette fabrication, aprĂšs rĂ©colte, introduit donc des pertes de rendement, dĂ©pendant notamment des procĂ©dĂ©s mis en Ćuvre. Il en est ainsi, par exemple, de la fabrication biologique de biogaz par mĂ©thanisation, ou fabrication thermochimique de gaz de synthĂšse. On peut alors dĂ©finir un rendement Ă©nergĂ©tique RE = Pn / Pb de ce vĂ©gĂ©tal, exprimĂ© en %. Dâun point de vue Ă©conomique, le calcul du rendement Ă©nergĂ©tique, donc le calcul des coĂ»ts, pourrait aussi prendre en compte la valorisation, ou non, des coproduits issus de lâĂ©laboration du produit final, co-produits tels que tourteaux, drĂšches et pulpes de betterave. Dâune maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, cette mĂ©thode de calcul inspirĂ©e de lâanalyse du cycle de vie ACV donne des rĂ©sultats assez variables, principalement en raison de la prise en compte de la qualitĂ© renouvelable ou non des Ă©nergies grises utilisĂ©es. Du coup, elle peut produire des rĂ©sultats contestĂ©s 42 % en France, 10 % aux Ătats-Unis pour de lâĂ©thanol issu de blĂ©, de maĂŻs, ou de betterave, donc aprĂšs transformation de la molĂ©cule amidon, sucre en biocarburant. On considĂšre cependant quâen moyenne la valorisation Ă©nergĂ©tique sous forme dâĂ©thanol de ces cĂ©rĂ©ales conduit Ă obtenir un rendement Ă©nergĂ©tique de 40 %, lâusage des Ă©nergies non renouvelables absorbant donc 60 % de la ressource primaire. 4. Valorisation de la biomasse Les transformations opĂ©rĂ©es en vue de la valorisation de la biomasse apportent une valeur Ă©conomique aux ressources traitĂ©es, mais nĂ©cessitent des consommations de matiĂšre eau, intrants et dâĂ©nergie, donc absorbent dâautres ressources utilitaires, qui ont un coĂ»t et des incidences environnementales. Elles sâexercent par ailleurs presque toujours en plusieurs Ă©tapes au cours desquelles la matiĂšre est soit construite soit dĂ©construite. Construction et dĂ©construction de la matiĂšre Cycle en M » ConcrĂštement, on peut illustrer symboliquement et temporellement ce processus par un Cycle en M » dans lequel quatre phases principales se dĂ©roulent successivement, au sein dâun diagramme Temps/entropie » reprĂ©sentatif de lâordre et du dĂ©sordre » de la matiĂšre Figure 6 une phase de croissance du vĂ©gĂ©tal, naturelle sauvage ou cultivĂ©e agriculture au cours de laquelle la plante se construit et se diffĂ©rencie son ordre y croĂźt, donc son entropie y diminue ; une phase de dĂ©construction sciage du bois, trituration de bulbes, mouture de grains, Ă©laboration de pĂąte Ă papier ou hydrolyse, par exemple au cours de laquelle son ordre dĂ©croit donc son entropie augmente ; elle fournit alors de la matiĂšre dâĆuvre telle que bois, matĂ©riau farine ou glucose ; une phase de construction du produit final tel que meuble, pain, papier ou biocarburant ; une phase de consommation destruction, dans laquelle la matiĂšre du produit est gĂ©nĂ©ralement dĂ©composĂ©e nourriture ou combustion dâun carburant, par exemple, donc Ă nouveau dĂ©construite. La premiĂšre Ă©tape du M » Ă©tant celle de la crĂ©ation de la ressource croissance du vĂ©gĂ©tal, et la derniĂšre celle de sa consommation, les Ă©tapes 2 et 3 de la valorisation correspondent successivement Ă une premiĂšre puis une seconde transformation. Pour fabriquer des pellets de bois, on dĂ©construit dâabord les troncs dâarbres par sciage, broyage puis sĂ©chage, et on construit ensuite les granulĂ©s par moulage Ă haute pression, sans colle ni liant. De mĂȘme, le bioĂ©thanol est fabriquĂ© par broyage et extraction du glucose des betteraves ou de la canne Ă sucre, suivis dâune fermentation et dâune distillation. Toutes ces opĂ©rations engendrant des rĂ©sidus ou dĂ©chets, lesquels retournent tĂŽt ou tard dans la nature ou sont rĂ©cupĂ©rĂ©s et retraitĂ©s, le M ci-dessus, rebouclĂ©, est donc topologiquement un cycle. La rĂ©cupĂ©ration des dĂ©chets reprĂ©sente par elle-mĂȘme un vaste secteur Ă©conomique, dotĂ© de nombreuses filiĂšres. Elle sâinscrit dans le cadre de lâĂ©conomie circulaire, inscrite dans la loi sur la transition Ă©nergĂ©tique, mais aussi dâun principe nouveau de la valorisation de la biomasse celui des transformations en cascade Figure 7. Dans ce concept important, les rĂ©sidus ne sont pas considĂ©rĂ©s comme des dĂ©chets mais comme de nouvelles matiĂšres dâĆuvre appelĂ©es co-produits, valorisables, dont les transformations crĂ©eront des rĂ©sidus eux mĂȘme susceptibles de devenir valorisables. Par ailleurs, en fin de cascade, les vrais dĂ©chets, considĂ©rĂ©s techniquement comme tels, conservent une valeur Ă©conomique parce quâils contiennent gĂ©nĂ©ralement encore de lâĂ©nergie noyaux dâolives brĂ»lĂ©s dans des chaudiĂšres dâusine, par exemple. LâĂ©conomie circulaire est ainsi appelĂ©e Ă jouer un rĂŽle particuliĂšrement important dans la gestion de lâĂ©nergie dâune rĂ©gion ou dâun pays. FiliĂšres de valorisation et systĂšme de production biosourcĂ©e Dâun point de vue Ă©conomique, les transformations de construction-dĂ©construction sâopĂšrent au sein de filiĂšres dans lesquelles divers acteurs crĂ©ent ou entretiennent la ressource primaire agriculteurs, sylviculteurs, produisent les agro-ressources industriels, cultivent ou rĂ©coltent les produits de la mer pĂȘcheurs, aquaculteurs, puis Ă©laborent les produits finaux industriels en tous genres. Dans les siĂšcles passĂ©s, ces filiĂšres dites traditionnelles Ă©taient par nature monoflux » parce quâorganisĂ©es autour dâun flux principal de matiĂšre reliant lâagriculteur, le sylviculteur ou le pĂȘcheur au consommateur final. Ainsi en allait-il de la production de bĂ»ches consistant simplement Ă couper les troncs des arbres, Ă les dĂ©biter puis Ă les livrer aux particuliers utilisateurs en vue de leur combustion. Mais la biologie et la chimie sont passĂ©es par lĂ , et une triple vision des vĂ©gĂ©taux a pris le pas sur leur seule perception externe celle de la ressource massive plante Ă lâĂ©tat naturel, des cellules et fibres vision histologique et celle de leurs molĂ©cules. De nouvelles propriĂ©tĂ©s porteuses dâimportants dĂ©bouchĂ©s Ă©conomiques sont apparues, permettant de multiplier les produits finaux issus dâune mĂȘme ressource. Elles ont permis de dĂ©velopper des filiĂšres arborescentes nouvelles, basĂ©es sur la chimie du vĂ©gĂ©tal et les biotechnologies Figure 8. Une mĂȘme plante, le maĂŻs par exemple, permet Ă la fois de nourrir des volailles, de fabriquer de la polenta, de produire de lâamidon pour la pharmacie ou les fabriques de papier, du biogaz, de lâalcool industriel ou du bioĂ©thanol incorporĂ© dans lâessence des voitures ! Dans ce cas, lâarborescence des transformations est descendante, sa structure basĂ©e sur une, ou Ă©ventuellement plusieurs, ressources primaires mais sur une seule molĂ©cule plateforme » prĂ©sentant une diversification molĂ©culaire vers de multiples marchĂ©s. Ă lâinverse, un fabricant de carburants peut aussi produire du biodiesel avec une multitude de vĂ©gĂ©taux olĂ©agineux tournesol, colza, palme, toutes sortes de graisses animales, ou des algues. Dans ce second cas, lâarborescence de la ou des filiĂšres aboutissant Ă ce carburant est ascendante un seul marchĂ©, mais de multiples ressources primaires. 5. Les produits Ă©nergĂ©tiques finaux et leurs usages Il existe en dĂ©finitive, dans la production dâĂ©nergies biosourcĂ©es, une pluralitĂ© de filiĂšres basĂ©es sur les ressources agricoles, forestiĂšres, marines et traitement des dĂ©chets, aboutissant Ă diverses formes de sources finales dâĂ©nergie les biocombustibles solides bois-buches, pellets, charbon de bois, les biogaz, les biocarburants et lâĂ©lectricitĂ©. Biocombustibles solides le bois-bĂ»ches et les pellets Le bois est principalement utilisĂ© Ă des fins de chauffage, domestique ou collectif, dâoĂč la dĂ©signation de bois-Ă©nergie. Nombre de ses utilisateurs brĂ»lent des bĂ»ches directement issues des coupes de troncs effectuĂ©es dans les forĂȘts. Elles proviennent dâessences variĂ©es, feuillues ou rĂ©sineuses, dont le PCI dĂ©pend de la densitĂ© de la variĂ©tĂ© et surtout du degrĂ© dâhumiditĂ© du bois utilisĂ©. Sâil est sec, son pouvoir calorifique est presque identique pour toutes les essences entre 4 et 4,5 kWh/Kg. La combustion complĂšte du bois, disposant initialement dâun pouvoir calorifique supĂ©rieur PCS, nĂ©cessite la vaporisation de lâeau quâil contient. Celle-ci absorbe une certaine chaleur latente qui diminue dâautant la quantitĂ© de chaleur utile, le pouvoir calorifique rĂ©siduel devenant pouvoir calorifique infĂ©rieur PCI. Un bois rĂ©putĂ© sec dont lâhumiditĂ© est de 20% peut ainsi perdre la moitiĂ© de sa chaleur utile sâil est vert. Le processus de combustion du combustible se dĂ©roule en plusieurs Ă©tapes. LâĂ©nergie dĂ©gagĂ©e par un appareil de chauffage rempli dâune charge de bois varie en effet en fonction du temps. Ainsi un appareil dâune puissance nominale de 20 kW, par exemple, peut atteindre sur un temps relativement court une puissance de maximale de 50 kW, pour ensuite dĂ©croĂźtre progressivement pendant quelques heures. Le rendement thermique de la combustion dĂ©pend du combustible consommĂ© mais surtout de lâappareil de chauffage utilisĂ©, câest pourquoi des dispositifs et appareils, inserts ou poĂȘles, de plus en plus performants sont proposĂ©s pour le chauffage domestique. Outre lâemploi de combustibles sous forme de bĂ»ches, les besoins de chauffage sont de plus en plus satisfaits par des matĂ©riaux issus de la premiĂšre ou de la deuxiĂšme transformation des arbres. Ce sont des combustibles dâorigine industrielle, constituĂ©s soit de rĂ©sidus, Ă©corces ou copeaux, soit de plaquettes et de granulĂ©s fabriquĂ©s en vue de leur combustion dans des Ă©quipements thermiques individuels ou collectifs tels que les chaufferies au bois. Les granulĂ©s, Ă©galement appelĂ©s pellets, sont des biocombustibles solides se prĂ©sentant sous forme de cylindres, obtenus par compactage de sciure ou de copeaux de bois Figure 9. Leur densitĂ© Ă©nergĂ©tique est Ă©levĂ©e, surtout sâils sont issus de bois rĂ©sineux. Ils sont vendus en sacs, ou en vrac. Ils sont fabriquĂ©s aujourdâhui par un nombre important de fournisseurs. Leurs principales caractĂ©ristiques sont les suivantes PCI de 4,7 Ă 5,3 kWh/kg 2 kg de pellets Ă©quivalent donc Ă 1 litre de mazout ; densitĂ© Ă©nergĂ©tique quatre fois supĂ©rieures Ă celle des plaquettes forestiĂšres ; teneur en eau et en poussiĂšre infĂ©rieure Ă 10% ; teneur en cendre infĂ©rieure Ă 5%. Il existe enfin des biocombustibles solides ligneux, qui sont des bois de rebut, tels que les rĂ©sidus dâemballage, palettes et autres supports non souillĂ©s. Ils sont issus dâateliers et dâusines de la filiĂšre bois, dâĂ©tablissements de distribution, de commerces ou dâentreprises de transports. Inutilisables Ă dâautres fins que la fourniture dâĂ©nergie, ils sont aptes Ă ĂȘtre utilisĂ©s dans des chaudiĂšres et Ă©quipements similaires. Lâutilisation domestique du bois-bĂ»che dans des cheminĂ©es, des chaudiĂšres et des poĂȘles reprĂ©sente une part trĂšs importante de la consommation de bois-Ă©nergie en France Tableau 2. Environ six millions de foyers, soit prĂšs dâun logement sur quatre, se chauffent de cette maniĂšre. Un renouvellement et une modernisation assez rapides du parc dâappareils conduit cependant ces utilisateurs Ă recourir aux pellets, ce qui amĂ©liore lâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique de leur installation. Une offre de solutions combinĂ©es bois+solaire thermique » pourrait se dĂ©velopper conjointement, pour des particuliers ou des habitants de logements collectifs neufs de taille limitĂ©e Tableau 2. Tableau 2 La biomasse Ă©nergie dans le bilan Ă©nergĂ©tique de la France en 2015 Consommation primaire CE Mtep % de CE Consommation finale CF Mtep % de CF Bois 9,8 3,9 Chauffage individuel 6,5 4,3 Mat. prem. biocarburants 3,1 1,2 Chauffage collectif 2,5 1,7 DĂ©chets menagers 1,0 0,4 Biocarburant 2,5 1,7 RĂ©sidus agr. 0,3 0,1 Biogaz 0,1 0,05 ElectricitĂ© 0,5 0,3 Total 14,2 5,6 12,1 9,05 Source. MinistĂšre Env. Energie. Chiffres-clĂ©s 2016. La production dâĂ©lectricitĂ© comprend 0,45 Mtep de biogaz et 0,5 Mtep de bois et dĂ©chets dont une partie en cogĂ©nĂ©ration. Les % sont calculĂ©s sur une consommation primaire de 253 Mtep et une consommation finale de 150 Mtep Lâemploi de chaudiĂšres dans des chaufferies collectives, fonctionnant souvent avec des plaquettes, associĂ©es Ă des rĂ©seaux de chaleur chauffage urbain, principalement est une solution nettement plus efficace en termes de rendement. Cette solution est notamment bien adaptĂ©e au chauffage des locaux publics, industriels, ou agricoles dĂ©shydratation du fourrage, chauffage de serres ou dâĂ©tables. Combustibles solides le charbon de bois Le charbon de bois est un combustible utilisĂ© Ă trĂšs grande Ă©chelle dans le monde, depuis de nombreux siĂšcles. Il prĂ©sente lâintĂ©rĂȘt dâoffrir un pouvoir calorifique Ă©levĂ© ~8 kWh/kg par rapport Ă celui du bois ~5 kWh/kg, sous une forme plus aisĂ©e Ă transporter et Ă manipuler que celle des bĂ»ches et autres branchages du bois de feu, particuliĂšrement lourd lorsquâil est encore humide. Sa fabrication traditionnelle est par ailleurs facile Ă rĂ©aliser, dans des meules implantĂ©es en pleine nature. Leur fonctionnement est basĂ© sur lâexĂ©cution dâune pyrolyse produisant un combustible riche en carbone, et laissant des cendres. On y entasse le bois puis on le recouvre dâun couvercle empĂȘchant sa combustion complĂšte dans lâair libre. On laisse cependant celui-ci pĂ©nĂ©trer partiellement en dessous ; lâopĂ©ration de fabrication dans lâenceinte met en Ćuvre successivement un sĂ©chage du bois 20° Ă 110°, une prĂ©-carbonisation 110° Ă 270 °, puis une dĂ©composition exothermique dĂ©gageant divers gaz des vapeurs et du goudron 270 ° Ă 400 °, le tout parachevĂ© par un raffinement Ă haute tempĂ©rature 400 ° Ă 500 °. BrĂ»lĂ© dans un foyer Ă rendement Ă©levĂ© 25 % pour un poĂȘle ordinaire, notamment, le charbon de bois fournit une Ă©nergie utile de 2 kWh/kg, soit ~ 3 fois plus que celle issue dâune quantitĂ© de bois 5 fois supĂ©rieure Figure 10. Ă partir dâune mĂȘme quantitĂ© de vĂ©gĂ©tal, le rendement Ă©nergĂ©tique du charbon de bois est donc environ deux fois plus faible que celui du bois, ce qui signifie quâil faut abattre deux fois plus dâarbres pour obtenir la mĂȘme quantitĂ© de chaleur. Si les forĂȘts exploitĂ©es Ă cette fin ne sont pas rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©es, la production artisanale du charbon de bois est donc Ă©conomiquement nĂ©gative et territorialement destructrice. Dans divers pays en dĂ©veloppement, notamment en Afrique, en AmĂ©rique latine, et en Asie du Sud-Est, lâusage du charbon de bois, fabriquĂ© et utilisĂ© selon ces techniques, reste cependant trĂšs rĂ©pandu, soit une consommation mondiale dâenviron 50 millions de tonnes ! La production de charbon de bois pourrait cependant ĂȘtre rĂ©alisĂ©e en milieu industriel Ă une Ă©chelle importante, avec un bon rendement et dans des conditions Ă©cologiques convenables sylviculture qui mĂ©nageraient les ressources primaires. Des techniques de torrĂ©faction existent aussi, apportant une amĂ©lioration des capacitĂ©s calorifiques des combustibles obtenus. Il nâest pas superflu enfin de mentionner, parmi les produits Ă©nergĂ©tiques solides porteurs dâavenir, les briquettes combustibles obtenues par agglomĂ©ration de rĂ©sidus vĂ©gĂ©taux, principalement agricoles. Elles peuvent en effet offrir un contenu Ă©nergĂ©tique important mais elles nĂ©cessitent lâemploi dâun liant, et ont un pouvoir calorifique moindre que celui du charbon de bois. Biogaz par mĂ©thanisation ou mĂ©thanation La production dâĂ©nergie biosourcĂ©e peut aussi sâappuyer sur la transformation de dĂ©chets de toutes sortes, vĂ©gĂ©taux, animaux et humains ordures mĂ©nagĂšres en biogaz, riche en mĂ©thane, donc en calories, dĂ©nommĂ© gaz renouvelable ou parfois gaz vert. En 2017, il ne reprĂ©sente en France quâune trĂšs faible part de la consommation de gaz 0,1 %, laquelle pourrait cependant augmenter jusquâĂ 30% en 2030. Ce gaz peut ĂȘtre obtenu dans deux types de filiĂšres par voie biologique, via une dĂ©gradation de rĂ©sidus agricoles, de dĂ©jections animales ou humaines Ă partir de micro-organismes, dans des unitĂ©s de fermentation il sâagit alors dâun processus de mĂ©thanisation ; par voie thermochimique, mettant en Ćuvre des techniques de pyro-gazĂ©ification, sâappliquant plutĂŽt aux matiĂšres lignocellulosiques du bois ou de ses rĂ©sidus ; ces transformations conduisent Ă la fabrication de composĂ©s chimiques tels que des gaz de synthĂšse, mĂ©langes dâoxyde de carbone et dâhydrogĂšne, aux dĂ©bouchĂ©s multiples ; le processus utilisĂ©, basĂ© sur une mĂ©thanation, est alors appelĂ© gazĂ©ification. La mĂ©thanisation des matiĂšres organiques, vĂ©gĂ©tales et animales La mĂ©thanisation des vĂ©gĂ©taux et des matiĂšres organiques est un phĂ©nomĂšne de fermentation biologique naturel qui sâeffectue en milieu fermĂ©, dit anaĂ©robie. Il se produit spontanĂ©ment lorsque des dĂ©chets organiques humides sont confinĂ©s, par exemple dans un sac ou un conteneur. Du biogaz, composĂ© partiellement de mĂ©thane, est ainsi créé, accompagnĂ© dâune Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature. Ce gaz Ă©tant combustible peut procurer de la chaleur, possiblement transformĂ©e en Ă©lectricitĂ© ; il peut aussi ĂȘtre transformĂ© en vue dâobtenir un gaz renouvelable injectable dans un rĂ©seau ou un biocarburant gazeux biomĂ©thane. Cette fermentation de la biomasse est effectuĂ©e dans un digesteur-mĂ©thaniseur », qui produit un mĂ©lange de mĂ©thane et de gaz carbonique, riche en Ă©nergie, ainsi quâun rĂ©sidu mixte liquide et solide le digestat. Sa phase liquide peut servir dâengrais azotĂ©, sa phase solide dâamendement agricole comme du compost Figure 11. Divers types dâinstallations de mĂ©thanisation existent, y compris de gros mĂ©thaniseurs industriels certaines grandes fermes Ă©levant des bovins traitent leurs effluents dâĂ©levage sur le site mĂȘme de leur exploitation, ces investissements Ă©tant nettement soutenus par les autoritĂ©s agricoles ; des centres de stockage de dĂ©chets dĂ©charges, tenus lĂ©galement de capter leur biogaz pour Ă©viter leur rejet sans combustion dans lâatmosphĂšre, valorisent ce gaz par combustion dans des chaudiĂšres ou mĂȘme en le transformant en biocarburant ; des sites de traitement dâeffluents ou de dĂ©chets urbains boues dâĂ©puration, le plus souvent ou industriels unitĂ©s de production agroalimentaires, usines de pĂąte Ă papier valorisent aussi cette biomasse par mĂ©thanisation Lire MĂ©thanisation du traitement des eaux usĂ©es Ă lâinjection de biogaz dans le rĂ©seau. Des centres territoriaux de mĂ©thanisation, traitant dans un digesteur central des rĂ©sidus divers dĂ©chets de tonte, dâĂ©lagage, lisier ou fumier fonctionnent aussi. Ces installations, souvent coĂ»teuses et qui soulĂšvent frĂ©quemment des problĂšmes de rentabilitĂ©, ne sont toutefois mises en Ćuvre que sur des sites de grosse capacitĂ©. Elles ne suppriment pas, par ailleurs, la nĂ©cessitĂ© de stocker environ 50% des tonnages de biomasse dans des dĂ©charges. Les installations de mĂ©thanisation utilisent en gĂ©nĂ©ral 50% dâeffluents dâĂ©levage, 25% de substrats agricoles carbonĂ©s et 25% de biodĂ©chets exogĂšnes. Les effluents dâĂ©levage sont de vraies levures de la mĂ©thanisation, mais sont peu mĂ©thanogĂšnes et doivent donc ĂȘtre complĂ©tĂ©s par des substrats carbonĂ©s. Un projet agricole de ce type coĂ»te en moyenne ~1 million dâeuros M⏠pour une puissance Ă©lectrique fournie de ~150 kW de 50 Ă 1000 kW, avec une efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique totale de 65% environ. La chaleur est en gĂ©nĂ©ral peu valorisĂ©e, sauf pour le process lui-mĂȘme et lâĂ©nergie des bĂątiments, mais les digestats produits sont rĂ©cupĂ©rĂ©s, car la phase liquide est un engrais azotĂ©, la phase solide pouvant ĂȘtre utilisĂ©e comme compost. Biogaz par mĂ©thanation ou gazĂ©ification La gazĂ©ification est une opĂ©ration relativement complexe, effectuĂ©e sur des matiĂšres carbonĂ©es minĂ©rales ou organiques charbon, hydrocarbures ou sur la biomasse, en vue de produire un biogaz appelĂ© gaz de synthĂšse, qui est combustible mais est surtout utilisĂ© pour des transformations chimiques, notamment pour produire de lâhydrogĂšne Lire La production dâhydrogĂšne » vert . Le gaz de synthĂšse est un produit trĂšs valorisable, composĂ© essentiellement dâoxyde de carbone CO et dâhydrogĂšne H2. Dans cette opĂ©ration, dite thermochimique, il sâagit de transformer la biomasse en un gaz possĂ©dant de lâĂ©nergie Ă lâaide dâun Ă©chage prĂ©alable, puis dâune phase de prĂ©paration, qui se dĂ©roule ensuite en plusieurs Ă©tapes, Ă haute tempĂ©rature. Elle donne lieu Ă une rĂ©action de pyrolyse suivie dâune combustion produisant la chaleur nĂ©cessaire pour sĂ©cher la matiĂšre dâĆuvre et permettre la gazĂ©ification des produits. Elle se dĂ©roule en milieu rĂ©ducteur on ajoute juste assez dâoxygĂšne pour apporter lâĂ©nergie nĂ©cessaire en vue dâactiver les rĂ©actions de gazĂ©ification. On peut aussi fabriquer des biocarburants avec ce gaz Figure 12 Lire Biogaz, biomĂ©thane et Power-to-Gas. Ce gaz de synthĂšse peut ĂȘtre injectĂ© sur le rĂ©seau dâun distributeur ou utilisĂ© sur place pour produire de la chaleur ou de la chaleur et de lâĂ©lectricitĂ© en co-gĂ©nĂ©ration. Les bio-carburants Les biocarburants ne datent pas dâhier. DĂšs lâantiquitĂ©, et sans doute avant, les hommes avaient dĂ©couvert le pouvoir calorifique des huiles vĂ©gĂ©tales, puisquâils utilisaient des lampes Ă huile et connaissaient les vertus Ă©nergĂ©tiques de lâalcool, appelĂ© aujourdâhui Ă©thanol. Lorsque Rudolf Diesel inventa le moteur Ă explosion, au dĂ©but du siĂšcle passĂ©, câest un dĂ©rivĂ© pĂ©trolier quâil a utilisĂ© mais le moteur Ă Ă©thanol avait aussi Ă©tĂ© inventĂ©. Ce nâest que vers la fin du 20Ăšme siĂšcle que les grands agriculteurs, devenus agro-industriels, mais aussi les pĂ©troliers, ont compris que les cĂ©rĂ©ales, la betterave sucriĂšre, les produits olĂ©agineux colza, tournesol pouvaient ĂȘtre de gros pourvoyeurs dâĂ©nergie et donc permettre la production de biocarburants Figure 13. Mais les filiĂšres automobiles ne pouvaient fournir de nouveaux moteurs 100 % verts, technologiquement diffĂ©rents de ceux fonctionnant aux hydrocarbures fossiles ; par ailleurs il nâĂ©tait pas question de dĂ©tourner massivement la production agricole des marchĂ©s alimentaires. Câest pourquoi la solution du mĂ©lange biocarburantâhydrocarbure, Ă faible proportion de biocarburant 10 % a Ă©tĂ© adoptĂ©e en Europe, contrairement au BrĂ©sil qui a optĂ© pour des moteurs fonctionnant Ă 85 % dâĂ©thanol, extrait dâune canne Ă sucre abondante et bon marchĂ©. Comme dans le domaine alimentaire, oĂč lâon trouve des filiĂšres basĂ©es les unes sur les polysaccharides amidon et sucre, les autres sur les huiles et les graisses olĂ©agineux, protĂ©agineux, deux grandes filiĂšres dominent la production des biocarburants celle de lâalcool Ă©thylique Ă©thanol, et de son dĂ©rivĂ© lâĂ©thyle tertiobutyle Ă©ther ETBE, et celle de lâĂ©ther mĂ©thylique dâhuile vĂ©gĂ©tale EMHV ou biodiesel. La premiĂšre alimente les moteurs Ă essence, la seconde les moteurs diesel. Lâusage de biocarburants est trĂšs vertueux sur le plan Ă©cologique, Ă©conomique, et stratĂ©gique, car il entraĂźne une baisse importante des rejets atmosphĂ©riques de CO2, ouvre des dĂ©bouchĂ©s aux productions agricoles excĂ©dentaires, et contribue Ă lâindĂ©pendance Ă©nergĂ©tique des pays. Ces filiĂšres, aujourdâhui matures et dĂ©veloppĂ©es industriellement Ă grande Ă©chelle, sont toutefois dĂ©nommĂ©es de 1Ăšre gĂ©nĂ©ration » car basĂ©es sur des ressources agricoles dites traditionnelles, et donc soumises Ă terme Ă une concurrence dâusage elles menacent non seulement la fourniture dâaliments Ă des populations en forte croissance, donc mondialement de plus en plus nombreuses, mais entrent en concurrence avec les ressources dâorigine pĂ©troliĂšre, aux cours fluctuants. Câest pourquoi le dĂ©veloppement de filiĂšres de 2Ăšme gĂ©nĂ©ration a Ă©tĂ© entrepris il sâagit dâextraire lâĂ©nergie contenue dans la partie non alimentaire des plantes, donc de leurs composants ligno-cellulosiques. ConcrĂštement cela consiste Ă transformer les molĂ©cules de cellulose en glucose, quâon soumet ensuite Ă une fermentation permettant de produire de lâĂ©thanol. Techniquement possible, le dĂ©veloppement de cette voie se heurte au problĂšme des rendements, au dĂ©part trĂšs faibles, et suppose donc la mise au point de procĂ©dĂ©s enzymatiques et mĂ©taboliques performants, Ă partir de nouvelles enzymes et de levures. Joue en faveur de tels dĂ©veloppements lâavantage majeur des procĂ©dĂ©s biotechnologiques par rapport Ă ceux de la chimie traditionnelle, thermo-chimie notamment ; les traitements sâeffectuent sur des substrats hĂ©tĂ©rogĂšnes et non purifiĂ©s, dans des conditions opĂ©ratoires proches du naturel, câest-Ă -dire dans des suspensions aqueuses diluĂ©es, Ă basse tempĂ©rature, et sous une pression atmosphĂ©rique. Ces avantages sont nĂ©anmoins limitĂ©s par un certain nombre dâinconvĂ©nients liĂ©s Ă la complexitĂ© des processus, Ă la stabilisation des souches et Ă la difficultĂ© de pilotage des opĂ©rations de fermentation. Le bioĂ©thanol Selon la nature de la biomasse, le bioĂ©thanol peut ĂȘtre fabriquĂ© par divers procĂ©dĂ©s Figure 14. Les graines de cĂ©rĂ©ales 1Ăšre gĂ©nĂ©ration peuvent soit ĂȘtre broyĂ©es puis liquĂ©fiĂ©es, avant de subir une saccharification, suivie dâune fermentation, dâune distillation et dâune dĂ©shydratation. Un autre procĂ©dĂ© consiste Ă produire par centrifugation un lait dâamidon, en phase liquide, puis Ă lâhydrolyser pour en extraire le glucose, qui est ensuite traitĂ© par fermentation, distillation, puis dĂ©shydratation. Si la biomasse source est constituĂ©e de canne Ă sucre ou de betterave, on doit dâabord extraire le sucre, en le sĂ©parant de ses substrats tels que bagasse ou pulpes de betterave, puis, comme prĂ©cĂ©demment, le traiter par fermentation, distillation, et dĂ©shydratation Tableau 3. Lorsque la biomasse employĂ©e est ligno-cellulosique 2ĂšmegĂ©nĂ©ration, le bioĂ©thanol est fabriquĂ© selon les mĂȘmes principes aprĂšs un prĂ©-traitement mĂ©canique trituration, une hydrolyse est effectuĂ©e sous lâaction dâenzymes pour Ă©laborer un substrat fermentescible, soumis alors Ă des levures. AprĂšs cette fermentation le produit obtenu est distillĂ© pour en extraire lâĂ©thanol. Ce procĂ©dĂ© nĂ©cessite donc de fabriquer les enzymes Ă partir de bactĂ©ries et de champignons, et de disposer des levures appropriĂ©es. Ces enzymes et ces levures sont difficiles Ă sĂ©lectionner et Ă exploiter si lâon veut bĂ©nĂ©ficier dâun rendement Ă©levĂ© et de conditions de production Ă grande Ă©chelle, en utilisant, de plus, diverses matiĂšres premiĂšres ; câest pourquoi ce procĂ©dĂ©, dĂ©veloppĂ© notamment Ă Pomacle Bazancourt projet Futurol, en est encore au stade prĂ©-industriel. Tableau 3 Rendements et coĂ»ts de la production de bio-Ă©thanol obtenue Ă partir de diverses plantes Ressource vĂ©gĂ©tale QuantitĂ© brute rĂ©coltĂ©e tonnes Produit plateforme Produit final transformĂ© Ă©thanol hl CoĂ»t de production hors valorisation des coproduits âŹ/litre CoĂ»t de production avec valorisation des coproduits âŹ/litre- Betterave ~96 ~16 tonnes de sucre ~ 96 0,60 0,50 Canne Ă sucre ~90 Ă 110 ~12 Ă 16 tonnes de sucre 80 Ă 100 0,20 MaĂŻs 10 6,3 tonnes dâamidon ~ 40 0,75 0,50 BlĂ© 7,5 4,2 tonnes dâamidon ~ 26 0,75 0,50 Source France Agrimer. Pour adapter parfaitement le bioĂ©thanol aux contraintes de fonctionnement des moteurs, les pĂ©troliers lui font subir une rĂ©action chimique avec un produit bien connu, lâisobutĂšne, pour obtenir la molĂ©cule ETBE. Câest le produit qui se trouve dans le carburant E10 distribuĂ© par les pompes Ă essence, dans une proportion de 10%. Il faut cependant savoir, quâĂ masse Ă©gale, le pouvoir calorifique du bioĂ©thanol nâest que 0,64 fois celui du super sans plomb. Le biodiesel Le biocarburant dĂ©nommĂ© biodiesel peut ĂȘtre fabriquĂ© Ă partir de graines de vĂ©gĂ©taux olĂ©agineux, ce qui se pratique actuellement Ă grande Ă©chelle ou sur la base de plantes cultivĂ©es, diffĂ©rentes selon les rĂ©gions tournesol et colza en Europe ; maĂŻs principalement utilisĂ© aux Ătats-Unis ; soja et huile de palmiste en Asie produit issu des noyaux des fruits des palmiers Ă huile, leur pulpe fournissant lâhuile de palme. Dans tous les cas, les huiles de ces plantes doivent dâabord ĂȘtre extraites par une trituration, suivie dâune filtration. Les dĂ©chets de cette opĂ©ration sont des tourteaux, Ă©nergĂ©tiques et riches en protĂ©ines, trĂšs apprĂ©ciĂ©s notamment pour lâalimentation des animaux. Les huiles brutes sont ensuite semi-raffinĂ©es par un traitement de dĂ©mucilagination puis de neutralisation. Pour les rendre utilisables dans des moteurs, les huiles sont ensuite traitĂ©es chimiquement selon lâun ou lâautre de deux procĂ©dĂ©s distincts une trans-estĂ©rification, avec du mĂ©thanol, qui fournit un ester mĂ©thylique dâhuile EMHV lequel est aussi apprĂ©ciĂ© pour Ă©laborer des lubrifiants et des solvants ; cette rĂ©action fournit en outre du glycĂ©rol, produit plateforme trĂšs utilisĂ© en chimie du vĂ©gĂ©tal ; une hydrogĂ©nation qui retire les atomes dâoxygĂšne indĂ©sirables. Il est intĂ©ressant de noter aussi que le biodiesel de 1Ăšre gĂ©nĂ©ration peut aussi ĂȘtre fabriquĂ© Ă partir de graisses animales, et mĂȘme dâhuiles usagĂ©es. Il existe aussi une filiĂšre biodiesel de 2Ăšme gĂ©nĂ©ration, utilisant des plantes dĂ©diĂ©es graminĂ©es ou des dĂ©chets ligneux. Dans ce cas câest une voie thermochimique qui est mise en Ćuvre. Elle comporte un prĂ©traitement par torrĂ©faction, puis une gazĂ©ification et une purification, suivie par une rĂ©action de Fischer Tropsch. Le pouvoir calorifique du biodiesel est proche de celui du gazole traditionnel, 1 tonne dâester EMHV Ă©quivalant Ă 0,9 tonne de gazole. Les algues et les cyanobactĂ©ries Elles sont une autre source potentielle de biocarburants. Les algues et les cyanobactĂ©ries sont des organismes photosynthĂ©tiques dotĂ©s de propriĂ©tĂ©s particuliĂšrement intĂ©ressantes ils fixent environ la moitiĂ© du gaz carbonique absorbĂ© dans toute la biosphĂšre tandis que leur production de biomasse par unitĂ© de surface est plusieurs fois supĂ©rieure Ă celle des vĂ©gĂ©taux terrestres. Ils pourraient donc jouer un rĂŽle essentiel dans la panoplie des ressources du futur. Le milieu vivant du plancton phytoplancton et zooplancton, dont il existe des milliers dâespĂšces, constitue la base de la chaĂźne alimentaire de lâensemble des organismes marins poissons et autres produits de la mer, consommĂ©s massivement ; mais il existe aussi de nombreuses algues et animaux aquatiques des eaux douces riviĂšres ou lacs et des piscines dâaquaculture. Les dĂ©bouchĂ©s alimentaires des produits de la pĂȘche et de lâaquaculture occupent dĂ©jĂ une place majeure dans lâĂ©conomie mondiale, mais ce qui intĂ©resse encore plus aujourdâhui les chercheurs et industriels, ce sont les matiĂšres prĂ©sentes dans ces algues. DĂ©jĂ exploitĂ©es depuis longtemps pour des usages biochimiques pharmacie et cosmĂ©tiques, certaines contiennent en effet des molĂ©cules particuliĂšrement riches en poly-saccharides, en protĂ©ines, en polyphĂ©nols, en lipides et en sels minĂ©raux. Dans les usages Ă©nergĂ©tiques, les microalgues sont extrĂȘmement intĂ©ressantes, car leur productivitĂ© surfacique est potentiellement trĂšs Ă©levĂ©e 50 000 litres dâhuile par hectare, contre 6000 pour lâhuile de palme ! Ă lâavenir, Ă partir de procĂ©dĂ©s de photosynthĂšse naturelle ou artificielle, ces organismes pourraient convertir le CO2 de lâatmosphĂšre ou celui collectĂ© Ă la sortie des grandes usines, dans des installations dĂ©diĂ©es, hors mer et hors terres Ă vocation agricole, dans des bassins ou des lagunes saumĂątres ou alcalines fonctionnant directement ou non Ă lâĂ©nergie solaire. Pourraient ainsi ĂȘtre Ă©laborĂ©es des molĂ©cules carbonĂ©es riches en Ă©nergie, en particulier des biocarburants Figure 15. Les choses nâen sont pas encore lĂ . Bien que, depuis plusieurs annĂ©es, des stations dâessais et de dĂ©monstration prĂ©industrielles dĂ©veloppent et testent activement des procĂ©dĂ©s de culture et dâextraction Ă haut rendement de matiĂšres Ă©nergĂ©tiques huile principalement, ces perspectives sont, Ă lâĂ©chelle dâune Ă©conomie rĂ©gionale ou nationale, restent lointaines 20 ans au moins. GĂ©nĂ©ration et co-gĂ©nĂ©ration dâĂ©lectricitĂ© biosourcĂ©e La valorisation Ă©nergĂ©tique de la biomasse peut aller jusquâĂ la gĂ©nĂ©ration dâĂ©lectricitĂ© toutes les fois oĂč un coĂ»t avantageux du combustible 60⏠/ par tonne livrĂ©e ajoutĂ© au prix du CO2 Ă©vitĂ© 15⏠/ par tonne livrĂ©e rend la thermoĂ©lectricitĂ©-biomasse trĂšs compĂ©titive. Tel est le cas pour les industries et les collectivitĂ©s qui utilisent de plus en plus de chaufferies fonctionnant au bois ou Ă la paille 3000 sites existants, croissance 5 Ă 10 % / an, dont une partie associĂ©es Ă des installations de co-gĂ©nĂ©ration. La cogĂ©nĂ©ration est la production simultanĂ©e de deux Ă©nergies diffĂ©rentes dans un mĂȘme processus. Le cas le plus frĂ©quent est la production dâĂ©lectricitĂ© et de chaleur, la chaleur Ă©tant issue de la production Ă©lectrique ou lâinverse. ConcrĂštement, le bois est brĂ»lĂ© dans le foyer dâune chaudiĂšre, qui produit de la vapeur haute pression, qui entraĂźne lâaxe dâune turbine. Cet axe entraĂźne Ă son tour un alternateur, qui produit de lâĂ©lectricitĂ©. La vapeur dâeau basse pression issue de la turbine passe dans un condenseur, qui fournit de la chaleur Figure 16. Un bon exemple de ce type dâinstallation est fourni par lâusine de pĂąte Ă papier de Saint FĂ©licien au QuĂ©bec. La fourniture, en cogĂ©nĂ©ration-biomasse, de 1 MW Ă©lectrique de puissance suppose, en moyenne, la production prĂ©alable de 5 MW thermiques, soit lâutilisation de 6 MW PCI en puissance dâĂ©nergie primaire-biomasse compte tenu dâun rendement chaudiĂšre de 85 %. Pour une exploitation de 7 000 H par an, soit 42 000 MWh PCI fournis, lâinstallation nĂ©cessite donc, pour 1MWe de puissance fournie, la combustion annuelle dâenviron 14 000t de biomasse cellulosique fraĂźche. 6. Les bioĂ©nergies dans la transition Ă©nergĂ©tique Surtout depuis les derniĂšres dĂ©cennies du 20Ăšme siĂšcle, la transition Ă©nergĂ©tique est devenue une ardente obligation » Lire La transition Ă©nergĂ©tique un concept Ă gĂ©omĂ©trie variable et La transition Ă©nergĂ©tique, un enjeu majeur pour la planĂšte. Pour Ă©viter la poursuite dâune dĂ©gradation de lâenvironnement planĂ©taire, dont de graves risques climatiques, tous les pays sont invitĂ©s Ă rendre leur dĂ©veloppement Ă©conomique aussi soutenable que possible. En matiĂšre dâapprovisionnement Ă©nergĂ©tique, cet objectif signifie une plus grande maĂźtrise de la demande, via plus de sobriĂ©tĂ© lorsquâelle est possible et plus dâefficacitĂ© des utilisations de lâĂ©nergie, et une rĂ©orientation de lâoffre vers des sources dâĂ©nergie moins polluantes et moins Ă©mettrices de gaz Ă effet de serre GES que les sources fossiles. Quelle place doivent occuper les bioĂ©nergies dans les bilans Ă©nergĂ©tiques susceptibles dâassurer une transition Ă©nergĂ©tique ? Avantages des bioĂ©nergies Compte-tenu du recours massif au bois de feu dans les pays encore peu industrialisĂ©s, cette place est dĂ©jĂ , et de loin, la plus importante Ă lâĂ©chelle mondiale. Elle devrait sâaccroĂźtre encore et gagner de nouveaux pays au vu des nombreux avantages que prĂ©sente cette ressource Ă©nergĂ©tique la masse vĂ©gĂ©tale, Ă lâĂ©chelle planĂ©taire, bien que trĂšs inĂ©galement rĂ©partie, est extrĂȘmement abondante ; la production annuelle de cellulose, principal composant du bois, est dâenviron 100 milliards de tonnes, donc au moins vingt fois supĂ©rieure Ă celle du pĂ©trole ; Ă cette ressource sâajoute la masse des dĂ©chets organiques rĂ©sidus agricoles et industriels, ordures, dĂ©chets verts Ă©conomiquement et Ă©cologiquement valorisables ; en France, ils reprĂ©sentent environ 600 millions de tonnes/an. par opposition Ă lâusage des matiĂšres fossiles, bientĂŽt Ă©puisĂ©es, la biomasse est indĂ©finiment renouvelable, parce quâĂ notre Ă©chelle humaine, lâĂ©nergie solaire sera toujours prĂ©sente, de mĂȘme que lâeau et le gaz carbonique, Ă condition de respecter leur qualitĂ© et les grands Ă©quilibres naturels en trente ans, la vĂ©gĂ©tation mondiale a augmentĂ© de 14 % ! ; les bioĂ©nergies issues de cette biomasse sont trĂšs diversifiĂ©es combustibles solides sous forme de pellets, gazeux ou liquides, se prĂȘtent aisĂ©ment Ă des formes de distribution multiples vrac, sacs, rĂ©seaux de chaleur, rĂ©servoirs de gaz ou distribution Ă la pompe ; en outre, tous peuvent ĂȘtre convertis en Ă©lectricitĂ©, avec ou sans co-gĂ©nĂ©ration ; sur le plan Ă©cologique cycle du carbone, la biomasse est totalement vertueuse elle absorbe autant de CO2 par la photosynthĂšse quâelle en rejette par la combustion des ĂȘtres vivants et par la combustion sous toutes ses formes ; son bilan carbone est donc neutre ; la production des bioĂ©nergies est aussi Ă©cologiquement avantageuse car ses processus de transformation se dĂ©roulent Ă basse tempĂ©rature, Ă lâexemple de la mĂ©thanisation Ă la ferme ou de la production de bioĂ©thanol ; la combustion des biogaz peu carbonĂ©s est par ailleurs beaucoup moins polluante en particules fines que celle des hydrocarbures liquides ; toujours sur le plan Ă©cologique, cette biomasse est par nature biodĂ©gradable ; elle ne laisse donc Ă court-moyen terme aucun dĂ©chet organique, les composants minĂ©raux mĂ©taux pouvant de plus ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©s Ă des fins agronomiques ; sur le plan Ă©conomique, dans le contexte de lâĂ©conomie circulaire, sa valorisation peut ĂȘtre intĂ©grale ; selon le principe de cascade, la plante entiĂšre fruits, tiges, feuilles, troncs, Ă©corce peut en effet Ă ĂȘtre transformĂ©e, donc dotĂ©e de valeur ajoutĂ©e, et ce sur le lieu de production, sans transport et avec crĂ©ation dâemplois locaux ; last but not least, contrairement Ă la plupart des sources renouvelables, les ressources issues de la biomasse sont stockables et peuvent mĂȘme stocker, aprĂšs conversion, celles issues de sources intermittentes comme dans le power-to-gas. InconvĂ©nients Ă prendre en considĂ©ration Face Ă tous ces avantages qui militent en faveur dâun trĂšs large recours aux bioĂ©nergies, plusieurs limites pourront venir, dans certains pays plus que dans dâautres, des inconvĂ©nients suivants la difficultĂ© dâaccĂšs aux ressources, notamment dans les zones Ă faible densitĂ© vĂ©gĂ©tale mais aussi dans les forĂȘts de montagne ainsi que les problĂšmes de transport de matiĂšre lourdes telles que les grumes ou de trop faible densitĂ© telles que les taillis ou les plantes herbacĂ©es ; les sur-coĂ»ts dâexploitation imputables Ă la difficultĂ© Ă©conomique dâextraire les matiĂšres Ă©nergĂ©tiques dans les vĂ©gĂ©taux humides et matiĂšres organiques dĂ©jections animales, boues imbibĂ©es dâeau, ainsi que ceux du traitement et de la consommation dâĂ©nergie grise dâun bout Ă lâautre de la chaĂźne de production des biogaz et biocarburants, principalement dans le cas des plantes Ă faible rendement Ă©nergĂ©tique ou des dĂ©chets agricoles et sylvicoles ; le fait que tous les processus de combustion Ă©mettent des GES, mĂȘme si, sur une durĂ©e de quelques annĂ©es permettant la repousse des plantes, leur cycle du carbone est neutre ; les risques de pĂ©nurie ou de dĂ©sĂ©quilibre des marchĂ©s, notamment alimentaires, dĂ»s Ă des concurrences dâusage, comme dans le cas dâagriculteurs allemands ou amĂ©ricains cultivant du maĂŻs uniquement pour produire du biogaz ou de lâĂ©thanol ; sâagissant des biocarburants, Ă©thanol ou biodiesel, tous les moteurs ne sont pas encore aptes Ă les utiliser Ă 100%. In fine, une Ă©valuation prĂ©cise des avantages de chaque bioĂ©nergie face Ă ses concurrents potentiels pourra seule emporter la dĂ©cision, mais il y a fort Ă parier quâelle lui sera favorable dans de nombreuses situations, notamment dans les pays, riches en biomasse, mais encore trĂšs pauvres en utilisation de sources dâĂ©nergie modernes et efficaces Lire Lâapprovisionnement en Ă©nergie des populations dâAfrique non raccordĂ©es au rĂ©seau diagnostic et solutions et Quelles transitions Ă©nergĂ©tiques en Afrique subsaharienne ? Notes et rĂ©fĂ©rences [1] Les matiĂšres fossiles ou non- biodĂ©gradables ne sont lĂ©galement pas de la biomasse. [2] Source H. Bichat et P. Mathis [3] Source France Agrimer Bibliographie complĂ©mentaire Les ressources du futur issues du monde vĂ©gĂ©tal â â 408 p â Mars 2017 â Editeur Covabis Biocarburants / Cinq questions qui dĂ©rangent / / â / Editions Technip â 2008 Les triples A de la bio-Ă©conomie â EfficacitĂ©, sobriĂ©tĂ©, et diversitĂ© de la croissance verte âEd. LâHarmattan â 294 P. â 2012 Ouvrage coordonnĂ© par Claude Roy â Le Club des Bio-Ă©conomistes. La biomasse, Ă©nergie dâavenir â HervĂ© Bichat et Paul Mathis â 225 p. â Editions Quae â Mars 2013 Bioraffinerie 2030 â Une question dâavenir â Pomacle Bazancourt â Ouvrage collectif. 252 p. â Sept 2014 â Ed. LâHarmattan Energies renouvelables en agriculture â Editions France Agricole / Bernard Pellecuer / 2015 Rapport de lâOPECST/ AssemblĂ©e nationale -SĂ©nat- De la biomasse Ă la bioĂ©conomie une stratĂ©gie pour la France â 194 p â 10 fĂ©vrier 2016 â Audition publique du 25 juin 2015 Une stratĂ©gie bioĂ©conomie pour la France â Plan dâaction 2018-2020 â Plaquette 12 pages MinistĂšre de lâagriculture â FĂ©vrier 2018 LâEncyclopĂ©die de lâĂnergie est publiĂ©e par lâAssociation des EncyclopĂ©dies de lâEnvironnement et de lâĂnergie contractuellement liĂ©e Ă lâuniversitĂ© Grenoble Alpes et Ă Grenoble INP, et parrainĂ©e par lâAcadĂ©mie des sciences. Pour citer cet article, merci de mentionner le nom de lâauteur, le titre de lâarticle et son URL sur le site de lâEncyclopĂ©die de lâĂnergie. Les articles de lâEncyclopĂ©die de lâĂnergie sont mis Ă disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution â Pas dâUtilisation Commerciale â Pas de Modification International.
PrĂ©ambule 1Lâhistoire du monde rural se conjugue avec celle du climat. Les annĂ©es de fortes ou faibles rĂ©coltes sont traditionnellement associĂ©es Ă des conditions climatiques extrĂȘmes. Ces relations entre productions agricoles et climat ont mĂȘme Ă©tĂ© utilisĂ©es pour la reconstruction de climats anciens. Ainsi les dates de rĂ©coltes renseignent sur les variations annuelles de tempĂ©rature. Et les variations de largeurs de cernes des arbres permettent dâapprĂ©hender les variations climatiques au cours des derniers siĂšcles. TrĂšs naturellement la recherche agronomique sâest donc prĂ©occupĂ©e dĂšs les premiĂšres publications du GIEC des consĂ©quences du changement climatique sur les agrosystĂšmes et les forĂȘts en Aquitaine. 2Les deux chapitres qui suivent sâattachent Ă rassembler les connaissances actuelles sur lâimpact du changement climatique non seulement sur les niveaux de productivitĂ© observĂ©s des cultures agricoles et forestiĂšres, mais Ă©galement sur le fonctionnement des plantes, sur la composition des formations vĂ©gĂ©tales et forestiĂšres, et de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale sur lâĂ©volution du monde agricole et forestier. Les effets de lâaccroissement du CO2, de la tempĂ©rature et des changements de pluviomĂ©trie sur les plantes cultivĂ©es ou arbres ont fait lâobjet dâexpĂ©rimentation en milieux contrĂŽlĂ©s dans lesquels ces conditions ont Ă©tĂ© artificiellement reconstituĂ©es. Ces Ă©tudes ont Ă©tĂ© utilement complĂ©tĂ©es par des observations et simulations faites au niveau dâĂ©cosystĂšmes entiers et prenant en compte en plus le bilan radiatif ou le bilan hydrique. Des tendances trĂšs gĂ©nĂ©rales ont Ă©tĂ© observĂ©es qui transgressent toutes les cultures et forĂȘts avancĂ©e des stades de dĂ©veloppement de toutes les formations vĂ©gĂ©tales pĂ©rennes arbres fruitiers, vignes, arbres forestiers et progressive depuis une trentaine dâannĂ©es, tendance Ă lâaugmentation de la productivitĂ© mais avec de fortes variations selon les types de cultures. Lâimpact des Ă©vĂ©nements extrĂȘmes sĂ©cheresses, incendies ou tempĂȘtes sâavĂšre souvent plus important que les variations graduelles des facteurs climatiques. Au-delĂ des effets et impacts dĂ©jĂ visibles, une vaste Ă©tude prospective a Ă©tĂ© rĂ©cemment menĂ©e Ă lâĂ©chelle de lâensemble du territoire, accompagnĂ©e dâun examen particulier au sein de 6 zones gĂ©ographiques projet CLIMATOR dont lâobjectif Ă©tait de traduire les diffĂ©rents scĂ©narios climatiques du GIEC en consĂ©quence sur les principaux systĂšmes de culture et les forĂȘts. Ces donnĂ©es sont examinĂ©es et commentĂ©es en dĂ©tail dans le contexte aquitain dans les deux chapitres suivants. Ils mettent Ă©galement lâaccent sur lâimportance de lâaction humaine dans la rĂ©gulation de ces changements. Cette action sâattache Ă concilier les modes dâutilisations des terres, la gestion des ressources naturelles nĂ©cessaires Ă lâagriculture et aux forĂȘts sols et eau, et le maintien des principaux services Ă©cosystĂ©miques. Les activitĂ©s agricoles 3Coordination Nathalie Ollat 4RĂ©dacteurs Nadine Brissonâ , BĂ©atrice Denoyes, Inaki Garcia de Cortazar-Atauri, Jean-Pascal Goutouly, Marc Kleinhentz, Marie Launay, Richard Michalet, Nathalie Ollat, Philippe Pieri, Cornelis Van Leeuwen LâAquitaine est lâune des rĂ©gions françaises oĂč lâagriculture est le secteur Ă©conomique le plus dĂ©terminant. Elle est caractĂ©risĂ©e Ă la fois par une grande diversitĂ© de productions agricoles, mais aussi une spĂ©cialisation pour certaines cultures majoritaires comme le maĂŻs et la vigne. En raison de la vocation agricole de la rĂ©gion et de la grande dĂ©pendance de lâagriculture vis-Ă -vis du climat, le changement climatique reprĂ©sente un enjeu majeur pour ce secteur en Aquitaine. LâĂ©volution des variables environnementales et climatiques qui caractĂ©risera le changement climatique au cours du XXIe siĂšcle, i. e. principalement la teneur en CO2 dans lâatmosphĂšre, la tempĂ©rature et les prĂ©cipitations sera dĂ©terminante pour la production agricole. La teneur en CO2 et le rĂ©gime des pluies affecteront principalement la capacitĂ© de production de biomasse, et donc les rendements, mais aussi la qualitĂ© des produits. La tempĂ©rature aura un effet majeur sur la phĂ©nologie et le cycle de dĂ©veloppement des plantes. Des avancĂ©es jusquâĂ 40 jours sont prĂ©dites pour la fin du siĂšcle pour la plupart des espĂšces cultivĂ©es. Ces changements auront un impact majeur sur le maintien ou non de certaines cultures. En raison de la trĂšs possible rarĂ©faction de la ressource en eau, la culture du maĂŻs irriguĂ© est fortement menacĂ©e Ă long terme. Des adaptations techniques et des dĂ©localisations seront nĂ©cessaires. Pour les grandes cultures, il faut compter principalement sur des arbitrages dâassolements revisitĂ©s surfaces, lâadaptation du matĂ©riel vĂ©gĂ©tal variĂ©tĂ©s et la modification des itinĂ©raires techniques dates de semis. Lâirrigation des cultures devra ĂȘtre gĂ©rĂ©e trĂšs prĂ©cisĂ©ment, notamment pour les productions fruitiĂšres. La viticulture dispose Ă©galement dâun potentiel dâadaptation avec la possibilitĂ© de modifier les modes de culture, de changer les cĂ©pages et les porte-greffes, et de mettre en valeur des situations climatiques plus favorables. Ces adaptations devront sâaccompagner de modifications de la rĂ©glementation et de lâorganisation des filiĂšres. Leur mise en Ćuvre sera dĂ©pendante des politiques publiques. Il existe une vĂ©ritable dynamique de recherches en Aquitaine pour Ă©tudier lâadaptation de lâagriculture au changement climatique, notamment pour la viticulture et lâarboriculture fruitiĂšre. Par ailleurs, la rĂ©gion Aquitaine pourra largement bĂ©nĂ©ficier des travaux conduits sur le plan national pour dâautres cultures ou axes de recherche. Introduction Les enjeux du changement climatique pour lâagriculture en Aquitaine 1 En agriculture, on appelle intrants » les diffĂ©rents produits apportĂ©s aux terres et aux culture ... 5Le changement climatique reprĂ©sente un double dĂ©fi pour lâagriculture. Dâune part, le secteur agricole rejette dans lâatmosphĂšre des gaz Ă effets de serre GES et bien quâau niveau europĂ©en, il ne reprĂ©sente que 9 % des Ă©missions totales de GES, ce secteur concourt Ă prĂšs de 20 % des rejets en Aquitaine pour 3 % de la consommation rĂ©gionale dâĂ©nergie. Ces Ă©missions sont essentiellement dues Ă lâutilisation dâengrais azotĂ©s pour 3M t CO2 eq/an et Ă lâĂ©levage via le dĂ©gagement de mĂ©thane pour 2,7 M t CO2 eq/an [1]. Mais les surfaces agricoles constituent Ă©galement un important puits de carbone permettant de limiter lâaugmentation de CO2 dans lâatmosphĂšre, et lâagriculture pourrait donc jouer un rĂŽle pour attĂ©nuer les effets du changement climatique. Dâautre part, il est indiscutable que lâactivitĂ© agricole et les milieux naturels terrestres subiront la majeure partie des impacts du changement climatique. Il est donc indispensable dâĂ©tudier les moyens de sây adapter. Selon les scĂ©narios Ă©tablis par le GIEC [2], les projections font Ă©tat dâune augmentation de la teneur en CO2 atmosphĂ©rique de 540 Ă 950 ppm et de la tempĂ©rature moyenne de 1,8 Ă 4 °C, voire plus en fonction des zones gĂ©ographiques considĂ©rĂ©es. De plus lâensemble des scĂ©narios sâaccordent sur une augmentation de la variabilitĂ© du climat et des Ă©vĂ©nements climatiques extrĂȘmes. Une cascade de rĂ©percussions du changement climatique sur les besoins et les disponibilitĂ©s en eau, sur la qualitĂ© des sols, sur la pression de bio-agresseurs, sur les besoins en intrants1, sur la qualitĂ© et la typicitĂ© des produits, les rendements agricoles ainsi que sur les modes dâutilisation des terres, est donc Ă envisager au cours du siĂšcle [3]. Contexte gĂ©nĂ©ral de lâagriculture en Aquitaine 2 SAU surface agricole utile, correspond au territoire consacrĂ© Ă la production agricole, composĂ©e ... 6Avec 43 100 exploitations agricoles et 1 377 300 ha de surface agricole utilisĂ©e, recensĂ©s en 2010, lâAquitaine se place au second rang des rĂ©gions françaises en termes de SAU2, aprĂšs Midi-PyrĂ©nĂ©es, et au premier rang en termes dâemploi agricole [4]. ReprĂ©sentant 4,3 % du PIB rĂ©gional, la valeur ajoutĂ©e apportĂ©e par les secteurs de lâagriculture, de la forĂȘt et de la pĂȘche en Aquitaine reprĂ©sente plus du double de celui de la France qui est de lâordre de 2 % [5]. La filiĂšre agricole reprĂ©sente donc une part importante de lâĂ©conomie rĂ©gionale. Le secteur des vins dâAOP contribue pour 31 % de la valeur de la production agricole, suivi principalement par le maĂŻs, les fruits et lĂ©gumes. Le vignoble aquitain tient la premiĂšre place mondiale pour la production de vins dâAppellation dâOrigine ProtĂ©gĂ©e AOP, et sâĂ©tend sur 142 313 hectares, dont 83 % en Gironde. PrĂšs de 11 000 viticulteurs produisent 7 millions dâhectolitres de vin dont 90 % en AOP. Les trois principales grandes cultures sont en superficie, le maĂŻs grain et semences qui reprĂ©sente 20 Ă 25 % de la surface agricole utile SAU de la rĂ©gion, le blĂ© tendre avec 7 % de la SAU et le tournesol avec 4,2 % de la SAU [6]. LâAquitaine est depuis longtemps la premiĂšre rĂ©gion de production française de fraises, avec 40 % de la production nationale organisĂ©e pour environ 20 000 tonnes produites sur 1 000 ha en 2010 [6]. Les productions animales sont essentiellement reprĂ©sentĂ©es par la filiĂšre bovine 10 % et la volaille 9 % environ. Avec une prĂ©dominance des productions vĂ©gĂ©tales 68 % des productions, contre 57 % pour le national et une faible part de culture hors-sol, la filiĂšre agricole en Aquitaine est donc relativement tributaire des alĂ©as climatiques. La rĂ©gion Aquitaine est de plus caractĂ©risĂ©e par une forte spĂ©cialisation dĂ©partementale des systĂšmes de production, ce qui rendra variables les impacts des Ă©volutions climatiques futures entre dĂ©partements. Ainsi la Gironde est Ă vocation majoritairement viticole alors que la filiĂšre animale couvre 70 % de la production des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques. La polyculture-Ă©levage prĂ©domine en Dordogne alors que les Landes sont spĂ©cialisĂ©es dans la maĂŻsiculture et lâaviculture. Le Lot-et-Garonne quant Ă lui, affiche une production de fruits et lĂ©gumes principalement tomates et fraises, de cĂ©rĂ©ales et de protĂ©agineux. 7Avec 350 000 de surfaces irrigables, lâAquitaine occupe la troisiĂšme place au niveau national en surface, mais la premiĂšre en termes de pourcentage de la surface agricole totale. Elle recense 200 000 ha de maĂŻs irriguĂ© soit plus de 50 % des surfaces cultivĂ©es en maĂŻs et 8 000 maĂŻsiculteurs irrigants. Lâirrigation est Ă©galement dĂ©terminante pour la production fruitiĂšre et lĂ©gumiĂšre. La gestion de la ressource en eau sera donc tout particuliĂšrement cruciale pour lâavenir de lâactivitĂ© de la filiĂšre agricole de lâAquitaine [7]. Les grandes fonctions biologiques de la production agricole vĂ©gĂ©tale potentiellement affectĂ©es par le changement climatique 8Dans le cadre du changement climatique, lâaugmentation du CO2 et la modification des diffĂ©rentes variables climatiques tempĂ©rature, rayonnement, prĂ©cipitations affecteront la croissance et le dĂ©veloppement de toutes les espĂšces vĂ©gĂ©tales, cultivĂ©es ou non. En effet, lâactivitĂ© photosynthĂ©tique dâune plante, qui permet la production de biomasse, dĂ©pend du rayonnement absorbĂ©, de la tempĂ©rature, du taux de CO2, de la disponibilitĂ© en eau et dâun Ă©lĂ©ment majeur, lâazote. Chacune de ces composantes va ĂȘtre touchĂ©e par le changement climatique. Certains effets seront favorables et dâautres dĂ©favorables aux productions vĂ©gĂ©tales. Par ailleurs, lâeffet de lâinteraction entre ces facteurs sur la fertilitĂ© des sols teneur en matiĂšre organique, minĂ©ralisation, notamment de lâazote et la physiologie des plantes est trĂšs complexe et les consĂ©quences de la combinaison de ces diffĂ©rents effets sont particuliĂšrement difficiles Ă Ă©valuer. Au-delĂ des effets des variations moyennes des paramĂštres climatiques, lâoccurrence dâĂ©vĂ©nements extrĂȘmes tempĂȘtes, canicules, inondations, sĂ©cheresses extrĂȘmes, gel et leurs impacts se surimposent et devront ĂȘtre analysĂ©s. 9Une Ă©lĂ©vation de la concentration en CO2 se traduira jusquâĂ un certain seuil par une augmentation de lâactivitĂ© photosynthĂ©tique de la plante et une diminution de la conductance stomatique qui mesurent le degrĂ© dâouverture des pores situĂ©s Ă la surface des feuilles et qui permettent les Ă©changes de CO2 et dâeau entre lâatmosphĂšre et la plante. Cela aura pour consĂ©quence de diminuer les besoins en eau des cultures. Ceci devrait conduire Ă une augmentation de la production de biomasse, dans la mesure oĂč les autres facteurs climatiques tempĂ©rature et eau ne seront pas trop limitants. Par contre, toutes les plantes ne rĂ©agiront pas de la mĂȘme façon. Ainsi des plantes comme le blĂ© et vigne seront plus favorisĂ©es par lâaugmentation du CO2 que des plantes comme le maĂŻs et le sorgho, lesquelles seront presque insensibles, les seuils de saturation environ 400 ppm ayant Ă©tĂ© atteints pour ces espĂšces [8]. 3 Cumul des tempĂ©ratures journaliĂšres dĂ©passant un seuil appelĂ© base sur une pĂ©riode dâintĂ©rĂȘt. 4 Cycle phĂ©nologique succession dâĂ©vĂ©nements pĂ©riodiques dans le monde du vivant, dĂ©terminĂ©e par l ... 10La tempĂ©rature est le moteur du dĂ©veloppement des plantes dans une gamme qui varie selon lâespĂšce considĂ©rĂ©e. La tempĂ©rature rĂ©gule Ă©galement la majeure partie des processus chimiques et biochimiques du vivant. Ă ce titre elle joue un rĂŽle majeur sur la quantitĂ© de biomasse produite et sur la composition et la qualitĂ© des produits rĂ©coltĂ©s. Lâaugmentation attendue des tempĂ©ratures va accroĂźtre la disponibilitĂ© thermique pour les vĂ©gĂ©taux3. Cela aura des consĂ©quences sur lâavancement et la longueur des cycles phĂ©nologiques4 des cultures, et sur la possibilitĂ© de cultiver de nouvelles espĂšces ou variĂ©tĂ©s dans des zones considĂ©rĂ©es jusquâici comme trop fraĂźches. Par ailleurs, les processus physiologiques de levĂ©e de dormance qui font que les graines acquiĂšrent la capacitĂ© Ă germer et les bourgeons Ă dĂ©bourrer sont dĂ©pendants de lâoccurrence de certaines tempĂ©ratures hautes ou basses Ă un moment donnĂ© du cycle. Par exemple, certaines espĂšces fruitiĂšres ont des besoins en froid spĂ©cifiques pour dĂ©clencher la levĂ©e de la dormance. Ainsi des tempĂ©ratures trop Ă©levĂ©es pendant lâhiver pourront entraver le dĂ©marrage de la vĂ©gĂ©tation au printemps, ainsi que la fertilitĂ© de ces cultures. Finalement lâintensitĂ© dâautres processus biochimiques, notamment ceux qui accompagnent la maturation des fruits, est corrĂ©lĂ©e Ă la tempĂ©rature dans une gamme variable avec les processus en question et les espĂšces. Des tempĂ©ratures trop Ă©levĂ©es peuvent conduire Ă des phĂ©nomĂšnes de brĂ»lure et dâĂ©chaudage ayant un impact trĂšs nĂ©gatif sur le rendement. 11Lâeau reprĂ©sente gĂ©nĂ©ralement le premier facteur limitant la croissance dâune plante et le rendement des cultures. La disponibilitĂ© hydrique conditionne lâensemble des processus mĂ©taboliques indispensables au fonctionnement dâun ĂȘtre vivant et un manque dâeau peut occasionner un arrĂȘt des chaĂźnes mĂ©taboliques voire la mort de la plante, si lâĂ©quilibre hydrique de la plante nâest pas satisfait. De lâĂ©tat hydrique de la plante, dĂ©pend Ă©galement en partie lâintensitĂ© de la photosynthĂšse. Les besoins en eau dâune plante varient au cours de son cycle de dĂ©veloppement. Ainsi, pour atteindre un rendement maximal, le maĂŻs ne doit absolument pas souffrir de stress hydrique au moment de la floraison qui sâĂ©tend entre mi-juillet et mi-aoĂ»t. Pour la vigne, une contrainte hydrique modĂ©rĂ©e pendant la maturation des raisins est reconnue comme bĂ©nĂ©fique pour la qualitĂ© car elle limite la croissance et rĂ©oriente le mĂ©tabolisme vers la biosynthĂšse et lâaccumulation de polyphĂ©nols. La sĂ©cheresse se dĂ©finit en fonction de composantes mĂ©tĂ©orologiques dĂ©ficit de pluviomĂ©trie, hydrologiques niveau anormalement bas des riviĂšres et agricoles dĂ©ficit des rĂ©serves en eau des sols superficiels [9]. En agriculture, il faut distinguer les dĂ©ficits pluviomĂ©triques en cours de vĂ©gĂ©tation sĂ©cheresse Ă©daphique et ceux conduisant Ă une reconstitution dĂ©ficiente des rĂ©serves hydrographiques sĂ©cheresse hydrologique [10]. La sĂ©cheresse conduit Ă des baisses de rendements par rapport au rendement attendu en situation favorable, et peut affecter la qualitĂ© des produits rĂ©coltĂ©s. Elle ne dĂ©pend pas de la seule pluviomĂ©trie, mais du croisement entre les conditions climatiques pluviomĂ©trie, Ă©vapotranspiration de rĂ©fĂ©rence, les caractĂ©ristiques du sol rĂ©serves en eau, le systĂšme de conduite surface foliaire et la rĂ©action de la plante. Lâaugmentation du nombre des Ă©pisodes de sĂ©cheresse depuis 1976, ainsi que les prĂ©visions dâune baisse de pluviomĂ©trie de 900 mm Ă 680 mm par an dans le Sud-Ouest mĂȘme si les modĂ©lisations sont moins fiables que celles concernant la tempĂ©rature, avec une augmentation de la demande en eau exprimĂ©e par lâĂ©vapotranspiration potentielle de 800 Ă 850 mm justifient que cette question soit prise trĂšs sĂ©rieusement en compte [8][11]. Les projections faites sur le XXIe siĂšcle des indices de sĂ©cheresse dĂ©finis dans le cadre du projet ClimSec font ressortir un risque dâintensification de lâassĂšchement des sols superficiels jusquâen 2050, puis de la multiplication de sĂ©cheresses agricoles extrĂȘmes dâici la fin du siĂšcle [9]. 12Ainsi chaque annĂ©e, le rendement et la qualitĂ© de chaque production agricole apparaissent comme la rĂ©sultante des interactions entre lâoffre du milieu naturel et la demande de la plante qui varie au cours de son cycle de dĂ©veloppement et des interventions culturales. Ce schĂ©ma est gĂ©nĂ©ral pour lâensemble des cultures. Pour maintenir une activitĂ© agricole de qualitĂ© et Ă©conomiquement rentable, lâĂ©volution des conditions climatiques attendue au cours du XXIe siĂšcle nĂ©cessitera la mise en Ćuvre de modifications dans les systĂšmes de culture qui constitueront un dĂ©fi dâinnovation et dâadaptation pour les agriculteurs. Contexte scientifique 5 Institut des Sciences de la Vigne et du Vin â Bordeaux Aquitaine. 13La question des impacts des changements globaux sur lâagriculture a commencĂ© Ă faire lâobjet de prĂ©occupations Ă lâĂ©chelle mondiale Ă partir du dĂ©but des annĂ©es 1990. Cet intĂ©rĂȘt nâa fait que croĂźtre depuis. En France, depuis la fin des annĂ©es 1990, 70 projets de recherches ont Ă©tĂ© mis en Ćuvre sur cette thĂ©matique, dont la moitiĂ© sâintĂ©ressait aux impacts, une vingtaine concernait lâattĂ©nuation des effets nĂ©gatifs et une dizaine lâadaptation aux nouvelles conditions attendues. Au cours des annĂ©es 2000, les recherches se sont multipliĂ©es sur ce sujet et lâannĂ©e 2003 a Ă©tĂ© un facteur dĂ©terminant pour la prise de conscience des impacts attendus du changement climatique. Le projet CLIMATOR 2007-2010 a reprĂ©sentĂ© une contribution majeure Ă lâĂ©tude des impacts du changement climatique sur lâagriculture française [12]. Sur la base des rĂ©sultats de ces projets, un atelier de rĂ©flexion prospective a Ă©tĂ© mis en place en 2009 ANR ADAGE dont lâobjectif Ă©tait dâidentifier les besoins en recherche et en dĂ©veloppement sur lâadaptation au changement climatique de lâagriculture et des Ă©cosystĂšmes anthropisĂ©s [13]. Les conclusions de cet atelier ont conduit lâINRA Ă proposer en 2011 une structuration transversale de ses recherches sur cette thĂ©matique dans le cadre du MĂ©taprogramme ACCAF [3]. Un projet qui structure Ă lâĂ©chelle nationale les recherches sur ces questions pour la filiĂšre viti-vinicole a Ă©tĂ© construit. Ce projet, dĂ©nommĂ© LACCAVE, regroupe 22 laboratoires nationaux. Il est coordonnĂ© par lâUMR EGFV Bordeaux ISVV et lâUMR Innovation Montpellier IHEV afin de renforcer le caractĂšre national de la problĂ©matique. En Ă©cho aux prioritĂ©s de la RĂ©gion Aquitaine dĂ©finies dans les plans climat 2007 et 2011 et aux attentes des professionnels particuliĂšrement sensibilisĂ©s Ă cette question, les laboratoires de lâISVV5 coordonnent leurs actions pour mieux anticiper les consĂ©quences du changement climatique sur la filiĂšre viti-vinicole, Ă©tant donnĂ© lâenjeu Ă©conomique quâelle reprĂ©sente. Des programmes de recherche sont Ă©galement en cours de mise en place pour les espĂšces fruitiĂšres. I- Impacts observĂ©s et attendus pour les principales productions agricoles en Aquitaine 14Certaines observations dates de vendanges, rendement des cultures rĂ©alisĂ©es au cours des derniĂšres dĂ©cennies en agriculture montrent que le changement climatique est en cours. Si lâĂ©volution future de ces indicateurs ne peut ĂȘtre prĂ©vue avec certitude, il paraĂźt important de rapporter ici ces observations, puis les impacts attendus pour les principales cultures dâintĂ©rĂȘt en Aquitaine. Comme il est impossible dâĂȘtre exhaustif, ces changements observĂ©s et attendus seront prĂ©sentĂ©s pour les principales caractĂ©ristiques des cultures phĂ©nologie, rendement, qualitĂ© des produits, et pression parasitaire, Ă partir dâexemples relatifs aux productions agricoles majeures de la rĂ©gion. En raison de son importance pour la rĂ©gion, certains aspects liĂ©s Ă la ressource en eau seront Ă©galement dĂ©crits. Contexte et mĂ©thodologies 15Au cours des derniĂšres annĂ©es plusieurs bases de donnĂ©es Phenoclim, Observatoire de Saisons, PEP 725⊠ont Ă©tĂ© mises en place pour stocker les observations de la rĂ©ponse des espĂšces vĂ©gĂ©tales au climat passĂ© et prĂ©sent. Ces donnĂ©es nous ont permis dâanalyser les tendances et lâintensitĂ© de lâĂ©volution de cette rĂ©ponse et de nous renseigner sur la capacitĂ© dâadaptation des espĂšces cultivĂ©es dans nos rĂ©gions. 16En revanche les impacts attendus du changement climatique ne peuvent ĂȘtre Ă©tudiĂ©s autrement que par voie de modĂ©lisation. Pour cela, les conditions climatiques futures simulĂ©es Ă lâaide de modĂšles de circulation globale du climat i. e modĂšle ARPEGE de MĂ©tĂ©o-France rĂ©gionalisĂ© sont introduites dans des modĂšles agronomiques qui reprĂ©sentent le fonctionnement de diffĂ©rents processus de fonctionnement de la plante par exemple la phĂ©nologie ou des systĂšmes de culture Ă lâĂ©chelle de la parcelle. Au prĂ©alable ces modĂšles ont Ă©tĂ© testĂ©s avec des donnĂ©es climatiques du passĂ© rĂ©cent. Des variables de sortie synthĂ©tiques concernant ces diffĂ©rents processus permettent de quantifier les impacts probables du changement climatique. 17LâĂ©valuation des consĂ©quences futures du changement climatique peut aussi reposer sur des expĂ©rimentations en conditions contrĂŽlĂ©es, notamment celles oĂč la concentration en CO2 dans lâatmosphĂšre a Ă©tĂ© augmentĂ©e artificiellement. Les informations de cette nature concernant les principales espĂšces cultivĂ©es sont encore rares. Leur extrapolation pour les conditions futures est pour cela souvent critiquable et risquĂ©e puisque de nombreuses interactions potentielles ne sont pas prises en compte. La seule alternative est alors dâutiliser la modĂ©lisation comme dans le projet CLIMATOR. Mais cette dĂ©marche nâest Ă©galement pas dĂ©pourvue dâinconvĂ©nients puisque des Ă©tapes intermĂ©diaires sont nĂ©cessaires, par exemple la rĂ©gionalisation des sorties issues des modĂšles climatiques globaux, et les erreurs peuvent facilement se cumuler au cours de ce processus dâemboĂźtement de modĂšles de natures trĂšs diffĂ©rentes. Ainsi, il est trĂšs important dâĂ©valuer les incertitudes gĂ©nĂ©rĂ©es par ce type de couplage. Certaines incertitudes sont irrĂ©ductibles, comme celles liĂ©es aux scĂ©narios de concentration des gaz Ă effet de serre. Dâautres sont associĂ©es Ă une mĂ©connaissance du fonctionnement et des interactions entre processus qui sont dĂ©crits dans les modĂšles climatiques, les mĂ©thodes de rĂ©gionalisation et les modĂšles de culture utilisĂ©s pour lâĂ©tude dâimpact. Par ailleurs, il existe Ă©galement des sources de variabilitĂ©s, qui sont soit subies variabilitĂ© interannuelle, variabilitĂ© des sols et des sites Ă©tudiĂ©s ou qui, au contraire, constituent des choix possibles pour la conduite de lâagriculture choix de variĂ©tĂ©s, itinĂ©raires techniquesâŠ. Tout cela conduit Ă interprĂ©ter les rĂ©sultats dâimpacts attendus avec prĂ©caution, notamment en gĂ©nĂ©rant des sĂ©ries trentenaires de variables agronomiques rendement, phĂ©nologie, etc. et en analysant celles-ci, variabilitĂ© interannuelle comprise. Il est toujours nĂ©cessaire de les considĂ©rer comme dĂ©finissant des tendances prĂ©visibles sur lesquelles fonder des choix stratĂ©giques pour lâadaptation. Le projet CLIMATOR [8][12]Ces derniĂšres annĂ©es, plusieurs projets ont mis en Ćuvre cette dĂ©marche de modĂ©lisation couplĂ©e, pour Ă©valuer les impacts du changement climatique en agriculture. Câest notamment le cas du projet CLIMATOR 2007-2010, financĂ© par lâAgence Nationale de la Recherche ANR. Pendant 3 ans, 17 Ă©quipes de 7 instituts et organismes ont travaillĂ© ensemble sur le projet CLIMATOR, associant ainsi des disciplines variĂ©es climatologie, agronomie, Ă©cophysiologie, bioclimatologie, science du sol pour des objectifs divers recherche, dĂ©veloppement, enseignement. Cependant, la mise en place dâun cadre mĂ©thodologique commun a permis une gestion optimale de cette diversitĂ©. Ce projet avait pour objectif de proposer des mĂ©thodes et des informations pour des systĂšmes cultivĂ©s variĂ©s monocultures et rotations de blĂ©, tournesol, maĂŻs, sorgho, colza, prairies, forĂȘt, banane, canne Ă sucre et vigne, Ă lâĂ©chelle de la parcelle, sur 13 sites reprĂ©sentatifs des climats français. Le travail rĂ©alisĂ© dans CLIMATOR repose sur une analyse dâimpacts possibles selon diverses hypothĂšses pour le climat futur. Il sâagit dâun exercice de modĂ©lisation Ă vocation prospective qui ne peut, en aucun cas, ĂȘtre considĂ©rĂ© comme prĂ©visionnel. Lâobjectif est de traduire les hypothĂšses climatiques en impacts chiffrĂ©s pour distinguer les effets positifs, nĂ©gatifs ou non significatifs quâinduisent ces hypothĂšses sur lâagriculture et la forĂȘt françaises, dans leur dimension uniquement biotechnique. De nombreux rĂ©sultats issus de ce projet seront prĂ©sentĂ©s dans ce document pour illustrer les impacts attendus du changement climatique sur lâagriculture en Aquitaine. Pour la plupart de ces projections, le scĂ©nario du GIEC dâĂ©mission des gaz Ă effets de serre A1B a Ă©tĂ© utilisĂ©. Il correspond Ă une augmentation de la tempĂ©rature moyenne de lâordre de 2 °C sur la France en 2050, et de 3,2 °C Ă la fin du XXIe siĂšcle. Dâautres informations plus complĂštes sur les mĂ©thodes de rĂ©gionalisation du climat, sur les modĂšles agronomiques utilisĂ©s pour chaque culture, ainsi que sur la hiĂ©rarchisation des incertitudes peuvent ĂȘtre obtenues dans le Livre Vert du projet CLIMATOR. La phĂ©nologie 18Comme il a Ă©tĂ© vu prĂ©cĂ©demment, lâaugmentation de la tempĂ©rature aura un effet majeur sur la vitesse de dĂ©veloppement des plantes. La phĂ©nologie est dĂ©terminante pour lâadaptation des espĂšces dans un environnement donnĂ©. Par consĂ©quent câest un caractĂšre des espĂšces cultivĂ©es pour lequel de nombreuses Ă©tudes dâimpact ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© conduites. Impacts observĂ©s 19Lâaugmentation des tempĂ©ratures accĂ©lĂšre le dĂ©veloppement de la vigne [14]. Depuis vingt ans, lâaugmentation de la tempĂ©rature moyenne combinĂ©e Ă des pratiques culturales particuliĂšres faible rendement, rĂ©duction de la fertilisation, augmentation de la surface foliaire a conduit Ă une avance de la date de maturitĂ© des raisins de 15 jours en moyenne Figure 1. Cet ordre de grandeur de lâavancement de la phĂ©nologie dans le Bordelais est comparable Ă celui observĂ© dans dâautres vignobles [15]. Ă ce sujet, il est nĂ©cessaire de faire rĂ©fĂ©rence aux importantes recherches qui ont permis de reconstruire le climat passĂ© Ă partir des donnĂ©es phĂ©nologiques de la vigne et notamment la date de vendanges cf. chapitre 2, Figure 15 [16][17]. Figure 1 Ăvolution de la date des vendanges dans une propriĂ©tĂ© du Bordelais entre 1900 Ă 2012. Si la date des vendanges a eu tendance Ă reculer jusquâau dĂ©but des annĂ©es 1990, principalement en raison de la diminution de la pression des maladies par une amĂ©lioration des traitements phytosanitaires, elle a subi une avancĂ©e de prĂšs de 15 jours par la suite [18]. 20De la mĂȘme maniĂšre, des avancĂ©es de la phĂ©nologie ont Ă©tĂ© observĂ©es sur la plupart des espĂšces cultivĂ©es, que ce soient dans les grandes cultures ou les espĂšces fruitiĂšres telles que le pommier, le poirier, le cerisier [19] et le prunier dâEnte. Sur les 40 derniĂšres annĂ©es, une avance de 7-8 jours a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence pour la floraison du pommier et de 10-11 jours pour celle du poirier et du cerisier. Ces observations ont Ă©tĂ© faites malgrĂ© des hivers plus doux qui ont eu pour consĂ©quence une augmentation de 3 Ă 5 jours de la durĂ©e nĂ©cessaire pour la satisfaction des besoins en froid, nĂ©cessaire Ă la levĂ©e de dormance, prĂ©alable au dĂ©bourrement cf. supra. Figure 2 Dates moyennes de floraison A et de vendanges B pour le cĂ©page Merlot calculĂ©es pour le passĂ© rĂ©cent PR 1971-2000, le futur proche FP 2020-2050 et le futur lointain FL 2070-2100 Ă Bordeaux, Lusignan et Toulouse [8]. Impacts attendus 21Sur la vigne, les simulations produites dans le projet CLIMATOR permettent dâenvisager pour le cĂ©page Merlot Ă Bordeaux une avancĂ©e de la date de floraison et de la date des vendanges dâenviron 40 jours pour la fin du siĂšcle Figure 2. Du fait de ce dĂ©calage vers le milieu de lâĂ©tĂ©, la tempĂ©rature minimale moyenne pendant la pĂ©riode de maturation des raisins serait augmentĂ©e de 4 Ă 6 °C, ce qui renforce lâimpact du rĂ©chauffement climatique sur la composition des raisins. Voisine de 15 °C actuellement, cette tempĂ©rature augmenterait au-delĂ de 20 °C. 22LâavancĂ©e de la phĂ©nologie se poursuivra pour toutes les espĂšces cultivĂ©es. Concernant le maĂŻs, un avancement de la date de floraison dâenviron 15-20 jours est attendu pour la fin du siĂšcle, et dâenviron 15 Ă 30 jours selon le scĂ©nario, pour la rĂ©colte [8]. Sur les espĂšces fruitiĂšres telles que le prunier dâEnte et le cerisier, les avancĂ©es de floraison envisagĂ©es sont susceptibles dâaccroĂźtre le risque de gel de fleurs ou de jeunes fruits. Des anomalies physiologiques de la phĂ©nologie des bourgeons causĂ©es par des satisfactions insuffisantes des besoins en froid retards et Ă©talements excessifs de la floraison pourraient ĂȘtre observĂ©es. Les consĂ©quences agronomiques attendues sont des dĂ©synchronisations de floraison entre des cultivars devant sâinterpolliniser ou des Ă©talements excessifs de la maturitĂ© des fruits Ă lâĂ©chelle de lâarbre ou des vergers. Des dĂ©bourrements vĂ©gĂ©tatifs excessifs pourraient Ă©galement perturber fortement lâarchitecture des arbres et la conduite des vergers. Les rendements 23Pour la plupart des productions agricoles, le rendement est la variable clĂ© qui conditionne la rentabilitĂ© Ă©conomique. Pour une variĂ©tĂ© et un systĂšme de culture donnĂ©s, il dĂ©pend en grande partie de lâĂ©volution des conditions climatiques au cours de la saison de croissance de la culture. Impacts observĂ©s 24En Aquitaine, les rendements pour le maĂŻs sont proches des rendements moyens nationaux autour de 90 qtx/ha. Ces rendements ont notablement augmentĂ© entre les annĂ©es 1980 et 2000, et stagnent depuis une dizaine dâannĂ©es, notamment en raison des Ă©pisodes de sĂ©cheresse rĂ©pĂ©tĂ©s avec des besoins en eau accrus. De 2007 Ă 2010, alors que le rendement moyen du maĂŻs irriguĂ© est restĂ© stable, le rendement du maĂŻs pluvial non irriguĂ© a significativement diminuĂ©. Le rendement du blĂ© en Aquitaine est infĂ©rieur dâun cinquiĂšme au rendement moyen national environ 55 qtx/ha pour 70 qtx/ha au niveau national. Pour cette culture dâautomne non irriguĂ©e, on observe la mĂȘme tendance que pour le maĂŻs, câest-Ă -dire une augmentation du rendement depuis les annĂ©es 1980 gain de 15 qtx/ha environ, puis une stagnation voire une lĂ©gĂšre diminution depuis les annĂ©es 2000 attribuĂ©e en grande partie au changement climatique, mais aussi Ă des paramĂštres agronomiques tels que la baisse de la fertilisation azotĂ©e [20]. Le rendement du tournesol, culture de printemps, non irriguĂ©e, est comparable au rendement moyen national 25 qtx/ha. Il sâavĂšre exemplairement stable depuis une trentaine dâannĂ©es. 25Certaines espĂšces fruitiĂšres telles que le cerisier, lâabricotier, le prunier dâEnte sont dĂ©jĂ trĂšs sensibles aux irrĂ©gularitĂ©s de production. SpĂ©cifiquement pour la rĂ©gion Aquitaine, il faut citer lâexemple du prunier dâEnte dont la rĂ©colte de 2011 nâa pas atteint 25 000 tonnes de fruits parvenus Ă maturitĂ© et de calibre marchand, alors que la filiĂšre en espĂ©rait entre 45 000 et 50 000. La sĂ©cheresse du printemps puis lâĂ©tĂ© humide en sont la cause. Ces irrĂ©gularitĂ©s de production pourraient augmenter avec le changement climatique [21]. Impacts attendus 26Le projet CLIMATOR a permis dâobtenir de nombreux rĂ©sultats concernant la culture du maĂŻs, de blĂ© tendre et du tournesol dans le Sud-Ouest. Dans le cas du maĂŻs irriguĂ© Ă 80 % des besoins, on pourrait ainsi sâattendre Ă une diminution de rendement de 9 qtx/ha dans le futur proche FP-2020-2050 et de 15 qtx/ha dans le futur lointain FL-2070-2100. Le rendement pourrait diminuer malgrĂ© lâirrigation car lâavancement des stades phĂ©nologiques floraison, rĂ©colte est susceptible de gĂ©nĂ©rer une diminution du nombre de jours de remplissage des grains et donc une diminution du rendement. Dans le cas du blĂ© tendre, il est prĂ©vu une stabilitĂ© du rendement dans le futur proche, voire une augmentation du rendement dans le futur lointain +9 qtx/ha dans le FL en raison de lâeffet de lâaccroissement de la teneur en CO2 dans lâatmosphĂšre sur la production de biomasse. Les prĂ©visions pour le futur proche sont en contradiction avec les effets observĂ©s depuis le milieu des annĂ©es 1990. Pour cette culture, un avancement des stades est Ă©galement attendu. Les phases de remplissage du grain pourraient donc se produire pendant des pĂ©riodes moins contraignantes pour la plante. Les rĂ©sultats obtenus pour le tournesol laissent envisager Ă©galement une stabilitĂ© du rendement dans le futur proche et une amĂ©lioration du rendement dans le futur lointain + 4 qtx/ha dans le FL. Mais cette augmentation ne serait pas significative, et soumise Ă une forte variabilitĂ© interannuelle. Ce rĂ©sultat est expliquĂ© par une compensation entre les effets bĂ©nĂ©fiques de lâaugmentation de la teneur en CO2 atmosphĂ©rique et les effets nĂ©gatifs du stress hydrique, particuliĂšrement prĂ©gnant sur sol Ă faible rĂ©serve en eau. Production de fraises hors sol Marie-NoĂ«lle Demene, Invenio 27Chez le fraisier cultivĂ©, le rendement est conditionnĂ© par le potentiel de production de la plante. Lâinitiation florale est un facteur dĂ©terminant pour la rentabilitĂ© de cette culture car elle conditionne le potentiel de floraison et donc pour partie, le rendement. Le fraisier a besoin en hiver dâĂȘtre exposĂ© Ă des heures de froid pour pouvoir lever sa dormance. Lâimpact dâune Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature se traduirait notamment par des besoins en froid non satisfaits, Dans ces conditions les plants reprendraient leur activitĂ© de façon plus prĂ©coce. Ils pourraient alors prĂ©senter un dĂ©veloppement vĂ©gĂ©tatif rĂ©duit, des hampes florales trĂšs courtes avec des fleurs mal formĂ©es. Les consĂ©quences seraient une rĂ©duction du rendement et des fruits plus petits comme au printemps 2003 en Aquitaine suite Ă un hiver doux. Par ailleurs, les automnes chauds conduisent Ă un retard de lâinitiation florale qui a lieu le plus souvent fin aoĂ»t ou dĂ©but septembre. Avec des tempĂ©ratures automnales Ă©levĂ©es, il faudrait attendre des jours plus courts pour que les plants puissent induire des inflorescences. Dans ces conditions le taux de plants induits Ă une date donnĂ©e serait rĂ©duit. 28LâINRA Aquitaine sâassocie avec Invenio et le Ciref pour Ă©tudier lâimpact dâune Ă©lĂ©vation de la tempĂ©rature sur le rendement. Des marqueurs de potentiel de floraison sont recherchĂ©s pour permettre une Ă©valuation rapide du potentiel de production et une sĂ©lection efficace de variĂ©tĂ©s productives mĂȘme en conditions plus chaudes. La qualitĂ© des fruits 29Pour les productions fruitiĂšres et surtout pour la vigne, la composition des fruits Ă maturitĂ© est dĂ©terminante pour la valorisation des rĂ©coltes. Cette composition dĂ©pend Ă©troitement des conditions climatiques, comme en atteste la variabilitĂ© quâil existe entre millĂ©simes pour des vins Ă©laborĂ©s Ă partir de raisins issus de la mĂȘme parcelle. Il est donc dĂ©terminant dâĂ©tudier ce point en particulier. Impacts observĂ©s 30Pour beaucoup de rĂ©gions viticoles, notamment en Aquitaine, lâavance des dates de maturitĂ© au cours des 20 derniĂšres annĂ©es a permis dâatteindre plus rĂ©guliĂšrement une excellente maturitĂ© du raisin et sâest traduite globalement par une amĂ©lioration de la qualitĂ© des vins produits. On constate une plus grande frĂ©quence de bons millĂ©simes Ă partir des annĂ©es 1980. Cette amĂ©lioration est surtout liĂ©e Ă lâĂ©volution des techniques viticoles et Ă une plus grande frĂ©quence des dĂ©ficits hydriques au cours de lâĂ©tĂ©. Dans le Bordelais, la qualitĂ© du millĂ©sime nâest en effet pas corrĂ©lĂ©e Ă la tempĂ©rature, mais au dĂ©ficit hydrique perçu par la vigne entre la vĂ©raison et la rĂ©colte [22]. Par exemple, les millĂ©simes les plus secs depuis 50 ans, 2005 et 2010, sont de grands millĂ©simes. Ces observations rĂ©alisĂ©es dans le Bordelais sont valables pour lâensemble de lâAquitaine. Au cours de cette pĂ©riode, on constate aussi une Ă©volution de la composition du raisin, qui nâest pas sans consĂ©quence sur lâĂ©quilibre des vins produits. Lâaugmentation de la teneur en sucres du raisin, qui se traduit par une augmentation de la teneur en alcool des vins, est particuliĂšrement spectaculaire Figure 3. 31En parallĂšle, lâaciditĂ© du raisin a diminuĂ©, provoquant une augmentation du pH des vins. Cette Ă©volution peut, suivant la situation et suivant la sensibilitĂ© du dĂ©gustateur, augmenter les qualitĂ©s gustatives du vin plus de souplesse et de rondeur ou les dĂ©prĂ©cier moins de fraĂźcheur. Lorsque lâaugmentation des tempĂ©ratures provoque une trop grande avancĂ©e de la pĂ©riode de maturation, et que celle-ci se dĂ©roule en conditions chaudes au cĆur de lâĂ©tĂ©, la maturitĂ© technologique Ă©quilibre entre sucres et aciditĂ© est atteinte avant la maturitĂ© phĂ©nolique maturitĂ© des tanins. Lâaugmentation des tempĂ©ratures pendant les vendanges entraĂźne dĂ©jĂ des modifications de pratiques avec une augmentation de la frĂ©quence des rĂ©coltes nocturnes. De plus, lâĂ©volution de la composition des raisins a des consĂ©quences majeures sur les procĂ©dĂ©s Ćnologiques dâĂ©laboration des vins. Figure 3 Augmentation de la teneur en alcool dâun vin dâune propriĂ©tĂ© en Bordelais entre 1962 et 2009. Alors que la teneur moyenne en alcool Ă©tait infĂ©rieure Ă 12° au dĂ©but des annĂ©es 1960, elle a augmentĂ© jusquâĂ des valeurs supĂ©rieures Ă 13° Ă la fin de la premiĂšre dĂ©cennie du XXIe siĂšcle Roby, communication personnelle. Impacts attendus 32Pour la vigne, lâavancement de la phĂ©nologie conduira en toute vraisemblance Ă un dĂ©roulement de la maturation dans des conditions de plus en plus chaudes. Les consĂ©quences sur la qualitĂ© du vin, plutĂŽt positives jusquâĂ aujourdâhui, risquent de devenir nĂ©gatives pour une proportion croissante des vins produits en Aquitaine lorsque les augmentations de tempĂ©rature dĂ©passeront un certain seuil. Des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es sous des climats plus chauds ont montrĂ© que lâexposition directe et prolongĂ©e des raisins Ă des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es apparaĂźt prĂ©judiciable Ă lâaccumulation des polyphĂ©nols qui contribuent Ă la couleur et Ă la structure des vins rouges [23] et des composĂ©s aromatiques [24]. Par ailleurs, la hausse des tempĂ©ratures minimales sera probablement plus importante que celles des tempĂ©ratures moyennes [25]. LâĂ©lĂ©vation des tempĂ©ratures nocturnes et la rĂ©duction probable de lâamplitude thermique jour-nuit dans le cadre du rĂ©chauffement climatique Ă venir devraient Ă©galement contribuer Ă des modifications de la composition en polyphĂ©nols. Des recherches sont actuellement conduites en Aquitaine au sein de lâISVV sur ces questions. Pour des tempĂ©ratures supĂ©rieures Ă environ 35 °C, des symptĂŽmes dâĂ©chaudage sur feuillage peuvent apparaĂźtre, entraĂźnant une altĂ©ration des feuilles et un blocage de la synthĂšse des sucres. Les raisins peuvent ĂȘtre eux aussi touchĂ©s par cet Ă©chaudage extrĂȘme et prĂ©senter des brĂ»lures ou un dessĂšchement. Si des contraintes hydriques modĂ©rĂ©es sont favorables Ă la qualitĂ© des vins, des Ă©pisodes de sĂ©cheresse plus marquĂ©e sâaccompagneraient dâun arrĂȘt de la synthĂšse des sucres via la photosynthĂšse et de chutes de feuilles prĂ©coces, induisant un blocage de la maturation et de lâaccumulation des sucres dans les raisins. Ces nouvelles conditions de maturation provoqueront des dĂ©sĂ©quilibres gustatifs vins trop alcoolisĂ©s et insuffisamment acides, un dĂ©calage entre la maturitĂ© technologique et phĂ©nolique, ainsi quâune modification de la composition en arĂŽmes des vins produits. Elles pourront augmenter le risque dâun vieillissement prĂ©maturĂ© des vins, en particulier pour les vins blancs. 33Au-delĂ des effets sur le calibre des fruits, des modifications des rythmes de croissance pourraient avoir des consĂ©quences sur des aspects majeurs de la qualitĂ© des fruits. Chez le Cerisier, par exemple on observe dĂ©jĂ une plus grande proportion de fruits doubles, phĂ©nomĂšne favorisĂ© par des tempĂ©ratures dĂ©passant frĂ©quemment les 30-35 °C durant lâĂ©tĂ© prĂ©cĂ©dent. Par ailleurs lâĂ©clatement de la cerise constitue un exemple prĂ©occupant de caractĂšre de qualitĂ© qui pourrait ĂȘtre de plus en plus soumis aux irrĂ©gularitĂ©s de pluviomĂ©trie Figure 4. 34Des facteurs gĂ©nĂ©tiques, physiologiques, climatiques et agronomiques ont une influence sur ce caractĂšre. Des Ă©tudes sont actuellement en cours Ă lâINRA en Aquitaine pour crĂ©er des variĂ©tĂ©s moins sensibles Ă ce problĂšme. Le confort hydrique des cultures et les consĂ©quences sur la ressource en eau 35Ătant donnĂ© lâimportance et lâenjeu que reprĂ©sente lâeau pour lâagriculture en Aquitaine, il nous a paru indispensable de prĂ©senter quelques Ă©lĂ©ments relatifs aux situations actuelles et futures pour cette question. Le confort hydrique exprime la capacitĂ© dâune culture Ă fonctionner de façon potentielle, câest-Ă -dire sans rĂ©duction de la consommation en eau liĂ©e Ă un stress hydrique. Figure 4 DĂ©gĂąts dâĂ©clatement sur cerises mĂ»res photo J. Claverie, INRA. Ces fruits ne sont plus commercialisables. Impacts observĂ©s 36De 2003 Ă 2006, les besoins en eau dâirrigation des cultures de maĂŻs ont Ă©tĂ©, en France, de 30 % supĂ©rieurs Ă la moyenne de la dĂ©cennie prĂ©cĂ©dente [calcul qui tient compte des prĂ©cipitations et de la rĂ©serve en eau des sols, 26], mĂȘme si la responsabilitĂ© du changement climatique sur cette augmentation nâa pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e. La surface de maĂŻs irriguĂ© a Ă©tĂ© rĂ©duite de 10 % en Aquitaine pour une moyenne nationale de 13 %. Dans le mĂȘme temps, les volumes dâeau par hectare ont progressĂ© pour compenser les dĂ©ficits de prĂ©cipitation. La sĂ©cheresse a surtout Ă©tĂ© plus marquĂ©e en 2005 dans notre rĂ©gion [27]. Cette annĂ©e avait en effet Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©e par un dĂ©ficit de pluviomĂ©trie estivale, prĂ©cĂ©dĂ© dâun hiver Ă©galement sec. Ces sĂ©cheresses ont eu un impact nĂ©gatif sur le rendement des cĂ©rĂ©ales cf. § Les rendements, mais positif sur la qualitĂ© des vins produits dans la rĂ©gion cf. § La qualitĂ© des fruits. Impacts attendus 37Les simulations rĂ©alisĂ©es dans le cadre du projet CLIMATOR montrent des impacts variables pour le confort hydrique et la restitution aux nappes, selon les cultures et le fait quâelles sont irriguĂ©es ou non. 38Ainsi, dans le cas du blĂ©, culture dâautomne non irriguĂ©e, malgrĂ© lâanticipation des stades phĂ©nologiques, la diminution de la pluviomĂ©trie pourrait provoquer une dĂ©tĂ©rioration du confort hydrique, affectant davantage le rendement. Par contre, Ă mĂȘme niveau de confort hydrique, lâeffet bĂ©nĂ©fique du CO2 induirait une augmentation du rendement dans le futur proche 2020-2050 et dans le futur lointain 2070-2100. Concernant le maĂŻs irriguĂ©, lâaugmentation du dĂ©ficit hydrique climatique pourrait se traduire par la nĂ©cessitĂ© dâun supplĂ©ment dâirrigation de lâordre de 40 mm/an en moyenne dans le futur proche 2020-2050. Dans le futur lointain 2070-2100, les incertitudes sont grandes et il se peut que le frein phĂ©nologique compense lâaugmentation du dĂ©ficit climatique. Par ailleurs, le maĂŻs, en raison de ses particularitĂ©s en matiĂšre de photosynthĂšse, serait moins favorisĂ© par lâaugmentation de la teneur en CO2 atmosphĂ©rique. Les choix des variĂ©tĂ©s et des sols seront trĂšs importants pour limiter lâaugmentation dâeau dâirrigation. 39MalgrĂ© lâaugmentation du dĂ©ficit hydrique climatique, le confort hydrique de la vigne dans le vignoble girondin ne subirait pas de dĂ©tĂ©rioration trĂšs sensible pendant la pĂ©riode floraison-maturitĂ© grĂące au maintien de quelques pluies estivales et Ă lâavancĂ©e de la phĂ©nologie qui pourrait reporter les pĂ©riodes de sĂ©cheresses les plus intenses aprĂšs les vendanges. En revanche, une franche diminution du confort hydrique de la vigne pourrait concerner le nord de la rĂ©gion, par extrapolation de ce qui est simulĂ© Ă Lusignan en Poitou-Charentes. Les zones les plus Ă lâest connaĂźtraient un confort hydrique toujours dĂ©gradĂ©, comme lâindiquent les rĂ©sultats obtenus pour Toulouse Figure 5. Figure 5 Confort hydrique estimĂ© pour le passĂ© rĂ©cent PR, futur proche FP et futur lointain FL par le rapport ETR Ăvapotranspiration rĂ©elle sur ETM Ăvapotranspiration Maximale pour un vignoble du cĂ©page Merlot Ă Bordeaux, Lusignan et Toulouse. ETM reprĂ©sente la demande en eau dâune culture en absence de limitation hydrique. Ce rapport quantifie donc lâĂ©quilibre offre/demande moyen entre la floraison et la maturitĂ© [8]. 40Le changement climatique aurait pour consĂ©quence une baisse trĂšs sensible de la restitution dâeau aux nappes en profondeur ou aux riviĂšres. Les prĂ©visions rĂ©alisĂ©es pour les sols viticoles dans le cadre du projet CLIMATOR montrent que dans les zones oĂč le rapport offre sur demande en eau est initialement relativement Ă©levĂ©, comme Ă Bordeaux, la quasi-totalitĂ© de la baisse de la ressource en eau se rĂ©percuterait sur un dĂ©faut dâalimentation des nappes en profondeur ou dâalimentation du rĂ©seau hydrologique, ce qui est cohĂ©rent avec le fait que le confort hydrique des cultures serait peu affectĂ©. Pour les zones plus continentales comme le Lot-et-Garonne, dont le bilan hydrique climatique est initialement plus faible ou nĂ©gatif, il y aurait une diminution moindre de la restitution de lâeau aux nappes par rapport Ă la situation actuelle. Le niveau de restitution dâeau au milieu serait Ă©galement modulĂ© par les paramĂštres du systĂšme de culture, en premier lieu par la rĂ©serve utile du sol une rĂ©serve plus importante permet de stocker de lâeau qui sera Ă©vaporĂ©e ou transpirĂ©e vers lâatmosphĂšre, et donc de rĂ©duire la transmission en profondeur. La santĂ© des cultures 41Les bioagresseurs des plantes sont connus pour avoir des impacts variables sur les cultures en fonction des variations de conditions climatiques interannuelles. On imagine donc que le changement climatique aura un impact majeur sur le fonctionnement des pathogĂšnes et sur leur agressivitĂ© vis-Ă -vis des diffĂ©rentes cultures. 42On sâattend notamment Ă des effets directs du changement climatique sur les champignons pathogĂšnes, ainsi quâĂ des effets indirects via la plante hĂŽte. Lâaugmentation des tempĂ©ratures, de la teneur en CO2 de lâatmosphĂšre, de lâirrĂ©gularitĂ© des pluies et de lâoccurrence dâĂ©vĂ©nements extrĂȘmes, devrait modifier non seulement les cycles Ă©pidĂ©miques mais Ă©galement la rĂ©partition spatiale des pathogĂšnes. Classiquement, lâefficacitĂ© dâinfection dâun champignon dĂ©pend de deux variables climatiques, la tempĂ©rature et la durĂ©e dâhumectation prĂ©sence dâeau libre sur les feuilles ou les fruits. Lâaugmentation des tempĂ©ratures et la diminution de la durĂ©e dâhumectation attendues dans un contexte de changement climatique pourraient avoir des effets antagonistes sur le processus dâinfection. Les simulations rĂ©alisĂ©es dans diffĂ©rents travaux dont le projet CLIMATOR montrent que, selon les besoins en durĂ©e dâhumectation et lâoptimum thermique des pathogĂšnes, diffĂ©rentes situations se dessinent. Ainsi, dans le cas de la rouille brune du blĂ©, les effets de la tempĂ©rature et de la durĂ©e dâhumectation devraient se compenser dans un futur proche, puis lâeffet dĂ©favorable de la baisse significative de la durĂ©e dâhumectation devrait lâemporter et rĂ©duire notablement le nombre de jours favorables aux infections du printemps et de lâĂ©tĂ©. Globalement, on sâattend Ă une diminution marquĂ©e des pertes de rendement dues Ă la rouille brune, notamment pour les variĂ©tĂ©s tardives de blĂ©. Pour la septoriose du blĂ©, on montre que la constitution de lâinoculum serait bien moins limitĂ©e par le froid hivernal, mais quâen revanche la diminution des pluies freinerait ensuite fortement la progression Ă©pidĂ©mique, se traduisant par une diminution de la nuisibilitĂ© de la maladie. Cette baisse de pluviomĂ©trie devrait Ă©galement pĂ©naliser les phases dâinfection et de sporulation du mildiou de la vigne, ainsi que le risque Ă©pidĂ©mique de botrytis, Ă©troitement liĂ© aux prĂ©cipitations durant la pĂ©riode vĂ©raison-maturitĂ©. Toutefois, on constate un effet positif de lâaccroissement de tempĂ©rature et de lâaugmentation de teneur en CO2 sur la croissance de divers champignons qui sont suspectĂ©es ĂȘtre Ă lâorigine de dĂ©viations aromatiques dans les vins Ă©voquant la terre humide, lâhumus, la betterave rouge ou le champignon frais. 43Enfin, lâaugmentation des tempĂ©ratures est Ă©galement susceptible de modifier le positionnement du cycle du champignon par rapport au cycle de la culture. Ainsi, lâavancement des dates de dĂ©bourrement de la vigne pourrait favoriser les infestations primaires de mildiou, mĂȘme si les autres phases du cycle Ă©pidĂ©mique Ă©taient en moyenne freinĂ©es par la baisse de pluviomĂ©trie comme on lâa montrĂ© plus haut [28]. 44En ce qui concerne les insectes ravageurs, le principal facteur ayant un effet direct sur leur cycle reproducteur est la tempĂ©rature [29][30]. Jusquâil y a une dizaine dâannĂ©es, un ravageur majeur de la vigne, lâespĂšce de vers de la grappe Eudemis avait gĂ©nĂ©ralement trois gĂ©nĂ©rations en Aquitaine, la derniĂšre Ă©tant nettement sĂ©parĂ©e des deux prĂ©cĂ©dentes et situĂ©e tard en septembre. Aujourdâhui cette troisiĂšme gĂ©nĂ©ration succĂšde rapidement Ă la deuxiĂšme et il nâest pas rare de trouver une quatriĂšme gĂ©nĂ©ration en octobre/novembre. Mais les effets des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es peuvent parfois ĂȘtre nĂ©fastes au dĂ©veloppement de certains insectes en bloquant les cycles de pontes au-delĂ de 32,5 °C et en causant une forte mortalitĂ© des Ćufs au-delĂ de 38 °C, comme dans le cas dâune autre espĂšce de vers de la grappe, Cochylis [31]. De mĂȘme, il est trĂšs probable que de nouveaux ravageurs puissent faire leur apparition suite au rĂ©chauffement climatique. Ainsi des lĂ©pidoptĂšres, des drosophiles agents de la pourriture acide ou des cochenilles vectrices de virus, cantonnĂ©s actuellement dans les zones mĂ©diterranĂ©ennes, commenceraient leur remontĂ©e [32]. La drosophile fait dĂ©jĂ de nombreux ravages dans les Alpes maritimes source chambre dâagriculture sur les fraises et cerises, et a Ă©tĂ© signalĂ©e en Poitou-Charentes en 2011 source FREDON. II- Adaptations 45Lâadaptation peut ĂȘtre dĂ©finie comme lâensemble des Ă©volutions dâorganisation, de localisation et de techniques que les sociĂ©tĂ©s devront opĂ©rer pour limiter les impacts nĂ©gatifs du changement climatique et en maximiser les effets bĂ©nĂ©fiques ». Elle recouvre des formes dâactions trĂšs variĂ©es qui sâappliquent Ă de nombreux secteurs. Ses problĂ©matiques diffĂšrent suivant les zones et les Ă©chelles gĂ©ographiques et sa mise en Ćuvre implique de combiner des instruments trĂšs divers [33]. Nous nâaborderons ici que les aspects techniques et de localisation en lien avec les enjeux agricoles. Les changements de pratiques culturales 46Lâirrigation est lâune des pratiques culturales qui risque dâĂȘtre la plus remise en question dans le futur. Cela est particuliĂšrement dĂ©terminant pour la culture du maĂŻs, mais aussi la production de semences, les vergers Ă fruits et les lĂ©gumes de plein champ [34]. Les surfaces irriguĂ©es ont augmentĂ© de 20 % depuis les annĂ©es 1980. Les diffĂ©rentes zones de culture de maĂŻs en Aquitaine prĂ©sentent de forts contrastes en matiĂšre de possibilitĂ© dâirrigation. Si les irrigants des sables landais puisent sans contrainte dans la nappe superficielle, abondante et impropre Ă la consommation humaine, les irrigants du bassin de lâAdour, de la Garonne et de la Dordogne sont frĂ©quemment soumis Ă des restrictions, voire des interdictions, lâĂ©tĂ© alors que les besoins du maĂŻs grain sont les plus Ă©levĂ©s. 47Ces derniĂšres annĂ©es, dâimportants efforts ont Ă©tĂ© accomplis pour adapter les apports aux rĂ©els besoins de la plante, en pilotant lâirrigation avec des bilans hydriques ou des mesures de lâeau dans le sol. Par ailleurs, les surfaces en maĂŻs irriguĂ© ont dĂ©cru depuis 2005, et plus de la moitiĂ© des terres libĂ©rĂ©es a Ă©tĂ© rĂ©affectĂ©e Ă dâautres cultures cĂ©rĂ©aliĂšres non irriguĂ©es. Mais dans le contexte du changement climatique et de la rarĂ©faction de la ressource en eau en Aquitaine, la poursuite de la culture du maĂŻs sous irrigation est fortement menacĂ©e dans le Sud-Ouest Ă Ă©chĂ©ance variable en fonction des zones de production [8]. La rĂ©duction des surfaces en maĂŻs irriguĂ© pourrait ainsi libĂ©rer des volumes dâeau pour des irrigations de complĂ©ment pour des cultures non irriguĂ©es jusquâalors blĂ©, tournesol etc. ou le maintien de lâirrigation pour des filiĂšres trĂšs sensibles semences, vergers, lĂ©gumes de plein champ [34]. Du point de vue Ă©conomique, la culture du maĂŻs a permis jusquâĂ prĂ©sent le maintien de nombreuses exploitations de taille moyenne, elle est aussi liĂ©e aux systĂšmes de culture sous contrats » qui rendent lâirrigation presque obligatoire pour maximiser et sĂ©curiser le rendement. Par ailleurs, les politiques publiques de dĂ©veloppement agricole avaient clairement affichĂ© lâirrigation comme prioritĂ© stratĂ©gique dĂšs le milieu des annĂ©es 1980 pour maintenir le marchĂ© des cultures sous contrats » et pousser Ă lâintensification de certaines cultures. Ce sont donc principalement des Ă©lĂ©ments de politique publique modĂšles dâagriculture, PAC, prix de lâeau, arbitrage au sein des territoires, dĂ©veloppement dâinfrastructures pour le stockage de lâeau qui feront Ă©voluer la situation [11]. 48La tendance actuelle est de continuer Ă envisager lâirrigation des vergers en mettant en Ćuvre des techniques permettant de rĂ©duire les apports de 20 Ă 30 % sans pĂ©naliser la production. En Lot-et-Garonne, lâATGM participe Ă de nombreux projets de recherche et dâexpĂ©rimentation dont lâobjectif est dâune part de mieux prĂ©voir les risques de sĂ©cheresse et de mieux piloter lâirrigation. Lâirrigation de la vigne en Aquitaine, interdite jusquâalors en AOP, ne pourrait ĂȘtre envisagĂ©e quâen dernier recours, en se posant clairement la question des prioritĂ©s en matiĂšre de partage des ressources en eau. La vigne est une plante naturellement rĂ©sistante Ă la sĂ©cheresse, qui nâest pas cultivĂ©e pour obtenir un rendement maximal, mais un rendement compatible avec une qualitĂ© donnĂ©e des raisins, les deux Ă©lĂ©ments Ă©tant dĂ©terminants pour la rentabilitĂ© Ă©conomique des exploitations. Par ailleurs, lâirrigation, mĂȘme raisonnĂ©e, peut conduire Ă une augmentation supplĂ©mentaire de la teneur en sucres des raisins. 49Dâautres pratiques culturales peuvent ĂȘtre modifiĂ©es en rĂ©ponse au changement climatique. Pour les grandes cultures, lâavancĂ©e des dates de semis est une pratique qui est dĂ©jĂ mise en Ćuvre et pourra se poursuivre. DâaprĂšs les rĂ©sultats de CLIMATOR, elle serait a priori trĂšs intĂ©ressante pour le tournesol. Pour le blĂ©, lâavancement des dates de semis, intĂ©ressant en termes dâesquive du stress hydrique de fin de cycle, doit ĂȘtre rĂ©flĂ©chi en tenant compte de ses consĂ©quences sur la gestion de la flore adventice et sur la phase de germination et levĂ©e en lien avec lâhumiditĂ© du sol. Dans le cas du maĂŻs et du sorgho, son intĂ©rĂȘt est vĂ©rifiĂ©, mais plus limitĂ© compte tenu de la physiologie et du positionnement calendaire de ces deux espĂšces. 50En viticulture, le potentiel de certaines pratiques doit ĂȘtre Ă©valuĂ©. La mise en Ćuvre de la taille hivernale pourrait ĂȘtre retardĂ©e, avec pour consĂ©quence un retard de quelques jours seulement sur le dĂ©marrage de la vĂ©gĂ©tation. Lâaccumulation en sucres des raisins est Ă©galement trĂšs dĂ©pendante de lâĂ©quilibre entre la quantitĂ© de feuillage qui produit les sucres et de raisins qui accumulent les sucres. Ainsi, une rĂ©duction du rapport feuilles/fruit, soit par une augmentation de rendement, soit par une diminution de la surface foliaire, pourrait prĂ©senter un intĂ©rĂȘt dans le cadre du changement climatique. Câest paradoxalement lâinverse de ce qui est conseillĂ© depuis 30 ans en viticulture, car appliquĂ© Ă un contexte oĂč la teneur en sucres des raisins Ă©tait jusquâĂ prĂ©sent un facteur limitant de la qualitĂ©. Les pratiques de taille hivernale, de conduite du feuillage et dâĂ©claircissage pourraient ĂȘtre revues dans ce sens. On pourra Ă©galement Ă court terme adapter le systĂšme de conduite pour Ă©viter lâĂ©chauffement des baies de raisin, par exemple dĂ©velopper toutes les pratiques favorisant lâombrage des grappes par les feuilles par exemple usage du cordon dĂ©ployĂ© comme en Espagne. Finalement, une diminution de la densitĂ© de plantation nombre de souches/ha pourrait conduire Ă une rĂ©duction des besoins en eau. Ătant en gĂ©nĂ©ral accompagnĂ©e dâune augmentation du rendement par souche pour maintenir le rendement Ă lâhectare, les effets pourraient retarder lâaccumulation des sucres dans les raisins. Lâimpact sur lâaccumulation des composĂ©s phĂ©noliques devrait ĂȘtre Ă©valuĂ©. Le changement dâespĂšces et de variĂ©tĂ©s 51Le maintien de la culture du maĂŻs dans la rĂ©gion Aquitaine ne pourra se faire sans une orientation nette vers des variĂ©tĂ©s plus prĂ©coces et des dates de semis avancĂ©es. Mais cette Ă©volution ne rĂ©soudra pas Ă elle seule les difficultĂ©s pressenties. La modĂ©ration des surfaces et la possibilitĂ© dâaccroissement de la ressource en eau devront Ă©galement ĂȘtre Ă©tudiĂ©es. Pour maintenir la culture du maĂŻs dans la rĂ©gion Aquitaine, le recours Ă des variĂ©tĂ©s Ă cycle court avec des maturitĂ©s plus prĂ©coces permettrait dâimportantes Ă©conomies dâeau dâirrigation. Pour le blĂ©, le choix des variĂ©tĂ©s prĂ©coces permettrait dâĂ©viter les pĂ©riodes de stress hydrique importantes en fin de cycle, sous rĂ©serve que lâimplantation se rĂ©alise en condition dâhumiditĂ© du sol suffisante pour permettre une germination rapide et une bonne installation du peuplement. Dans le cas du tournesol, le choix de variĂ©tĂ©s progressivement Ă cycle long et lâavancĂ©e des semis pourra ponctuellement offrir des perspectives dâaugmentation des rendements, mais pas de façon systĂ©matique. Actuellement, de programmes de recherche de variĂ©tĂ©s moins gourmandes en eau et plus rĂ©sistantes aux fortes tempĂ©ratures est en cours pour toutes ces espĂšces. Le sorgho est une culture qui a des atouts indĂ©niables dâadaptation Ă la sĂ©cheresse attendue dans le cadre du changement climatique, grĂące Ă son systĂšme racinaire, plus profond que celui du maĂŻs, et son feuillage moins exubĂ©rant [11] Figure 6. Elle pourrait avantageusement remplacer la culture du maĂŻs. Les perspectives de cette culture dans la rĂ©gion Aquitaine montrent que lâon peut sâattendre Ă une augmentation de 6 qtx/ha du rendement dâici la fin du siĂšcle pour le sorgho pluvial. De plus, lâintroduction de lâirrigation raisonnĂ©e permettrait dâamĂ©liorer la capacitĂ© de production de cette culture alternative. Figure 6 Besoins en irrigation moyens de 7 cultures dâhiver et dâĂ©tĂ© simulation avec le modĂšle [35] sur la base de seuils transpiration rĂ©elle/transpiration maximale » diffĂ©rents selon la sensibilitĂ© des cultures 3 niveaux de rĂ©serve utile RU, sols argilo-limoneux, climat Toulouse 1984-2004 [11]. 52Pour la vigne, la modification des cĂ©pages et des porte-greffes paraĂźt ĂȘtre une alternative Ă considĂ©rer avec sĂ©rieux que ce soit pour essayer de retarder la maturitĂ© ou pour amĂ©liorer lâadaptation Ă la sĂ©cheresse [36]. Ătant donnĂ© les impacts du changement climatique sur la qualitĂ© et la typicitĂ© des vins, il conviendra dâabord de retarder la phĂ©nologie. Cela peut se faire, dans un premier temps, par le recours Ă des clones plus tardifs et des porte-greffes Ă cycle plus long 420A, 41B. Il sera aussi possible dâaugmenter la proportion de cĂ©pages tardifs, tout en restant dans la palette des cĂ©pages traditionnellement cultivĂ©s en Aquitaine Cabernet-Sauvignon, Cabernet franc et Petit Verdot pour la production de vins rouges, petit Manseng, gros Manseng et Colombard pour les cĂ©pages blancs. Pour la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle, cette solution ne sera certainement pas suffisante et lâintroduction de cĂ©pages tardifs non autochtones pourrait ĂȘtre envisagĂ©e [36] Figure 7. Il est nĂ©anmoins nĂ©cessaire dâĂ©valuer au prĂ©alable leur compatibilitĂ© avec la typicitĂ© des vins de Bordeaux. Le recours Ă des cĂ©pages dâorigine atlantique, comme le Touriga nacional cĂ©page tardif portugais pourrait ĂȘtre prometteur. Des recherches sont actuellement menĂ©es dans ce sens en Aquitaine par lâISVV avec le soutien du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux CIVB. En ce qui concerne la sĂ©cheresse, il est bien connu quâil existe une large variabilitĂ© de comportement entre cĂ©pages et aussi entre porte-greffes. Plusieurs programmes de recherches sont conduits Ă ce sujet Ă lâISVV pour sĂ©lectionner des porte-greffes plus rĂ©sistants Ă la sĂ©cheresse. Figure 7 Classification des besoins thermiques de quelques cĂ©pages pour atteindre le stade maturation des raisins. Ces besoins sont calculĂ©s en faisant la somme des tempĂ©ratures journaliĂšres moyennes supĂ©rieures au seuil de 10 °C Ă partir du 1er janvier jusquâĂ la date de maturitĂ© des raisins. Un jour Ă tempĂ©rature moyenne de 15 °C apporte 5 °C. J Ă la somme et un jour Ă tempĂ©rature moyenne infĂ©rieure Ă 10 °C nâapporte rien Ă la somme. Cet indice caractĂ©rise la prĂ©cocitĂ© des diffĂ©rents cĂ©pages. Les cĂ©pages situĂ©s sur la gauche du graphique mĂ»rissent le plus tĂŽt, et ceux qui sont sur la droite mĂ»rissent le plus tard. Les cĂ©pages les plus tardifs pourraient ĂȘtre introduits dans lâencĂ©pagement bordelais, aprĂšs avoir expĂ©rimentĂ© leur potentiel pour Ă©laborer des vins de qualitĂ© dans la rĂ©gion Aquitaine [37]. 53Pour les espĂšces fruitiĂšres, la recherche de variĂ©tĂ©s adaptĂ©es Ă des automnes chauds fraisier, Ă des hivers doux cerisier est dĂ©veloppĂ©e Ă lâINRA dâAquitaine. Sur fraisier, le rĂŽle de la tempĂ©rature sur lâarchitecture de la plante est analysĂ© pour mieux comprendre lâĂ©quilibre entre dĂ©veloppement vĂ©gĂ©tatif et reproducteur et son Ă©volution attendue avec le changement climatique. Le changement de localisation 54La capacitĂ© Ă maintenir un certain confort hydrique pour chaque culture sols profonds pour le maĂŻs et le blĂ©, sols moins riches pour le tournesol ou le sorgho est dĂ©jĂ prise en compte dans le choix des assolements. Lâenjeu majeur rĂ©sidera alors Ă limiter les besoins en eau dâirrigation dans certaines zones de la rĂ©gion, en remplaçant partiellement certaines cultures par dâautres moins consommatrices. 55En viticulture, notamment en Aquitaine, les enjeux spatiaux sont majeurs, en raison de la prĂ©pondĂ©rance des vins en Appellation dâOrigine ProtĂ©gĂ©e. LâAOP est une dĂ©nomination europĂ©enne de protection reprenant lâAOC française et lui reconnaissant une valeur europĂ©enne dâun produit liĂ© Ă son origine gĂ©ographique. Il garantit lâorigine de produits alimentaires traditionnels, issus dâun terroir et dâun savoir-faire particulier. Il est soumis Ă une rĂ©glementation trĂšs stricte et conditionne en partie lâorganisation gĂ©nĂ©rale de la filiĂšre. Le terroir est dĂ©fini comme un Ă©cosystĂšme cultivĂ© dans lequel la vigne est en interaction avec le sol et le climat [38]. 56Le climat aquitain prĂ©sente une variabilitĂ© non nĂ©gligeable qui a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e dans la zone de production des vins de Bordeaux [39] et qui pourrait donc ĂȘtre mise Ă profit pour relocaliser la vigne sur des zones plus fraĂźches et donc plus tardives dans un mĂȘme espace gĂ©ographique. Lâeffet des tempĂ©ratures sur les cultures est classiquement Ă©valuĂ© par lâĂ©tablissement des sommes de tempĂ©ratures. La somme de tempĂ©ratures journaliĂšres moyennes supĂ©rieures au seuil de 10 °C, calculĂ©e sur la pĂ©riode sâĂ©talant du 1er janvier Ă fin septembre varie dâenviron 300 °C. J sur la zone de production des vins de Bordeaux Figure 8. Cette variabilitĂ© est du mĂȘme ordre de grandeur que la variabilitĂ© des sommes thermiques entre millĂ©simes et du mĂȘme ordre que les changements prĂ©vus pour le futur proche. Elle est aussi du mĂȘme ordre de grandeur que les diffĂ©rences entre la somme thermique enregistrĂ©e en Bourgogne Figure 8 Cartographie des sommes de tempĂ©ratures supĂ©rieures Ă 10 °C entre le 1er janvier et le 30 septembre de lâannĂ©e 2003, Ă lâĂ©chelle du vignoble bordelais. La somme des tempĂ©ratures peut varier de 1700 dans certaines zones du Blayais et du Nord-Ouest du MĂ©doc Ă 2000 °C. J dans les vignobles proches de lâagglomĂ©ration bordelaise ou sur les rives de Garonne et Dordogne [38]. 571160 °C. J en moyenne trentenaire pour Dijon et celle enregistrĂ©e Ă Bordeaux 1490 °C. J, ou encore entre Bordeaux et le Languedoc 1800 °C. J pour Montpellier [40]. La connaissance de cette variabilitĂ© climatique Ă lâĂ©chelle des terroirs viticoles fait actuellement lâobjet de plusieurs projets de recherche TERADCLIM, LACCAVE avec plusieurs zones dâĂ©tudes dans le Bordelais. Localement, ces recherches sont soutenues par les professionnels. Possible sur le plan strictement technique, une relocalisation dans des espaces gĂ©ographiques nouveaux soulĂšvera des questions socio-Ă©conomiques et organisationnelles majeures. Impacts sur lâĂ©levage et les systĂšmes prairiauxEn Aquitaine, la production agricole est en valeur Ă prĂšs de 70 % dâorigine vĂ©gĂ©tale. Les productions animales sont essentiellement reprĂ©sentĂ©es par la filiĂšre bovine 10 % et la volaille 9 %. Pourtant lâĂ©levage concerne 30 % des exploitations en Aquitaine et utilise prĂšs de 40 % de la SAU sous forme de cultures fourragĂšres et de surfaces en herbe. Ă lâĂ©chelle nationale, lâĂ©levage herbivore contribue Ă 11 % des Ă©missions brutes de gaz Ă effet de serre, mais cette part Ă tendance Ă se rĂ©duire. Dans le contexte du changement climatique, lâeffort porte Ă la fois sur la rĂ©duction de lâimpact environnemental des activitĂ©s dâĂ©levage rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre, Ă©conomie dâĂ©nergie au niveau des bĂątiments agricoles et les Ă©tudes dâimpact de la modification des paramĂštres climatiques sur la production des Ă©levages et des aliments destinĂ©s Ă lâĂ©levage. LâĂ©tablissement dâenseignement supĂ©rieur Bordeaux-Sciences-Agro sâimplique particuliĂšrement dans ces de lâaugmentation de la tempĂ©rature et des vagues de chaleur sur les Ă©levages avicoles et porcins fait lâobjet de travaux de recherche dans les rĂ©gions trĂšs concernĂ©es, notamment la Bretagne. Mais les rĂ©sultats obtenus sont extrapolables Ă lâAquitaine. Ces animaux ne transpirant pas, ils doivent Ă©vacuer la chaleur produite par leur organisme par diffĂ©rents mĂ©canismes, et notamment lâaugmentation de leur rythme respiratoire. Les difficultĂ©s dâĂ©vacuer la chaleur augmentent avec la tempĂ©rature et lâhumiditĂ© de lâair, ce qui peut entraĂźner des baisses de production voire la mort des animaux [41][42]. Par ailleurs diffĂ©rents facteurs liĂ©s Ă lâalimentation et Ă lâĂąge des animaux jouent sur la production de chaleur. Les recherches portent actuellement sur la mise au point de modĂšles qui permettent de simuler la production de chaleur et la productivitĂ© des animaux, afin de pouvoir estimer Ă terme les impacts des augmentations de tempĂ©rature prĂ©vues par les climatologues. PIGCHANGE, un projet du MĂ©taprogramme ACCAF est consacrĂ© Ă ces travaux. Ces travaux prennent Ă©galement en compte les caractĂ©ristiques des bĂątiments dâĂ©levage afin dâen amĂ©liorer lâisolation thermique et la ce qui concerne la production dâaliments et les systĂšmes prairiaux, il a Ă©tĂ© montrĂ© quâĂ court terme une rĂ©duction des surfaces en maĂŻs du fait de la restriction des volumes dâeau prĂ©levables pour lâirrigation ne remet pas en question la production et la transformation de volailles. Outre leur fonction de production, les prairies jouent Ă©galement un rĂŽle de protection de lâenvironnement limitation du lessivage, de la biodiversitĂ©, en tant que puits de carbone, et de dĂ©toxification des polluants de sols. Lâimpact du changement climatique sur ces Ă©co-agro systĂšmes doit donc ĂȘtre Ă©valuĂ© en termes de production, de qualitĂ© et aussi de diversitĂ© biologique. Les travaux rĂ©alisĂ©s dans le programme CLIMATOR [8] pour les prairies semĂ©es montrent que le rĂ©chauffement climatique devrait permettre un allongement de la pĂ©riode de production et donc une exploitation fauche ou pĂąturage plus tĂŽt au printemps et plus tard en fin dâannĂ©e. Par contre une diminution du rendement estival est envisagĂ©e Ă cause de la sĂ©cheresse, ce qui accentuerait le problĂšme de surproduction dâherbe au printemps et de manque de fourrages en Ă©tĂ©. En Aquitaine, les augmentations de production seraient assez limitĂ©es. De plus des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es sur des prairies naturelles en Dordogne et dans les PyrĂ©nĂ©es par une Ă©quipe de lâUniversitĂ© de Bordeaux I EPOC montrent que lâeffet du changement climatique sur les communautĂ©s herbacĂ©es dĂ©pendrait fortement des situations locales, et ce en interaction avec les modes de gestion des prairies. En zones dĂ©jĂ sĂšches en Dordogne, lâaggravation de la sĂ©cheresse aurait un impact trĂšs nĂ©gatif sur la diversitĂ©, la composition floristique et le fonctionnement des Ă©cosystĂšmes, aussi bien en situation fauchĂ©e ou pĂąturĂ©e que dans les espaces abandonnĂ©s par la gestion [43][44]. En revanche, dans les PyrĂ©nĂ©es et en situation sĂšche, la sĂ©cheresse induite par le changement climatique nâaffecterait nĂ©gativement la diversitĂ© que dans les zones trĂšs pĂąturĂ©es ou trĂšs fauchĂ©es. En zones plus humides, aussi bien en Dordogne que dans les PyrĂ©nĂ©es la diversitĂ© augmenterait avec la fauche sans effet de la sĂ©cheresse. Conclusion 58Ătant donnĂ© lâimportance de lâagriculture en Aquitaine et le positionnement que cela confĂšre Ă la rĂ©gion dans lâĂ©conomie nationale, le changement climatique reprĂ©sente un enjeu majeur quâil est nĂ©cessaire dâores et dĂ©jĂ de prendre en compte. Les efforts pour en Ă©tudier les impacts et envisager des adaptations devront se faire en concertation entre tous les acteurs des diffĂ©rentes filiĂšres concernĂ©es. La rĂ©flexion et lâaction devront ĂȘtre collectives et prendre en compte tous les Ă©lĂ©ments dĂ©terminants pour lâagriculture, y compris ceux relatifs Ă la protection des Ă©cosystĂšmes. Pour la rĂ©gion Aquitaine, il sâagira notamment de prĂ©server le potentiel agricole, en recherchant des solutions agronomiques qui conduisent Ă une rĂ©duction des besoins en eau dâirrigation. Il serait dĂ©terminant de mettre en place un observatoire du changement climatique et de ses effets agricoles en rĂ©gion Aquitaine. Une rĂ©flexion sĂ©rieuse sur les types dâagriculture adaptĂ©s et le lien production-commercialisation devra ĂȘtre conduite pour maintenir le tissu Ă©conomique. La question de lâirrigation devra ĂȘtre posĂ©e quel que soit le type de culture, et les choix devront ĂȘtre Ă©tablis en tenant compte des usages partagĂ©s de la ressource en eau, que ce soit entre les diffĂ©rents utilisateurs, mais aussi entre les diffĂ©rents dĂ©partements de la rĂ©gion Aquitaine. 59Certains secteurs comme les fruits et lĂ©gumes pourraient bĂ©nĂ©ficier de lâavancĂ©e des dates de rĂ©colte et amĂ©liorer ainsi leur compĂ©titivitĂ© vis-Ă -vis dâautres rĂ©gions françaises et europĂ©ennes. La viticulture dispose quant Ă elle dâun potentiel adaptatif important et devrait avoir comme objectif de maintenir, dans les nouvelles conditions climatiques, le haut niveau qualitatif qui est la marque du vignoble aquitain. Les procĂ©dures rĂ©glementaires devront prendre en compte les adaptations techniques nĂ©cessaires. Pour ces cultures, il existe une dynamique scientifique bien implantĂ©e dans la RĂ©gion, dont les objectifs prioritaires de recherche tiennent compte des impacts du changement climatique et des adaptations Ă mettre en Ćuvre. 60La question de lâadaptation de lâagriculture au changement climatique est par nature plurifactorielle et doit ĂȘtre abordĂ©e par des recherches pluridisciplinaires, allant des sciences physiques et biologiques aux sciences humaines et sociales. La question de lâadaptation de la Viticulture aquitaine au changement climatique devrait Ă ce titre, constituer une prioritĂ© exemplaire dans le sens servir dâexemple. Comme cette viticulture est principalement associĂ©e Ă la notion dâappellation dâorigine, la question des adaptations techniques doit ĂȘtre envisagĂ©e, conjointement Ă une rĂ©flexion sur les dispositions rĂ©glementaires, mais aussi sur le lien au terroir comme gage de qualitĂ© et de valorisation commerciale. La recherche bordelaise, au sein de lâISVV, sâest engagĂ©e dans cette direction, que ce soit au niveau rĂ©gional, quâau niveau national. Les forĂȘts 61Coordination Antoine Kremer 62RĂ©dacteurs Laurent Augusto, Vincent Banos, Alexandre Bosc, Yves Brunet, Antoine Collin, Emmanuel Corcket, Sylvain Delzon, Marie-Laure Desprez-Loustau, HervĂ© Jactel, Antoine Kremer, Denis Loustau, Jean-Jacques Malfait, CĂ©line Meredieu, Olivier Mora, Virginie Moreaux, Dominique Piou, Margot RĂ©golini, Pierre Trichet AprĂšs avoir rappelĂ© lâimportance Ă©cologique et Ă©conomique des forĂȘts en Aquitaine, ce chapitre fait une revue des effets dĂ©jĂ visibles des changements globaux sur les forĂȘts, des tendances futures et des mesures dâanticipation envisagĂ©es. Il est souvent difficile dâattribuer les effets observĂ©s aujourdâhui au seul changement climatique. LâaccĂ©lĂ©ration de la croissance de certaines essences, lâavancĂ©e de la date de dĂ©bourrement des arbres et leur migration sont les manifestations les plus tangibles des effets des changements environnementaux en cours. Ces tendances sont amenĂ©es Ă se renforcer, mĂȘme si lâĂ©volution de la productivitĂ© pourrait prĂ©senter des disparitĂ©s gĂ©ographiques fortes au cours des dĂ©cennies Ă venir. Le changement climatique augmentera lâexposition des forĂȘts Ă des risques phytosanitaires et physiques feux, sĂ©cheresse, Ă lâĂ©mergence de pathosystĂšmes nouveaux. Des politiques de gestion adaptative sont envisagĂ©es avec lâobjectif dâamĂ©liorer la rĂ©silience des peuplements forestiers, ou de renforcer les mĂ©canismes dâadaptation des espĂšces aux changements environnementaux. Les forĂȘts offrent Ă©galement des opportunitĂ©s dâattĂ©nuation des effets du changement climatique, qui rĂ©sident dans leur capacitĂ© de stockage du carbone in situ, dans les sols et la biomasse, et de substitution par les produits forestiers du carbone fossile utilisĂ© dans diffĂ©rents secteurs Ă©nergie, construction, etc.. Introduction 63Les forĂȘts dâAquitaine constituent une ressource Ă©conomique et Ă©cologique considĂ©rable, tant par la diversitĂ© des ressources biologiques quâelles renferment que par les services et produits quâelles fournissent. Elles couvrent globalement 1,8 million dâha, ce qui correspond Ă un taux de boisement de 43 % le taux moyen national de boisement est de 29 %. On distingue traditionnellement trois types de forĂȘts, rĂ©parties sur des zones Ă©cologiques contrastĂ©es Les forĂȘts des plateaux calcaires de Dordogne et du Lot-et-Garonne partiellement recouverts de placages acides 360 000 ha, principalement constituĂ©es de chĂȘne pĂ©donculĂ©, chĂȘne sessile, chĂątaignier et pin maritime. Les forĂȘts du bassin sĂ©dimentaire sableux des Landes de Gascogne triangle landais, 1,2 million dâha, constituĂ©es de pin maritime et de chĂȘne pĂ©donculĂ© et chĂȘne tauzin. Les forĂȘts de la zone Adour-PyrĂ©nĂ©es 277 000 ha regroupent trois ensembles majoritairement feuillus vallĂ©e de lâAdour, piĂ©mont pyrĂ©nĂ©en, montagne pyrĂ©nĂ©enne et sont principalement composĂ©es de chĂȘne pĂ©donculĂ©, chĂątaignier, frĂȘne, aulne, robinier, Ă©rable, hĂȘtre et sapin. 64Leur situation Ă©cologique et gĂ©ographique particuliĂšre entre rĂ©gions mĂ©diterranĂ©enne et tempĂ©rĂ©e fait que nombre dâespĂšces forestiĂšres se retrouvent en limite dâaire de rĂ©partition mĂ©ridionale hĂȘtre, chĂȘne sessile ou septentrionale chĂȘne-liĂšge, chĂȘne tauzin, dont le maintien ou lâextension sera sans doute dĂ©pendant de leurs rĂ©ponses aux changements climatiques. 6 ZNIEFF Zone Naturelle dâIntĂ©rĂȘt Ăcologique, Faunistique et Floristique. 65La production de bois des forĂȘts est une composante majeure de lâĂ©conomie rĂ©gionale. La filiĂšre forĂȘt-bois en rĂ©gion Aquitaine regroupe 33 000 emplois salariĂ©s ce qui reprĂ©sente 10 % de lâemploi industriel dans la rĂ©gion. Outre la production de matĂ©riau bois orientĂ© vers des valorisations industrielles, les forĂȘts dâAquitaine jouent un rĂŽle important dans la protection des milieux fixation des dunes, des berges dans les ripisylves et des sols en montagne et la conservation de la diversitĂ© biologique dans les milieux naturels connexes principalement dans les zones humides, Ă©tangs, lacs cĂŽtiers, tourbiĂšres acides, lagunes⊠ou au sein de zones protĂ©gĂ©es zones Natura 2000, rĂ©serves biologiques, zones ZNIEFF6. Enfin elles constituent un Ă©lĂ©ment essentiel du cadre de vie des Aquitains en offrant de nombreuses activitĂ©s touristiques et rĂ©crĂ©atives. 66Les forĂȘts dâAquitaine ont connu de profondes mutations au cours du siĂšcle dernier. La plus spectaculaire est lâintensification de la sylviculture des peuplements de pin maritime. Dâautres moins connues concernent leur extension en surface et leur croissance accrue. Les trois types de forĂȘts ont doublĂ© en surface au cours du dernier siĂšcle. Au-delĂ de lâaugmentation de la productivitĂ© due notamment Ă lâamĂ©lioration des techniques culturales dans les Landes de Gascogne, la croissance des arbres a continuellement augmentĂ© depuis le dĂ©but du XXe siĂšcle autant en altitude [1] quâen plaine [2], en rĂ©ponse aux changements environnementaux dĂ©pĂŽts azotĂ©s, accroissement de la teneur atmosphĂ©rique en CO2, Ă©lĂ©vation de la tempĂ©rature. Elles ont Ă©galement Ă©tĂ© sujettes Ă de profondes crises dĂ©mographiques suscitĂ©es par des Ă©vĂ©nements climatiques exceptionnels par leur intensitĂ© cf. infra. 67La prĂ©sente contribution constitue un Ă©tat de lieux des connaissances acquises Ă partir des observations faites au cours des toutes derniĂšres dĂ©cennies, sur les effets et consĂ©quences du changement climatique sur les forĂȘts dâAquitaine. Elle complĂšte utilement les constats et synthĂšses faites Ă dâautres Ă©chelles gĂ©ographiques depuis le niveau mondial [3] [4], le niveau europĂ©en [5] [6] [7] et le niveau national [8] [9] [10] [11] [12]. Elle se fixe Ă©galement pour objectif de considĂ©rer les impacts attendus et dâĂ©valuer les capacitĂ©s dâadaptation et dâattĂ©nuation des forĂȘts dâAquitaine. I- Changements et impacts observĂ©s A- PhĂ©nologie des arbres 68La phĂ©nologie est lâĂ©tude des variations des phĂ©nomĂšnes pĂ©riodiques de la vie vĂ©gĂ©tale et animale en relation avec le climat. Les Ă©vĂ©nements phĂ©nologiques sont des marqueurs du climat mais jouent Ă©galement un rĂŽle central dans lâadaptation des ĂȘtres vivants aux variations climatiques. Pour les arbres, ils conditionnent en grande partie les Ă©changes de carbone entre lâatmosphĂšre et la biosphĂšre terrestre et semblent jouer un rĂŽle sur les limites de rĂ©partition des espĂšces. Dans le contexte actuel de changement climatique, ces caractĂšres adaptatifs revĂȘtent donc une importance croissante dans de nombreux domaines de recherche fondamentale et appliquĂ©e. Câest pourquoi plusieurs Ă©tudes scientifiques, rĂ©seaux dâobservations, bases de donnĂ©es et programmes de recherches sur la phĂ©nologie ont vu le jour ces derniĂšres annĂ©es dans les unitĂ©s de recherche dâAquitaine. 69Les suivis phĂ©nologiques de la date de dĂ©bourrement des feuilles effectuĂ©s au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies montrent que toutes les espĂšces forestiĂšres Ă©tudiĂ©es en forĂȘt naturelle chĂȘne sessile, hĂȘtre commun, houx, Ă©rable sycomore, frĂȘne Ă©levĂ© et sapin commun ont avancĂ© leur date de dĂ©bourrement en rĂ©ponse au rĂ©chauffement du climat [13]. Toutefois, nous constatons que la sensibilitĂ© phĂ©nologique Ă la tempĂ©rature varie considĂ©rablement entre espĂšces les donnĂ©es montrent que le frĂȘne et le chĂȘne sont les espĂšces dont le dĂ©bourrement a Ă©tĂ© le plus avancĂ© au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies alors que le dĂ©bourrement du hĂȘtre nâa Ă©tĂ© affectĂ© que marginalement sur cette mĂȘme pĂ©riode Figure 1. Les rĂ©sultats montrent Ă©galement, pour toutes les espĂšces Ă©tudiĂ©es, un allongement de la saison de croissance diffĂ©rence entre la date de dĂ©bourrement et la date de chute des feuilles avec lâaugmentation de la tempĂ©rature moyenne annuelle. Toutefois, les diffĂ©rences de sensibilitĂ© Ă la tempĂ©rature de la phĂ©nologie printaniĂšre et automnale induisent des rĂ©ponses en termes de saison de croissance relativement contrastĂ©es entre les espĂšces. Le hĂȘtre et le frĂȘne sont les espĂšces dont la saison de croissance sâallonge le moins face Ă une augmentation de la tempĂ©rature respectivement 8 et 7 jours/°C alors que cet allongement est supĂ©rieur Ă 13 jours par degrĂ© pour le chĂȘne [13]. Par consĂ©quent, le changement climatique a et va avoir un impact important sur lâĂ©quilibre compĂ©titif des espĂšces vivant dans une mĂȘme communautĂ©. Figure 1 SensibilitĂ© phĂ©nologique du dĂ©bourrement date dâapparition des feuilles Ă la tempĂ©rature pour six espĂšces forestiĂšres Ă©tudiĂ©es dans le massif des PyrĂ©nĂ©es depuis 2005, le long de gradients altitudinaux. LâordonnĂ©e reprĂ©sente le jour du dĂ©bourrement en nombre de jours depuis le premier janvier et lâabscisse la tempĂ©rature moyenne annuelle au site dâobservation. Les tendances montrent que toutes les espĂšces avancent leur date de dĂ©bourrement avec lâaugmentation de la tempĂ©rature mais cette sensibilitĂ© varie significativement entre espĂšces Vitasse et al. [13]. La pente de la droite de rĂ©gression chiffre en rouge reprĂ©sente le dĂ©calage moyen de la date de dĂ©bourrement exprimĂ©e en nombre de jours par degrĂ© de rĂ©chauffement j °C -1 . B- Migration des espĂšces 70De nombreuses Ă©tudes basĂ©es sur de la modĂ©lisation prĂ©disent des migrations dâespĂšces vers des plus hautes latitudes et altitudes, notamment en Europe cf. infra et AmĂ©rique du Nord. Lâexemple le plus frappant en Aquitaine est sans doute celui du chĂȘne vert Q. ilex. La dynamique temporelle du chĂȘne vert a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e dans le MĂ©doc proche de la limite nord de son aire de rĂ©partition depuis 1880 grĂące Ă une Ă©tude historique des peuplements utilisation des sommiers de lâONF. En 1880, Q. ilex nâĂ©tait pas prĂ©sent sur les 4 036 ha de la forĂȘt domaniale de Hourtin voir Figure 2, carte du haut. Entre 1880 et 1916, le chĂȘne vert a colonisĂ© les dunes barkhanoĂŻdes par le Nord-est, probablement via la dispersion de glands issus de forĂȘts relictuelles dont il a Ă©tĂ© retrouvĂ© lâexistence Ă quelques kilomĂštres de la forĂȘt domaniale donnĂ©es non prĂ©sentĂ©es. Entre 1916 et 1991, Q. ilex a colonisĂ© de nouvelles parcelles vers le Sud et vers lâEst il disparaĂźt localement suite aux incendies de 1944 carte de 1953 et on peut observer lâaccĂ©lĂ©ration de son expansion Ă partir des annĂ©es 1950. En 2011, il est prĂ©sent dans lâintĂ©gralitĂ© des parcelles de la rĂ©serve naturelle dâHourtin et sa densitĂ© est extrĂȘmement Ă©levĂ©e dans les parcelles de hauts de dunes oĂč la nappe phrĂ©atique est trĂšs profonde. Cette colonisation relativement rapide a Ă©tĂ© confirmĂ©e dans trois autres forĂȘts littorales de la cĂŽte atlantique voir Ă©galement la forĂȘt dâOlonne sur Mer au nord de la forĂȘt dâHourtin, Figure 2, carte du bas. Les vitesses de migration de Q. ilex estimĂ©es Ă partir de ces cartes sont de 30 m par an et sont significativement infĂ©rieures Ă celles prĂ©dites par les modĂšles de niche bioclimatique cf. infra. Autrement dit, la vitesse de migration spontanĂ©e observĂ©e pour le chĂȘne vert est trop lente pour suivre lâĂ©volution supposĂ©e du climat. Figure 2 Distribution du chĂȘne vert dans deux forĂȘts domaniales au cours des 120 derniĂšres annĂ©es. Panneau supĂ©rieur cartes du parcellaire de la forĂȘt dâHourtin 87 parcelles soit 4 000 ha de 1880 Ă nos jours. La couleur verte indique la prĂ©sence du chĂȘne vert. Les dates correspondent aux annĂ©es de parution des plans dâamĂ©nagement. Le chiffre mentionnĂ© au-dessus des plans indique le nombre de parcelles prĂ©sentant du chĂȘne vert. Panneau infĂ©rieur cartes du parcellaire de la forĂȘt domaniale dâOlonne sur Mer Ă quelques dizaines de kilomĂštres au nord de la forĂȘt de Hourtin. La couleur verte indique la prĂ©sence de chĂȘne vert. Les dates correspondent aux annĂ©es de parution des plans dâamĂ©nagement. Ces donnĂ©es historiques mettent en Ă©vidence une colonisation trĂšs rapide du chĂȘne vert Ă la limite nord de son aire de distribution Urli 2013 [14]. C- Croissance 71Ă lâĂ©chelle mondiale, une tendance Ă lâaugmentation de la productivitĂ© a Ă©tĂ© observĂ©e pendant les deux derniĂšres dĂ©cennies du XXe siĂšcle [15] [16] [17], sans que lâon puisse attribuer au seul changement climatique cette augmentation. En Aquitaine, lâanalyse des donnĂ©es dâinventaire forestier ainsi que les observations dendrochronologiques ont permis de mettre en Ă©vidence des modifications de croissance en forĂȘt de montagne hĂȘtre et en forĂȘt de plaine pin maritime. RemontĂ©e altitudinale de lâoptimum de croissance du hĂȘtre dans les PyrĂ©nĂ©es cf. chapitre 7 72Lâanalyse de la croissance des peuplements forestiers apparaĂźt comme un bon indicateur de lâimpact des changements environnementaux, car la croissance des arbres prĂ©sente une rĂ©ponse rapide aux variations environnementales [18]. Câest dans cet objectif que lâUMR BIOGECO a conduit une analyse dendrochronologique qui a mis en Ă©vidence une remontĂ©e altitudinale de lâoptimum de croissance du hĂȘtre dans les PyrĂ©nĂ©es entre 1970 et 2009. Le long de gradients altitudinaux situĂ©s dans les PyrĂ©nĂ©es françaises, lâoptimum de croissance de cette espĂšce, qui est ici dans sa limite sud dâaire de rĂ©partition, sâest dĂ©placĂ© Ă la vitesse de 34 m par dĂ©cennie passant de 420 m dâaltitude en 1970 Ă 550 m dâaltitude quatre dĂ©cennies plus tard. Cette remontĂ©e sâexplique dâune part par un dĂ©clin de croissance Ă basse altitude en dessous de 600 m et dâautre part par un gain de croissance au-dessus de 600 m au cours des quatre derniĂšres annĂ©es Figure 3. De plus, la comparaison des variations annuelles du climat et de la croissance a permis de constater que les faibles prĂ©cipitations tout comme les hautes tempĂ©ratures conduisent Ă un optimum de croissance plus Ă©levĂ© le long du gradient. Figure 3 Accroissement moyen du hĂȘtre en surface terriĂšre en cmÂČ sur les pĂ©riodes 1995-2009 et 1970-1984. La croissance des 15 derniĂšres annĂ©es prĂ©sente un dĂ©clin sensible en dessous de 600 m dâaltitude par rapport Ă celle de 1970-1984. Au-dessus de 600 m, la croissance des arbres a par contre augmentĂ© lors de la pĂ©riode rĂ©cente. Le dĂ©clin Ă basse altitude et le gain de croissance Ă haute altitude ont conduit Ă une remontĂ©e altitudinale de lâoptimum de croissance Paillette 2010 [19]. Ăvolution de la croissance des peuplements de pin maritime 73En France, depuis de nombreuses annĂ©es lâInstitut national de lâinformation gĂ©ographique et forestiĂšre IGN mesure, sur des placettes dâinventaire rĂ©parties sur tout le territoire, des accroissements radiaux sous Ă©corce par sondage dâarbres. En Aquitaine, si on regarde les inventaires du XXe siĂšcle pour une des essences emblĂ©matiques du massif landais, le pin maritime, on constate une augmentation de sa productivitĂ© en Gironde, pour les futaies rĂ©guliĂšres, moyenne de 10,1 m3/ha/an en 1999 contre 7,2 m3/ha/an en 1977 [source IFN]. Mais dans le mĂȘme temps, le massif subissait de nombreuses Ă©volutions en trois pĂ©riodes successives abandon progressif de la sylviculture du gemmage aprĂšs la seconde guerre mondiale, gĂ©nĂ©ralisation du drainage, de la prĂ©paration du sol, du semis en ligne et de la fertilisation phosphatĂ©e Ă partir des annĂ©es 1960 et enfin, depuis les annĂ©es 1990, utilisation de matĂ©riel vĂ©gĂ©tal amĂ©liorĂ© pour 50 % des surfaces reboisĂ©es [20] et aujourdâhui Ă plus de 90 %. 74La productivitĂ© en volume comme en surface terriĂšre varie en fonction des facteurs de lâenvironnement mais Ă©galement au cours de la vie dâun peuplement en fonction de son Ăąge, atteignant plus ou moins rapidement une valeur maximale puis dĂ©clinant au-delĂ . Lâamplitude et la rapiditĂ© des variations dĂ©pendent notamment de lâessence et de la fertilitĂ©. Pour une essence comme le pin maritime traitĂ©e principalement en futaie rĂ©guliĂšre il est plus facile dâexaminer lâĂ©volution de sa productivitĂ© en fonction de lâĂąge. Cela a Ă©tĂ© fait dans deux dĂ©partements de lâAquitaine oĂč cette essence est prĂ©sente sur de grandes surfaces environ 800 000 ha et pour lesquels les trois derniers inventaires dĂ©partementaux ont Ă©tĂ© concomitants Gironde et Landes en 1978, en 1988 et en 1999 [21]. 75On observe trĂšs nettement une augmentation de la surface terriĂšre des arbres sur pied liĂ©e au changement de sylviculture faible densitĂ© nĂ©cessaire au gemmage, au contraire dâune forte densitĂ© nĂ©cessaire Ă la production de bois Figure 4. Figure 4 Surface terriĂšre et accroissement en surface terriĂšre par classe dâĂąge pour les trois derniers inventaires dĂ©partementaux de la Gironde et des Landes peuplements de pin maritime traitĂ©s en futaie rĂ©guliĂšre, Pignard [21]. 76Enfin, les variations observĂ©es en terme dâaccroissement en surface terriĂšre par classe dâĂąge sont particuliĂšrement importantes elles peuvent certainement ĂȘtre attribuĂ©es en grande partie Ă lâintensification des pratiques sylvicoles dans ce massif. En 1999, un peu moins de 10 % du massif est composĂ© de matĂ©riel amĂ©liorĂ©, ce qui nâest pas de nature Ă impacter prioritairement la productivitĂ© du massif Raffin, Communication personnelle. Une part de cet accroissement pourrait ĂȘtre liĂ©e au changement climatique. Ainsi, les Ă©tudes par modĂ©lisation [22], qui ne prennent en compte que les ressources du milieu composantes climatiques et pĂ©dologiques sans tenir compte des modifications de gestion, nous indiquent elles aussi une augmentation de la productivitĂ© dans le Sud-Ouest pour cette mĂȘme pĂ©riode derniĂšres dĂ©cennies du XXe siĂšcle. Pour le pin maritime dans les Landes de Gascogne les mesures sur les placettes de lâIGN permettent aussi de constater une augmentation de la productivitĂ© qui, comparĂ©e Ă toutes les autres essences en France, est la plus forte variation annuelle de productivitĂ© de + 2 % Ă comparer Ă 1,58 % pour lâensemble des rĂ©sineux en France et Ă 0,46 % pour les feuillus [21]. Lâexamen des accroissements pour le dĂ©but du XXIe siĂšcle est plus dĂ©licat Ă mener en raison des deux tempĂȘtes qui ont traversĂ© lâAquitaine et qui ont Ă la fois modifiĂ© lâĂ©quilibre des classes dâĂąge en surfaces mais aussi la structure des peuplements restant sur pied peuplements mitĂ©s. Cette Ă©tude reste donc Ă faire pour confirmer la poursuite de lâaugmentation ou le dĂ©clin de productivitĂ©, parfois temporaire, constatĂ© sur certaines espĂšces [23]. D- MortalitĂ©s observĂ©es au cours des derniĂšres dĂ©cennies 77Les grands froids de 1956 et de 1985 et Ă un degrĂ© moindre ceux de 1962-1963, ont provoquĂ© des mortalitĂ©s importantes dans les peuplements de pin maritime, notamment parmi les plus jeunes et qui avaient Ă©tĂ© plantĂ©s Ă partir dâorigines portugaises [24]. Ă la suite de ceux de 1985 -22 °C, on estime que 30 000 Ă 50 000 hectares ont Ă©tĂ© dĂ©truits ou sĂ©vĂšrement atteints. 78Ă la suite de la sĂ©cheresse de 1976 et dâune succession dâannĂ©es dĂ©ficitaires sur le plan hydrique, des dĂ©pĂ©rissements importants de chĂȘne pĂ©donculĂ© sont apparus, essentiellement en PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques ; prĂšs de 10 000 ha ont Ă©tĂ© plus ou moins affectĂ©s [25]. AprĂšs quelques annĂ©es dâaccalmie, les chĂȘnaies du sud de lâAquitaine ont de nouveau subi des dĂ©pĂ©rissements dans les annĂ©es 1989-1992 [26]. Ă chaque Ă©pisode, les causes Ă©taient multifactorielles, incluant des facteurs prĂ©disposants faible rĂ©tention en eau et pauvretĂ© chimique des sols, des facteurs dĂ©clenchants sĂ©cheresses successives associĂ©es Ă des attaques de parasites foliaires insectes dĂ©foliateurs, oĂŻdium et des facteurs aggravants pourridiĂ©s racinaires. 79MalgrĂ© sa relative rĂ©sistance Ă la sĂ©cheresse, plus de 10 000 hectares de pins maritimes dĂ©pĂ©rissants ont Ă©tĂ© recensĂ©s dans le massif landais en 1990-1991 du fait de la conjonction de plusieurs annĂ©es de sĂ©cheresse estivale et de fortes dĂ©foliations de la processionnaire du pin, Thaumetopoea pityocampa [27]. Ces mortalitĂ©s sont en partie imputables aux insectes sous corticaux scolytes, qui se sont prĂ©fĂ©rentiellement attaquĂ©s aux arbres affaiblis tout comme en 1956, lorsque de grands froids ont succĂ©dĂ© Ă des dĂ©foliations par la processionnaire du pin [28]. 80Curieusement, la sĂ©cheresse et la canicule de 2003 nâont pas provoquĂ© en Aquitaine de dĂ©pĂ©rissements importants [29], mis Ă part des mortalitĂ©s plus frĂ©quentes dans les chĂątaigneraies de Dordogne dĂ©jĂ attaquĂ©es par la maladie de lâencre. 81Les grands vents et les chablis quâils occasionnent ne sont pas des phĂ©nomĂšnes nouveaux mais les violentes tempĂȘtes de 1999 et 2009 ont provoquĂ© des chablis dâune ampleur sans prĂ©cĂ©dent en Aquitaine respectivement 29 et 42 millions de m3 de pin maritime. Les scolytes des pins surtout Ips sexdentatus se sont dans un premier temps multipliĂ©s abondamment sur les arbres au sol ou sur les grumes stockĂ©es en bord de route puis se sont reportĂ©s en masse sur des arbres verts Ă©pargnĂ©s par les tempĂȘtes, engendrant une perte supplĂ©mentaire dâenviron 10 Ă 15 % du volume de chablis. E- BiodiversitĂ© assemblages et composition des communautĂ©s 82Au niveau français, le RĂ©seau National de suivi des ĂcosystĂšmes Forestiers RENECOFOR permet de disposer de 15 ans de suivis floristiques depuis 1992-1995 [30]. Au niveau quantitatif, la richesse floristique augmente dans les forĂȘts françaises Ă lâĂ©chelle de la dĂ©cennie [30] [31]. De telles augmentations sont Ă©galement visibles Ă lâĂ©chelle de 70-90 ans dans des Ă©cosystĂšmes herbacĂ©s, mais cette augmentation tend Ă sâannuler Ă trĂšs haute altitude [32]. Les mĂ©canismes invoquĂ©s pour expliquer cette augmentation sont divers principalement le rĂ©chauffement climatique et les dĂ©pĂŽts azotĂ©s atmosphĂ©riques. 83Au niveau qualitatif, la composition forestiĂšre Ă lâĂ©chelle française est globalement peu affectĂ©e entre 1995 et 2005. Cette stabilitĂ© nâest quâapparente et masque une trĂšs grande variabilitĂ© de dynamique en fonction des types de forĂȘts considĂ©rĂ©es [30]. Les pinĂšdes maritimes ocĂ©aniques sur sable font partie des peuplements forestiers qui ont montrĂ© la plus forte dynamique floristique entre 1995 et 2005. Les variations floristiques dĂ©tectĂ©es sont bien corrĂ©lĂ©es avec la forte diminution du nombre de tiges sur ces placettes, directement liĂ©e Ă la tempĂȘte Martin de dĂ©cembre 1999 [33]. Les tempĂȘtes seraient ainsi la premiĂšre cause de variation de vĂ©gĂ©tation forestiĂšre Ă lâĂ©chelle de la dĂ©cennie dĂ©tectable par le rĂ©seau RENECOFOR. Des analyses plus approfondies sont nĂ©cessaires pour identifier les autres facteurs qui interviennent pour expliquer la dynamique observĂ©e dans ces groupements forestiers. 84Des Ă©pisodes de canicule/sĂ©cheresse tels que ceux connus en 2003 engendrent une diminution de richesse vĂ©gĂ©tale, mais la rĂ©silience des communautĂ©s forestiĂšres leur permet de retrouver leur niveau initial de richesse dĂšs 2004 [30]. Les sĂ©cheresses favorisent en outre les Ă©pidĂ©mies de ravageurs, parasites ou maladies [34] affectant les essences forestiĂšres. Bien que les donnĂ©es manquent en ce qui concerne le moyen et long terme, on peut sâattendre Ă une augmentation de la biodiversitĂ© des sous-bois provoquĂ©e par la mortalitĂ© des arbres. En outre, lâaugmentation de bois mort dans les forĂȘts serait un facteur de diversitĂ© animale [35]. 85Il apparaĂźt, outre ces grandes tendances, que les variations de biodiversitĂ© dĂ©pendent sensiblement du type de forĂȘts Ă©tudiĂ©es. En Aquitaine, les pinĂšdes maritimes landaises ne se comportent pas de la mĂȘme façon que les chĂȘnaies pĂ©donculĂ©es de Chalosse ou les hĂȘtraies du piĂ©mont pyrĂ©nĂ©en. Si des analyses supplĂ©mentaires doivent ĂȘtre rĂ©alisĂ©es sur les donnĂ©es dĂ©jĂ disponibles, le dĂ©fi pour lâavenir consiste Ă complĂ©ter le dispositif de suivi des Ă©cosystĂšmes forestiers qui ne reprĂ©sente que trĂšs partiellement les forĂȘts aquitaines, et surtout trouver des moyens pour assurer sa pĂ©rennitĂ©. F- Maladies et ravageurs Ăvolutions et fluctuations 86La base de donnĂ©es du DĂ©partement de la SantĂ© des forĂȘts DSF permet dâavoir une bonne estimation des principaux problĂšmes sanitaires que les forĂȘts dâAquitaine ont connus entre 1989 et 2011. Mise Ă part une punaise Leptoglossus occidentalis sâattaquant aux graines de pin, rĂ©cemment dĂ©couverte, le cortĂšge dâinsectes ravageurs des forĂȘts dâAquitaine est composĂ© trĂšs majoritairement dâespĂšces autochtones dont les niveaux de populations et de dĂ©gĂąts fluctuent cycliquement, comme la processionnaire du pin, ou en fonction de lâaffaiblissement des peuplements comme les scolytes. De façon diffĂ©rente, le cortĂšge de pathogĂšnes est en partie dominĂ© par des champignons non indigĂšnes introduits depuis plus ou moins longtemps en Europe, comme lâoĂŻdium des chĂȘnes, Phytophthora cinnamomi, Dothistroma septosporum [36] [37]. 87Sur peuplier, on observe depuis 1995 lâapparition de dĂ©gĂąts importants causĂ©s par le puceron lanigĂšre Phloeomyzus passerinii alors que cet insecte, connu en France depuis 1939, ne causait pas de dĂ©gĂąts jusquâalors [38]. ParallĂšlement, les dĂ©gĂąts dâinsectes xylophages des pousses et des branches semblent avoir diminuĂ© depuis 2000, tandis que les attaques de rouilles foliaires Melampsora larici-populina ont connu un pic dans les annĂ©es 2000-2005. 88Sur chĂȘne, les signalements de dĂ©foliateurs semblent nettement moins frĂ©quents depuis la fin des annĂ©es 1990, par rapport Ă la dĂ©cennie prĂ©cĂ©dente, sauf peut-ĂȘtre dans le nord de la RĂ©gion, mais les signalements dâoĂŻdium Erysiphe spp ont Ă©tĂ© frĂ©quents certaines annĂ©es. 89Dans le massif landais, on observe une extension marquĂ©e et continue des mortalitĂ©s de pin liĂ©es au fomĂšs Heterobasidion annosum et Ă lâarmillaire Armillaria ostoyae, tandis que les dĂ©gĂąts de pyrale des troncs Dioryctria sylvestrella demeurent Ă un niveau Ă©levĂ© 90Sur pin laricio, lâapparition de dĂ©gĂąts Ă partir des annĂ©es 1990 dus Ă la maladie des bandes rouges Dothistroma septopsorum et D. pini et Ă Sphaeropsis sapinea ont fortement limitĂ© lâusage de cette essence dans lâensemble du Sud-Ouest. Ces deux pathogĂšnes ne causaient jusquâalors que trĂšs peu de dĂ©gĂąts. 91Dâautres maladies parasitaires introduites, comme les maladies de lâencre du chĂątaignier et du chĂȘne rouge Phytophthora cinnamomi, ou le chancre du chĂątaignier Cryphonectria parasitica continuent de reprĂ©senter des contraintes fortes, limitant lâusage de ces essences. La part du changement climatique 92Plusieurs hypothĂšses sont avancĂ©es pour expliquer lâĂ©mergence de nouveaux parasites ou lâaugmentation des dĂ©gĂąts de parasites connus le changement climatique bien sĂ»r mais aussi, lâĂ©volution des pratiques sylvicoles. 93Dans un certain nombre de cas, les Ă©volutions mentionnĂ©es ci-dessus pourraient sâexpliquer principalement par un effet du rĂ©chauffement climatique. Ainsi, Dothistroma pini et surtout Sphaeropsis sapinea et Phytophthora cinnamomi sont des parasites plutĂŽt thermophiles ; les annĂ©es rĂ©centes plus chaudes ont donc probablement favorisĂ© leur dĂ©veloppement [39] [40]. Dans le cas de lâoĂŻdium des chĂȘnes, une relation positive est observĂ©e entre tempĂ©ratures hivernales et sĂ©vĂ©ritĂ© de la maladie, mais les mĂ©canismes biologiques sous-jacents restent Ă caractĂ©riser [41] [42]. Lâeffet positif de lâaugmentation des tempĂ©ratures sur le dĂ©veloppement des insectes est connu. Les tempĂ©ratures Ă©levĂ©es de lâautomne 2009 ont ainsi accĂ©lĂ©rĂ© le cycle de dĂ©veloppement de la processionnaire du pin dont une partie de la population sâest nymphosĂ©e dĂšs lâautomne sans tisser de nids dâhiver. 94Pour dâautres Ă©volutions parasitaires rapportĂ©es ci-dessus, la part du changement climatique est plus difficile Ă isoler des autres facteurs. Dans le cas du puceron lanigĂšre du peuplier, le rĂ©chauffement climatique mais aussi la composition en clones sensibles des peupleraies, auraient contribuĂ© Ă lâĂ©mergence des pullulations [43]. 95De façon gĂ©nĂ©rale, la disponibilitĂ© en hĂŽtes sensibles est un facteur majeur de dĂ©veloppement des maladies. Lâaugmentation des surfaces en Pin laricio est un facteur probablement important dâexplosion des cas de Dothistroma et de Sphaeropsis le pin laricio y Ă©tant particuliĂšrement sensible [40]. Lâaugmentation des surfaces de peupleraies en clones sensibles BeauprĂ© et autres cultivars euramĂ©ricains est un des facteurs explicatifs des attaques de rouilles Ă Melampsora [44]. 96Dans le cas du pin maritime, lâexistence dâun massif largement monospĂ©cifique est un facteur de risque pour le dĂ©veloppement des Ă©pidĂ©mies et pullulations, liĂ©es aux parasites dĂ©jĂ prĂ©sents ou qui pourraient ĂȘtre introduits [45]. Les principaux parasites pourridiĂ©s, rouille courbeuse, pyrale du tronc sont dâautre part trĂšs influencĂ©s par les pratiques de sylviculture intensive [46] [47] [48]. II- Tendances attendues et incertitudes 97Les observations des Ă©volutions rĂ©centes aident Ă formuler des prĂ©dictions futures. On peut donc raisonnablement sâattendre Ă ce que les tendances graduelles, dĂ©crites dans le paragraphe prĂ©cĂ©dent en matiĂšre de croissance, phĂ©nologie, migration continuent Ă lâavenir. Ces jugements qualitatifs sont dâautant plus pertinents quand ils sâappuient sur des observations rĂ©pĂ©tĂ©es et portant sur de longues pĂ©riodes. Les prĂ©dictions plus prĂ©cises sâappuient aujourdâhui sur des modĂšles dĂ©terministes des effets de changements climatiques, forcĂ©s par les scĂ©narios climatiques et environnementaux Ă©voquĂ©s dans les premiers chapitres de cet ouvrage. De tels travaux portent surtout sur les bilans en biomasse, carbone et eau des Ă©cosystĂšmes. A- Aires de distribution et enveloppes bioclimatiques 98Les observations faites au cours des derniĂšres dĂ©cennies ont clairement fait apparaĂźtre des migrations par dispersion naturelle, du chĂȘne vert depuis lâocĂ©an atlantique vers lâintĂ©rieur des terres cf. supra. La question des modifications dâaires de rĂ©partition expansion, translation gĂ©ographique, ou rĂ©traction se pose donc de maniĂšre gĂ©nĂ©rale pour lâensemble des espĂšces prĂ©sentes en Aquitaine. Ces questions ont Ă©tĂ© abordĂ©es par simulation en cherchant Ă prĂ©dire les aires de rĂ©partition Ă©quivalentes Ă celles dâaujourdâhui dans le nouveau contexte environnemental gĂ©nĂ©rĂ© par les changements climatiques. Ces aires de rĂ©partition Ă©quivalentes sont indiffĂ©remment appelĂ©es niches » ou enveloppes bioclimatiques » et le qualificatif Ă©quivalent » signifie invariance des corrĂ©lations entre prĂ©sence dâune espĂšce et conditions climatiques actuelles ». Figure 5 Enveloppes bioclimatiques des groupes chorologiques en France. En orange, le groupe Aquitain pin maritime, chĂȘne tauzin⊠et en rouge le groupe mĂ©diterranĂ©en pins et chĂȘnes mĂ©diterranĂ©ens. La Figure de gauche correspond aux enveloppes actuelles et celle de droite aux enveloppes en 2100 Badeau et al. [49], avec permission de lâĂ©diteur. 99Une premiĂšre gĂ©nĂ©ration de cartes a Ă©tĂ© produite par [49], utilisant les prĂ©dictions climatiques ARPEGE [50] et basĂ©e sur le scĂ©nario B2 du GIEC ce qui correspond Ă une augmentation de tempĂ©rature de lâordre de 2 °C Ă la fin du siĂšcle. Ces cartes ont Ă©tĂ© produites pour des espĂšces individuelles, et pour des groupes chorologiques correspondant Ă des groupes dâespĂšces qui partagent les mĂȘmes affinitĂ©s climatiques Figure 5. Les auteurs ont ainsi dĂ©fini 7 groupes chorologiques dont lâun dâentre eux correspondait Ă un groupe aquitain pin maritime, chĂȘne tauzinâŠ. Les projections Ă lâhorizon 2100 montrent que le groupe aquitain aurait tendance Ă sâĂ©tendre expansion sans translation jusquâĂ la Champagne et la vallĂ©e de la SaĂŽne. LâAquitaine elle-mĂȘme serait progressivement colonisĂ©e vers 2100 sur sa façade orientale Lot, Garonne, Dordogne par le groupe chorologique mĂ©diterranĂ©en chĂȘnes et pins mĂ©diterranĂ©ens.. Ces projections sont confirmĂ©es sur les cartes prĂ©dites pour des espĂšces considĂ©rĂ©es individuellement. Lâenveloppe bioclimatique du pin maritime et du chĂȘne vert pourrait couvrir tout lâOuest de la France Ă lâexception de la Normandie et du Massif Central en 2100. 100Une deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration de cartes compare les prĂ©dictions basĂ©es sur des modĂšles de niches Ă©quivalente Ă lâapproche prĂ©cĂ©dente, modĂšle BIOMOD, N-NBM avec des modĂšles basĂ©s sur des processus fonctionnels. Ces modĂšles corrĂšlent la prĂ©sence dâune espĂšce soit Ă la phĂ©nologie, reproduction, rĂ©sistance au stress modĂšle PHENOFIT, soit Ă la croissance modĂšle STASH, soit au mĂ©tabolisme du carbone, de lâeau modĂšle CASTANEA, soit au mĂ©tabolisme du carbone, de lâeau et Ă la dynamique vĂ©gĂ©tale modĂšles LPJ, IBIS et ORCHIDEE. Ces projections se placent dans le scĂ©nario A1B du GIEC [51]. Ces nouvelles cartes confirment les tendances observĂ©es prĂ©cĂ©demment Figure 6, Ă savoir un retrait des espĂšces feuillues tempĂ©rĂ©es chĂȘnes pĂ©donculĂ© et sessile, hĂȘtre, et une progression des espĂšces Ă tempĂ©rament mĂ©diterranĂ©en chĂȘne vert, pin maritime. Ces modĂšles ne peuvent, pour lâinstant, que suggĂ©rer des tendances, en attendant une intĂ©gration plus complĂšte des diffĂ©rents processus non seulement fonctionnels, dĂ©mographiques, mais Ă©galement Ă©cologiques et Ă©volutifs qui contribuent Ă lâaire de distribution des espĂšces. Figure 6 Enveloppes bioclimatiques prĂ©dites Ă lâhorizon 2055 par diffĂ©rents modĂšles pour le chĂȘne pĂ©donculĂ© et le chĂȘne vert. Les aires marquĂ©es en rouge correspondent Ă des surfaces perdues, en vert Ă la partie de lâaire actuelle maintenue, et en bleu aux surfaces devenues propices Ă lâespĂšce Cheaib et al. [51], avec permission de lâĂ©diteur. Figure 7 SchĂ©ma des processus biophysiques considĂ©rĂ©s dans le modĂšle Go+ Moreaux [55]. B- Fonctionnement des Ă©cosystĂšmes ProductivitĂ© Ă lâĂ©chelle rĂ©gionale 101La prĂ©diction des impacts environnementaux sur les Ă©cosystĂšmes forestiers procĂšde dâune approche de modĂ©lisation mĂ©caniste. Elle reprĂ©sente les processus dâassimilation et de transformation dâĂ©nergie rayonnement, chaleur, vent et de masse et leur sensibilitĂ© aux facteurs de lâenvironnement et parmi ceux-ci les facteurs climatiques tempĂ©rature, prĂ©cipitations, humiditĂ© de lâair, vent, rayonnement solaire et de grande longueur dâonde [52] [53]. Certains comme le modĂšle Go+ de lâInra Figure 7 prennent en compte la structure du couvert en trois dimensions, les effets des travaux sylvicoles et peuvent couvrir une rotation forestiĂšre entiĂšre avec une rĂ©solution temporelle demi-horaire [54] [55]. 102Les premiĂšres rĂ©gionalisations de scĂ©narios climatiques produites par MĂ©tĂ©o-France Ă partir du modĂšle ARPEGE ont permis dĂšs 2002 dâaffiner la rĂ©solution spatiale de ces analyses Ă 50x50 km pour le scĂ©nario SRES B2 [12] [56] [57] [58] [59]. Dâautres scĂ©narios SRES A2 ont Ă©tĂ© analysĂ©s depuis [60] et ces recherches se poursuivent Ă travers plusieurs projets financĂ©s par les programmes GICC MEED et GIP-Ecofor MAAP projet FAST, la rĂ©gion Aquitaine projet FAST-A, lâANR projet ORACLE ou la commission europĂ©enne GHG-Europe pour nâen citer que quelques-uns. Les dĂ©veloppements actuels visent Ă analyser des scĂ©narios complets environnements abiotique et biotique, sylviculture, Ă©conomie et intĂ©grĂ©s nouveaux scĂ©narios du GIEC. 103On peut ainsi rĂ©sumer lâĂ©tat actuel des connaissances issues de ces projets. 104- En zone tempĂ©rĂ©e, plus de 10, 20 et 40 % de la surface des forĂȘts feuillues, conifĂšres et mixtes respectivement serait vulnĂ©rable au changement climatique en cours. Ces prĂ©dictions suscitent des interrogations sur les rĂ©ponses des forĂȘts Ă ces sollicitations [61] et sur leurs capacitĂ©s dâadaptation [62] cf. infra. Figure 8 Ăvolution entre 1960 et 2080 de la productivitĂ© primaire brute GPP, gC. M-2. An-1, du bilan net de CO2 de lâĂ©cosystĂšme NEE, gC. M-2. N-1, de lâaccroissement annuel en bois MAI, m 3 tige ha-1. An-1 et du stock de carbone dans la biomasse W, tC ha-1, moyennĂ©s sur toute la rotation pour trois scĂ©narios sylvicoles rotation de 25, 45 et 92 ans de plantations de pin maritime sur quatre sites du Sud-Ouest de la France. Les prĂ©dictions ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es pour des sites fertiles teneur foliaire en azote= gN. 100 g dm-1 dans les aiguilles, rĂ©serve utile en eau du sol = 150 mm par le modĂšle GO+, sous le scĂ©nario climatique B2 Ciais et al. 2010 [64]. Les impacts du changement climatique prĂ©sentent de fortes disparitĂ©s rĂ©gionales Figure 8, [63]. Les simulations opĂ©rĂ©es par les diffĂ©rents modĂšles de niche [49] ou de fonctionnement [58] [60] et utilisant plusieurs schĂ©mas de rĂ©gionalisation du climat produisent des rĂ©sultats concordants et cohĂ©rents. Lâinteraction entre gestion et climat varie suivant les itinĂ©raires de sylviculture, et lâintensification de la sylviculture de production de conifĂšres dans le sud amplifie les effets climatiques, quâils soient positifs ou nĂ©gatifs 9. Enfin, lâeffet du climat est amplifiĂ© dans les stations les plus productives [58]. 105Il faut aussi replacer ces analyses dans le contexte rĂ©cent montrant, par exemple, que lâĂ©volution du bilan de masse des glaciers continentaux mission GRACE et les Ă©missions de carbone depuis le permafrost CO2 et CH4, [65] amĂšnent Ă considĂ©rer des hypothĂšses dĂ©passant systĂ©matiquement les scĂ©narios envisagĂ©s jusquâici. Le risque de disparition de surfaces forestiĂšres significatives dans les annĂ©es Ă venir dans le sud de lâEurope est aujourdâhui avĂ©rĂ©. Cycles biogĂ©ochimiques 106Les Ă©lĂ©ments minĂ©raux peuvent changer de compartiment dans un Ă©cosystĂšme, voire le quitter pour un autre. Ă lâinverse, les Ă©lĂ©ments minĂ©raux peuvent revenir Ă leur compartiment, ou Ă©cosystĂšme, de dĂ©part pour ensuite prendre de nouveau un mĂȘme cheminement. Câest la notion de cycle. Ces flux de matiĂšres se font via des processus biologiques, physiques ou chimiques. On parle alors de cycles biogĂ©ochimiques. 107Les cycles biogĂ©ochimiques sont apprĂ©hendables Ă plusieurs Ă©chelles Figure 9 Cycle biochimique Ă lâĂ©chelle de la plante, les Ă©lĂ©ments minĂ©raux, et notamment les nutriments, sont frĂ©quemment remobilisĂ©s afin de permettre une optimisation de leur utilisation ex. mise en rĂ©serve dâune partie des nutriments dâune aiguille avant sa chute. Cycle biologique Ă lâĂ©chelle de lâĂ©cosystĂšme, les Ă©lĂ©ments minĂ©raux sont prĂ©levĂ©s par les vĂ©gĂ©taux, puis reviennent au sol essentiellement par le biais de nĂ©cromasse. Ils sont alors plus ou moins vite rĂ©absorbĂ©s aprĂšs minĂ©ralisation de la matiĂšre organique. Cycle gĂ©ochimique Ă lâĂ©chelle de la rĂ©gion, voire plus, les Ă©lĂ©ments minĂ©raux peuvent quitter ou arriver dans des Ă©cosystĂšmes. La plupart des flux en jeu sont dâordre physico-chimiques comme les dĂ©pĂŽts atmosphĂ©riques ou les fuites des sols vers les cours dâeau mais pas tous ex. fixation symbiotique de lâazote. Figure 9 Les cycles biogĂ©ochimiques dans les Ă©cosystĂšmes forestiers. 108Le fonctionnement biogĂ©ochimique des Ă©cosystĂšmes forestiers aquitains est Ă©tudiĂ© de maniĂšre intensive depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000. Il nâexiste donc pas de recul suffisant pour mettre en Ă©vidence une Ă©volution des cycles biogĂ©ochimiques sous lâeffet des changements climatiques. Il est toutefois dâores et dĂ©jĂ possible dâidentifier les processus susceptibles dâĂȘtre impactĂ©s. 109Ainsi, la hausse attendue des tempĂ©ratures devrait accĂ©lĂ©rer lâensemble des processus biologiques et le cycle biologique en particulier. Câest notamment le cas de la dĂ©composition des nĂ©cromasses forestiĂšres litiĂšres, branches, racines, rĂ©sidus de rĂ©colte qui devrait ĂȘtre accĂ©lĂ©rĂ© sous lâeffet du rĂ©chauffement et ainsi contribuer au dĂ©stockage de carbone dans les sols. Toutefois, la production de biomasse Ă©tant Ă©galement susceptible dâĂȘtre stimulĂ©e par lâeffet de la tempĂ©rature, lâeffet de ce changement pourrait ĂȘtre neutre sur les stocks de carbone [66]. Y compris dans ce dernier cas de figure, le recyclage des nutriments associĂ©s aux matiĂšres organiques azote et, dans une moindre mesure, phosphore devrait ĂȘtre plus rapide. 110Une modification du rĂ©gime des prĂ©cipitations est le second changement climatique majeur attendu Ă©tĂ© plus sec et hiver plus humide. Lâaugmentation des sĂ©cheresses estivales devrait perturber les cycles biologiques alors que des hivers plus pluvieux entraĂźnement probablement des pertes de nutriments azote, potassium etc. vers les eaux de surface par lixiviation. 111Parmi les changements non climatiques causĂ©s par les activitĂ©s humaines, lâaugmentation des dĂ©pĂŽts atmosphĂ©riques dâazote minĂ©rale est un phĂ©nomĂšne qui touche la grande majoritĂ© des Ă©cosystĂšmes forestiers, y compris dans les rĂ©gions Ă©loignĂ©es des sources de pollution [67]. Ces dĂ©pĂŽts dâazote tendent Ă stimuler la croissance des arbres, Ă condition que celle-ci ne soit pas limitĂ©e par dâautres contraintes nutritionnelles [68]. 112Enfin, dans le cadre des politiques dâattĂ©nuation du changement climatique, on assiste Ă des conversions importantes dâĂ©cosystĂšmes forestiers peu anthropisĂ©s vers des systĂšmes de production intensive ex. plantations industrielles, taillis Ă trĂšs courte rotation, cf. infra. Ces changements sâaccompagnent gĂ©nĂ©ralement de substitutions dâessences et dâune augmentation des pertes en nutriments, notamment via les rĂ©coltes de biomasse. C- RĂ©troactions forĂȘts-climat 113On sait que le climat influence la rĂ©partition spatiale de la vĂ©gĂ©tation Ă la surface de la terre cf. supra. Ă lâinverse, on a pu montrer que la vĂ©gĂ©tation, par un ensemble de mĂ©canismes de rĂ©troaction, pouvait agir sur le climat [69]. Le massif forestier des Landes de Gascogne environ 104 kmÂČ est de taille suffisante pour que se manifestent des effets de rĂ©troaction qui pourraient se traduire par une diminution locale des prĂ©cipitations en cas de rĂ©duction des surfaces boisĂ©es. Toutefois, du fait de la position de la rĂ©gion Aquitaine en façade ouest du continent, la contribution de lâĂ©vaporation locale aux prĂ©cipitations est vraisemblablement modĂ©rĂ©e et lâeffet de rĂ©troaction devrait rester limitĂ©. 114Un facteur Ă considĂ©rer en forĂȘt landaise est son Ă©mission importante de composĂ©s organiques volatils terpĂ©noĂŻdes. Ces derniers en effet peuvent induire la formation dâaĂ©rosols, qui peuvent accroĂźtre la couverture nuageuse en augmentant la quantitĂ© de noyaux de condensation [70]. En rĂ©alitĂ©, il faut considĂ©rer lâensemble des facteurs en jeu â albĂ©do, Ă©vaporation, cycle du carbone, etc. â et selon lâimportance relative des processus couplĂ©s, les interactions forĂȘt-atmosphĂšre vont conduire Ă des situations dâĂ©quilibre diffĂ©rentes. Si par exemple une augmentation de surface forestiĂšre dans une rĂ©gion donnĂ©e entraĂźne une plus grande sĂ©questration de carbone, la diminution de lâalbĂ©do qui rĂ©sulte de ce changement dâoccupation des terres est de nature Ă entraĂźner un rĂ©chauffement de lâatmosphĂšre, qui peut ĂȘtre lui-mĂȘme attĂ©nuĂ© par un refroidissement liĂ© Ă une plus grande Ă©vaporation. Ainsi, malgrĂ© le rejet de CO2 occasionnĂ© par la dĂ©forestation, les changements dâusage des sols europĂ©ens et nord-amĂ©ricains sur les 150 derniĂšres annĂ©es semblent avoir conduit Ă un refroidissement net de lâhĂ©misphĂšre Nord [71]. Une analyse gĂ©nĂ©rale des mĂ©canismes de rĂ©troactions entre forĂȘts et climat, prenant en compte les diffĂ©rences entre forĂȘts tropicales, borĂ©ales et tempĂ©rĂ©es [72], montre que le cas des forĂȘts tempĂ©rĂ©es est en fait le plus incertain les forçages radiatifs et Ă©vaporatifs y apparaissent modĂ©rĂ©s, et lâinfluence de lâĂ©vaporation reste peu claire. 115Un autre aspect Ă considĂ©rer est celui de la structure du paysage, qui peut avoir un fort impact sur ses propriĂ©tĂ©s et son fonctionnement. Le cas de la stabilitĂ© au vent des peuplements forestiers illustre bien ce point. Localement, on sait quâune lisiĂšre agit sur le vent en le modifiant sur une certaine distance horizontale, dâune maniĂšre qui dĂ©pend de la structure de la parcelle, elle-mĂȘme liĂ©e aux interventions sylvicoles. Un aspect moins connu, mais qui peut ĂȘtre dâun grand poids dans un massif comme celui des Landes de Gascogne, est lâimpact de la fragmentation du paysage chaque lisiĂšre, chaque parcelle, contribue Ă charger » en turbulence lâĂ©coulement. Des travaux prĂ©liminaires visant Ă analyser le comportement dâun paysage formĂ© de parcelles forestiĂšres rĂ©guliĂšrement espacĂ©es ont montrĂ© que lâĂ©nergie turbulente du vent et les forces mĂ©caniques quâil exerce sur les arbres varient en passant par un maximum pour une valeur de lâespacement valant Ă peu prĂšs le double de celle de la longueur des parcelles [73]. Certains degrĂ©s de fragmentation pourraient ainsi conduire Ă un accroissement des risques en cas de vent violent. Le dĂ©terminisme de la localisation des dĂ©gĂąts nâest donc pas seulement liĂ© aux caractĂ©ristiques sylvicoles de chaque parcelle, mais aussi Ă la structure du paysage dans son ensemble ; une amĂ©lioration de la stabilitĂ© du massif peut passer par un meilleur amĂ©nagement du territoire. 116LâĂ©tude de ces mĂ©canismes de rĂ©troaction, complexes et encore pour une large part mal connus, reste une prioritĂ© car de la qualitĂ© de leur prise en compte dĂ©pend la fiabilitĂ© des prĂ©visions climatiques, aussi bien Ă lâĂ©chelle globale quâĂ lâĂ©chelle rĂ©gionale, et des Ă©tudes dâimpact liĂ©es aux changements dâoccupation et dâutilisation des terres. D- SantĂ© Hausse des tempĂ©ratures 117Les insectes ne rĂ©gulant pas leur tempĂ©rature, il est attendu et dĂ©jĂ observĂ© que la vitesse de leur dĂ©veloppement sera accrue par des hausses de tempĂ©ratures [74]. Pour beaucoup dâespĂšces, un plus grand nombre de gĂ©nĂ©rations par an est Ă prĂ©voir, favorisant la multiplication des populations. Ainsi les scolytes comme le stĂ©nographe Ips sexdentatus pourraient accomplir 4-5 gĂ©nĂ©rations par an contre 3-4 actuellement, et la pyrale du tronc du pin Dioryctia sylvestrella, passer dâune Ă deux gĂ©nĂ©rations par an comme cela est le cas dans certaines rĂ©gions dâEspagne [75]. 118En climat tempĂ©rĂ©, les limites dâaire de distribution des insectes et champignons sont souvent dĂ©terminĂ©es par les tempĂ©ratures froides en hiver. Des hivers plus chauds risquent donc de favoriser lâexpansion en altitude forĂȘts des PyrĂ©nĂ©es et en latitude remontĂ©es depuis la pĂ©ninsule ibĂ©rique dâespĂšces de plaines ou des rĂ©gions mĂ©ridionales [76] comme câest dĂ©jĂ le cas en France, pour la processionnaire du pin [77] ou le chancre du chĂątaignier. 119Des conditions de tempĂ©ratures plus Ă©levĂ©es pourraient Ă©galement favoriser lâĂ©tablissement et lâexpansion dâespĂšces exotiques introduites depuis des rĂ©gions au climat plus chaud que les climats actuels dâAquitaine comme cela a dĂ©jĂ Ă©tĂ© le cas avec Phytophthora cinnamomi [78] [79]. 120En revanche ces hausses de tempĂ©ratures pourraient conduire Ă une dĂ©synchronisation des pĂ©riodes dâĂ©closion des Ćufs notamment chez les lĂ©pidoptĂšres dĂ©foliateurs ou de sporulation des champignons et de dĂ©bourrement des arbres dâessences feuillues comme les chĂȘnes par exemple conduisant Ă une rĂ©duction potentielle des dĂ©gĂąts des chenilles dĂ©foliatrices comme celles de la cheimatobie, Operophtera brumata ou de champignons pathogĂšnes comme lâoĂŻdium du chĂȘne. Aggravation des sĂ©cheresses 121Les modĂšles climatiques prĂ©voient une augmentation de la frĂ©quence et de lâintensitĂ© des sĂ©cheresses dans le Sud-Ouest de la France, surtout en Ă©tĂ©. Ainsi lâeffet gĂ©nĂ©ralement positif du rĂ©chauffement pourrait ĂȘtre contrebalancĂ© par des effets nĂ©gatifs sur le dĂ©veloppement de certaines maladies [76] [79]. La plupart des champignons en effet sont trĂšs dĂ©pendants de facteurs hydriques lors de la dissĂ©mination et de la germination des spores. Dothistroma septosporum est ainsi favorisĂ© par des conditions humides au printemps et en Ă©tĂ© [80]. Il a Ă©tĂ© signalĂ© trĂšs peu de maladies foliaires en 2003, maladies pour lesquelles lâhumiditĂ© de lâair est importante dans la rĂ©alisation des cycles [81]. 122Au-delĂ de lâimpact direct des sĂ©cheresses sur les parasites et sur la croissance et la survie des arbres, celles-ci auront Ă©galement des consĂ©quences indirectes sur les dĂ©gĂąts induits par les parasites via la physiologie de lâhĂŽte [82]. 123Une Ă©tude bibliographique internationale a rĂ©cemment conclu Ă une aggravation des dĂ©gĂąts en conditions de stress hydrique pour les insectes primaires sâattaquant aux feuilles et aux aiguilles pucerons, insectes dĂ©foliateurs et pour les bioagresseurs opportunistes sâattaquant aux organes ligneux des arbres affaiblis scolytes, pissodes, Sphaeropsis sapinea⊠[83]. En revanche, lâaugmentation des stress hydriques pourrait dĂ©favoriser des parasites primaires se dĂ©veloppant prĂ©fĂ©rentiellement sur hĂŽtes vigoureux, comme les oĂŻdiums et les rouilles sur feuilles [84] ou ceux se dĂ©veloppant sur tronc comme la pyrale, la cochenille du pin maritime, ainsi que certains pourridiĂ©s racinaires [83]. Incertitudes et risques 124Toute prĂ©diction fiable ne peut ĂȘtre que basĂ©e sur une modĂ©lisation mĂ©caniste des systĂšmes. De tels modĂšles ne sont pas encore disponibles pour les parasites, mĂȘme si certains processus fortement affectĂ©s par le climat commencent Ă ĂȘtre modĂ©lisĂ©s, comme la survie hivernale de P. cinnamomi [39] [78] ou de la processionnaire du pin [85] ou la synchronisation phĂ©nologique [42] [86]. 125Les incertitudes sur le fonctionnement et lâĂ©volution des pathosystĂšmes » restent trĂšs nombreuses. Un premier type dâincertitude concerne les effets des facteurs climatiques eux-mĂȘmes sur les populations dâinsectes et de champignons forestiers. En second lieu, les populations dâinsectes et de pathogĂšnes nâĂ©voluent pas seules dans un environnement abiotique donnĂ©. Elles interfĂšrent avec dâautres organismes vivants, comme les plantes hĂŽtes, les compĂ©titeurs et les ennemis naturels antagonistes, prĂ©dateurs ou parasites, les champignons endophytes non pathogĂšnes, qui sont eux-mĂȘmes soumis aux changements climatiques. Il existe donc une grande incertitude quant aux effets en cascade, au travers des diffĂ©rents niveaux trophiques, du changement climatique sur la dynamique des populations dâinsectes ravageurs et lâĂ©pidĂ©miologie des pathogĂšnes forestiers. Une autre incertitude concerne les mĂ©canismes dâadaptation au changement climatique qui peuvent diffĂ©rer en rapiditĂ© et intensitĂ© chez les arbres et leurs antagonistes insectes et champignons pathogĂšnes. 126Enfin, comme soulignĂ© prĂ©cĂ©demment, une trĂšs grande inconnue concernant les maladies est liĂ©e Ă lâimportance des introductions de parasites, dont le dĂ©veloppement peut ĂȘtre favorisĂ© par le changement climatique. La mĂ©connaissance gĂ©nĂ©rale des champignons, en particulier dans les zones tropicales ou subtropicales qui constituent des rĂ©servoirs de pathogĂšnes importants, et la part de stochasticitĂ© dans les Ă©vĂ©nements invasifs rendent les prĂ©dictions extrĂȘmement hasardeuses dans ce domaine. DâoĂč la recommandation principale de maintenir les capacitĂ©s de dĂ©tection et de comprĂ©hension des phĂ©nomĂšnes Ă©mergents pour rĂ©pondre Ă ces imprĂ©vus. III- Adaptation et attĂ©nuation 127Devant lâampleur des impacts observĂ©s et ceux prĂ©dits pour le siĂšcle Ă venir, les pouvoirs publics ont cherchĂ© Ă anticiper les effets nĂ©gatifs du changement en mettant en place des politiques adaptatives adaptive management » dont lâobjectif est de rĂ©duire la vulnĂ©rabilitĂ© des Ă©cosystĂšmes forestiers [6] [7] [9]. Ces politiques peuvent prendre diffĂ©rentes formes, allant de la mise en place de rĂ©seaux dâobservation et de surveillance jusquâau dĂ©veloppement de rĂšgles dâamĂ©nagement et de sylviculture susceptibles dâamĂ©liorer la rĂ©silience des peuplements. Certaines de ces mesures peuvent sâappuyer ou renforcer des mĂ©canismes dâĂ©volution biologique en accĂ©lĂ©rant lâadaptation rĂ©sultant de la sĂ©lection, quand il sâagit de forĂȘts renouvelĂ©es par rĂ©gĂ©nĂ©ration naturelle. Dâautres sâappuient sur des Ă©tudes de scĂ©nario pour identifier les mesures les plus pertinentes. Les forĂȘts offrent Ă©galement des opportunitĂ©s dâattĂ©nuation des effets du changement climatique grĂące Ă leur capacitĂ© Ă stocker du carbone Ă moyen terme et par la substitution au carbone fossile extrait par diffĂ©rentes filiĂšres de transformation Ă©nergie, construction, etc. de produits forestiers renouvelables. Ces mesures dâadaptation et dâattĂ©nuation sont trĂšs largement dĂ©pendantes des modes de gouvernance des formations forestiĂšres, qui sont Ă©galement Ă©voquĂ©es dans les paragraphes qui suivent. A- Adaptation Adaptation biologique 128Les capacitĂ©s dâadaptation biologique des arbres sont souvent sous estimĂ©es par un raisonnement intuitif, leur longĂ©vitĂ© Ă©tant considĂ©rĂ©e comme un frein Ă lâĂ©volution. Ces assertions sont dĂ©menties par lâhistoire Ă©volutive des arbres au cours des cycles successifs de refroidissement-rĂ©chauffement du quaternaire. La reconstruction de cette histoire notamment au cours de lâholocĂšne, et tout particuliĂšrement dans le cas des chĂȘnes, a clairement mis en Ă©vidence les capacitĂ©s dâĂ©volution et dâadaptation aux changements climatiques naturels qui ont eu cours lors du rĂ©chauffement qui a suivi les derniĂšres glaciations [87]. Ces capacitĂ©s, ou potentiel adaptatif reposent sur un ensemble de propriĂ©tĂ©s et de mĂ©canismes Ă©volutifs qui sont sans doute mis Ă contribution dans lâĂ©volution actuelle [62] [88]. Il y a tout dâabord la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique intra populationnelle, dont lâampleur est une condition nĂ©cessaire Ă toute Ă©volution future. Cette diversitĂ© est par ailleurs continuellement alimentĂ©e par des flux de pollen. La dispersion Ă longue distance dans le sens Sud Nord peut Ă cet Ă©gard importer des gĂšnes venant de rĂ©gions aujourdâhui soumises Ă des conditions Ă©quivalentes Ă celles prĂ©dites dans les dĂ©cennies Ă venir. La connectivitĂ© gĂ©nĂ©tique au travers des flux de gĂšnes peut ainsi faciliter lâadaptation. Ces principes gĂ©nĂ©raux ne sâappliquent cependant que pour des espĂšces observant une distribution continue au-delĂ de la rĂ©gion Aquitaine pin maritime, chĂȘne sessileâŠ. Les espĂšces en limite sud de distribution risquent Ă cet Ă©gard dâĂȘtre plus exposĂ©es Ă une maladaptation chronique pouvant conduire Ă des difficultĂ©s de maintien chĂȘne pĂ©donculĂ©, hĂȘtre, pin sylvestre. Par ailleurs les mĂ©canismes adaptatifs diversitĂ© gĂ©nĂ©tique + flux de gĂšnes peuvent ĂȘtre fortement contraints en cas de dĂ©sĂ©quilibres dĂ©mographiques des populations. Ainsi les populations Ă effectifs rĂ©duits hĂȘtre, bouleau⊠risquent dâĂȘtre plus sensibles aux changements climatiques. 129Dans tous les cas, des mesures prĂ©ventives sâinspirant dâailleurs des mĂ©canismes Ă©volutifs naturels peuvent ĂȘtre anticipĂ©es. Elles consistent Ă enrichir la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique actuelle par lâadjonction de matĂ©riel de reproduction venant de rĂ©gions plus mĂ©ridionales. Elles peuvent ĂȘtre mises en Ćuvre lors des opĂ©rations de renouvellement des peuplements sous forme de rĂ©gĂ©nĂ©ration assistĂ©e par semis ou plantations. Lâenrichissement de la diversitĂ© au plan interspĂ©cifique peut Ă©galement ĂȘtre recommandĂ© comme mesure adaptative, en se basant sur les connaissances acquises sur les rĂ©seaux de plantations dâespĂšces dans le Sud-Ouest, les essais de provenance et les connaissances sur les mouvements migratoires en cours des espĂšces. En tous les cas, lâintroduction de matĂ©riel nouveau est gĂ©nĂ©ralement raisonnĂ©e en termes dâenrichissement et non de substitution la diversitĂ© introduite sâajoute Ă la diversitĂ© autochtone [7], qui est de toute maniĂšre maintenue. Cette initiative exploite la valeur de garantie que renferme implicitement la notion de diversitĂ©. Une palette de gĂšnes ou dâespĂšces plus variĂ©s offre plus dâopportunitĂ©s et dâalternatives Ă©volutives Ă la sĂ©lection qui sera induite par les changements climatiques. Dans cette optique lâintroduction de pin maritime issu de la PĂ©ninsule IbĂ©rique ou du Rif peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e sous forme dâhybrides au vu des essais dĂ©jĂ prĂ©alablement rĂ©alisĂ©s [89]. Au plan interspĂ©cifique les chĂȘnes de la section des chĂȘnes rouges peuvent ĂȘtre plantĂ©s, y compris sur les landes bien drainĂ©es lande mĂ©sophile Ă fougĂšre, en plus des chĂȘnes Ă tempĂ©rament plus mĂ©diterranĂ©ens. Il est probable que la productivitĂ© escomptĂ©e issue de ces peuplements nouveaux soit infĂ©rieure Ă celle du pin maritime, mais la pĂ©rennitĂ© des surfaces forestiĂšres et de leurs services Ă©cosystĂ©miques demandĂ©es par nos sociĂ©tĂ©s sera mieux assurĂ©e. MĂ©thodes de conduite des peuplements 130La cause principale du changement climatique, Ă savoir lâaugmentation du CO2 atmosphĂ©rique a eu et peut avoir, Ă court et moyen terme, des impacts positifs sur la croissance des arbres et des peuplements. Cependant les autres alĂ©as liĂ©s Ă cette modification de la composition de lâatmosphĂšre ont des impacts nĂ©gatifs sur la croissance et la survie des arbres et donc plus largement sur les biens et les services fournis par cet Ă©cosystĂšme. Dâune façon gĂ©nĂ©rale, le maintien de la surface forestiĂšre en Aquitaine doit ĂȘtre un des premiers objectifs de gestion puisque la dĂ©forestation est une source dâĂ©mission de gaz Ă effet de serre Ă lâĂ©chelle mondiale et quâelle a aussi des consĂ©quences sur le climat et lâhydrologie au niveau local. MĂ©thodes de conduite des peuplements dans le cadre de lâĂ©volution de lâalĂ©a feu dans les Landes de Gascogne 131En 2010, une mission interministĂ©rielle IntĂ©rieur, Agriculture, Ăcologie a travaillĂ© sur lâimpact du changement climatique sur les incendies de forĂȘts. Dans ce rapport [90], le classement des massifs prend en compte le paramĂštre de sĂ©cheresse, issu de lâindice de forĂȘt mĂ©tĂ©o IFM et des caractĂ©ristiques de sensibilitĂ© de la vĂ©gĂ©tation. Le massif landais, sans changement notable de la composition de son couvert forestier voit son niveau de risque passer de moyen Ă fort Ă lâhorizon 2040, câest-Ă -dire au mĂȘme niveau que celui actuellement constatĂ© pour les massifs du Sud-Est de la France Figure 10. Figure 10 Carte des zones potentiellement sensibles aux incendies de forĂȘts Ă lâhorizon 2040. Le niveau le plus Ă©levĂ© est en rouge, le niveau moyen en orange et en vert pĂąle le niveau faible. En blanc les zones sans massif forestier supĂ©rieur Ă 100 ha ou Ă sensibilitĂ© trĂšs faible Source Chatry et al. [90]. 132Pour ce massif, la premiĂšre recommandation sylvicole est de pratiquer une sylviculture dynamique des peuplements de production des Ă©claircies prĂ©coces et progressives permettant une croissance dynamique des arbres et une fermeture rapide du couvert pour empĂȘcher le dĂ©veloppement dâun sous-bois trop vigoureux. 133Le pin maritime fait partie des essences les plus sensibles au risque incendie. Le choix dâune essence qui brĂ»le moins » peut ĂȘtre une gageure car un objectif important pour la lutte contre les incendies est le maintien dâun couvert sans arbre dĂ©pĂ©rissant. NĂ©anmoins une rĂ©flexion est Ă mener sur la composition en essences accompagnatrices feuillus Ă feuilles caduques ou la constitution de zones-tampons autour des plantations, pratiques courantes autour des plantations dâEucalyptus globulus en Australie. 134Enfin, le dispositif landais de lutte contre les incendies, citĂ© en exemple par le rapport Chatry [90] doit aussi se renforcer et sâadapter aux nouvelles conditions annoncĂ©es autant climatiques que socioĂ©conomiques [91]. MĂ©thodes de conduite des peuplements dans le cadre de lâĂ©volution de lâalĂ©a sĂ©cheresse dans le massif Adour-PyrĂ©nĂ©es 135LâalĂ©a sĂ©cheresse et son Ă©volution avec les changements climatiques sont des enjeux particuliĂšrement importants pour les forĂȘts du Massif Adour-PyrĂ©nĂ©es. En effet, les prĂ©visions climatiques scĂ©nario A2 pessimiste ou scĂ©nario B2 optimiste du GIEC annoncent une diminution des prĂ©cipitations moyennes et estivales particuliĂšrement prononcĂ©e dans les PyrĂ©nĂ©es [92] aux horizons 2050 et 2100. 136Par ailleurs, les simulations de la distribution potentielle du HĂȘtre et du Sapin essences majoritaires des montagnes des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques indiquent une forte rĂ©gression possible de ces deux espĂšces sur leur aire de rĂ©partition actuelle dans le cadre des changements climatiques [93]. De plus, des dĂ©pĂ©rissements dus aux sĂ©cheresses sont constatĂ©s depuis 1980 pour le ChĂȘne pĂ©donculĂ© essence majoritaire des plaines et coteaux en Adour-PyrĂ©nĂ©es dans les piĂ©monts basques et bĂ©arnais [25]. 137Des adaptations sylvicoles pourraient permettre dâattĂ©nuer la vulnĂ©rabilitĂ© des forĂȘts Ă cet alĂ©a 138- Les opĂ©rations sylvicoles des coupes rĂ©guliĂšres et une gestion accrue du sous-bois permettraient de diminuer la compĂ©tition de la vĂ©gĂ©tation pour lâeau. 139- La structure des peuplements un traitement en forĂȘt irrĂ©guliĂšre permettrait dâattĂ©nuer lâeffet des variations brutales de tempĂ©ratures et des sĂ©cheresses par le maintien, tout au long de la vie du peuplement dâun couvert forestier et de rĂ©partir les besoins en eau du peuplement hauteurs et essences variĂ©es. 140Ces Ă©volutions sylvicoles nĂ©cessiteraient le retour Ă une gestion active des forĂȘts en Adour-PyrĂ©nĂ©es notamment en montagne et plus particuliĂšrement le retour Ă une gestion forestiĂšre organisĂ©e Ă une Ă©chelle supĂ©rieure Ă celle de la parcelle dans le cas par exemple de lâamĂ©lioration de la desserte nĂ©cessaire Ă la gestion. MĂ©thodes de conduite des peuplements dans le cadre des alĂ©as pathogĂšnes et ravageurs dans le massif Dordogne-Garonne 141Le chĂątaignier est lâessence la plus importante en taillis 40 % de la surface de taillis dans le massif Dordogne-Garonne et souffre de dĂ©gĂąts et de mortalitĂ©s causĂ©s par lâencre Phytophtora cinnamoni et le chancre Cryphonectria parasitica. Les changements climatiques seraient a priori favorables Ă beaucoup de pathogĂšnes, notamment ceux qui sont limitĂ©s par les basses tempĂ©ratures hivernales comme P. cinnamoni cf. supra. 142Dans ce contexte, certaines prĂ©cautions sylvicoles pourraient permettre de limiter les dĂ©gĂąts dus aux pathogĂšnes 143- Les traitements dans un contexte de limitation des produits phytocides au niveau europĂ©en, certains traitements biologiques existent et pourraient ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©s, comme par exemple lâhypovirus du chancre [94]. 144- La santĂ© des plants lâutilisation de plants sains issus des pĂ©piniĂšres est extrĂȘmement importante pour Ă©viter la diffusion des pathogĂšnes et la mise en place de plantations contaminĂ©es dĂšs lâinstallation. 145Enfin, un balivage effectuĂ© dans des taillis de chĂątaigniers infectĂ©s par lâhypovirulence a montrĂ© que lâĂ©claircie peut contribuer au dĂ©veloppement de lâhypovirulence en favorisant lâaccroissement des tiges et donc la vigueur des arbres [95]. Ainsi, de maniĂšre assez gĂ©nĂ©rale, la vigueur et la bonne physiologie de lâarbre, favorisĂ©es par une sylviculture dynamique, contribuent Ă la rĂ©sistance des arbres aux pathogĂšnes [45]. 146La sylviculture peut offrir des solutions spĂ©cifiques pour adapter les forĂȘts de contextes diffĂ©rents Ă certains alĂ©as dans le cadre de leurs Ă©volutions liĂ©es aux changements climatiques. Cependant ces solutions peuvent impliquer des compromis difficilement rĂ©alisables Ă lâĂ©chelle de la parcelle [45] et qui nĂ©cessitent une organisation de la gestion forestiĂšre Ă des Ă©chelles plus larges comme le territoire, le massif forestier ou le paysage. Gouvernance 147Les dĂ©fis posĂ©s par le changement climatique participent Ă Ă©puiser le modĂšle traditionnel » dâune politique forestiĂšre nationale qui est, selon [96], fortement ancrĂ©e dans une double logique de pilotage centralisĂ© par lâĂtat et dâautonomisation sectorielle. Ce modĂšle hiĂ©rarchisĂ© et cloisonnĂ© est confrontĂ© au problĂšme de sa mise en cohĂ©rence avec des stratĂ©gies environnementales transversales portĂ©es par une diversitĂ© dâacteurs privĂ©s et publics Ă de multiples Ă©chelles internationale, europĂ©enne, national, infranational qui apparaissent comme autant de scĂšnes interdĂ©pendantes oĂč se structurent de nouveaux standards de lâaction forestiĂšre. 148Dans ce contexte mouvant et incertain, les dispositifs dâengagement volontaires et les mĂ©canismes basĂ©s sur le marchĂ© sont souvent jugĂ©s plus souples et plus adaptĂ©s que les approches rĂ©glementaires classiques pour promouvoir une gestion durable des forĂȘts. Cependant, prisonniĂšre des intĂ©rĂȘts sectoriels et de lâatomisation de lâespace Ă©conomique, cette rĂ©gulation privĂ©e peut aussi conduire Ă une simple rĂ©duction du coĂ»t des dommages liĂ©s aux risques. Un dĂ©veloppement des contractualisations pourrait alors permettre de donner plus de poids aux exĂ©cutifs locaux et aux partenariats territoriaux afin de renforcer la dĂ©finition concertĂ©e dâune adaptation conçue autour de la qualitĂ© des espaces et des produits. En impliquant de nouvelles formes de regroupement des propriĂ©taires ou le dĂ©veloppement de coopĂ©ratives, ces procĂ©dures peuvent aussi ĂȘtre envisagĂ©es comme des modes de coordination contribuant Ă amĂ©liorer lâorganisation du dialogue intra/inter-sectoriel et la mutualisation des risques [97]. 149Mais, la territorialisation de lâaction publique forĂȘt-bois paraĂźt Ă la fois potentiellement plus efficace, car mieux adaptĂ©e Ă la diversitĂ© des situations, et plus lĂ©gitime, car plus propice Ă la mise en dĂ©bat des enjeux forestiers et aux pratiques dĂ©libĂ©ratives [98]. La fabrication dâarrangements locaux pourrait ainsi sâappuyer sur des forums territoriaux au sein desquels se travaillerait une hybridation des diffĂ©rents intĂ©rĂȘts en prĂ©sence afin de maĂźtriser lâenvironnement sectoriel mais aussi les interfaces entre les diffĂ©rents usages du territoire. Lâinstauration de ces communautĂ©s dâutilisateurs serait de nature Ă favoriser la co-construction de normes dâaction adaptĂ©es aux Ă©cosystĂšmes et aux ressources territoriales [99]. B- AttĂ©nuation ForĂȘts et plantations Ă vocation de fixation de carbone 150AttĂ©nuer et anticiper les effets du changement climatique sont les enjeux Ă considĂ©rer dans la gestion de la forĂȘt française dans un contexte dâintensification des pratiques sylvicoles. Un des objectifs est de maintenir le rĂŽle de la forĂȘt dans la sĂ©questration de carbone tout en rĂ©pondant Ă la demande Ă©nergĂ©tique croissante par le recours Ă la production de biomasse [100]. Lâintensification de la sylviculture pose un certain nombre de questions quant au maintien de la viabilitĂ© des forĂȘts. Elle affecte les composantes du systĂšme sol-vĂ©gĂ©tation-atmosphĂšre au travers de changements des propriĂ©tĂ©s du sol travail du sol, tassement dĂ» aux passages dâengin, retours de matiĂšre organique, fertilisation, des propriĂ©tĂ©s de surface albĂ©do, rugositĂ©, interception de la pluie et par consĂ©quent le microclimat du systĂšme. ItinĂ©raires sylvicoles 151Pour analyser ces impacts multiples, la rĂ©ponse au climat de trois options de sylviculture a Ă©tĂ© analysĂ©e sur trois pĂ©riodes 1970-2000, 2020-2050 et 2070-2100 du scĂ©nario climatique type A2 [55], Tableau 1. Tableau 1 ItinĂ©raires sylvicoles analysĂ©s Moreaux, [55]. 152Pour les ITK 1 et 2, il sâagit dâitinĂ©raires intensifs sâappuyant sur des discussions engagĂ©es dans le cadre de la production intensive de biomasse-Ă©nergie [101]. Pour ITK 3, il sâagit des itinĂ©raires actuellement dĂ©veloppĂ©s dans la rĂ©gion Sud-Ouest. ScĂ©nario climatique Tableau 2 Moyenne annuelle par pĂ©riode des variables climatiques du scĂ©nario climatique A2 utilisĂ© pour lâexpĂ©rience de simulation, pour le point de grille de Bordeaux entre 1970 et 2100 donnĂ©es SAFRAN - Rg dĂ©signe le rayonnement global, Ta la tempĂ©rature de lâair, RH lâhumiditĂ© relative, et [CO2] la concentration en CO2 153Le scĂ©nario climatique A2 prĂ©sente une rupture importante entre 2035 et 2085, notamment en termes de prĂ©cipitation. Le point choisi dans la rĂ©gion Sud-Ouest Bordeaux prĂ©sente une rĂ©duction de 28 % entre 1985 et 2085, ce qui correspond Ă lâune des plus fortes rĂ©ductions en France [63]. Par ailleurs, lâaugmentation de la tempĂ©rature atteint 4,1 °C et la concentration en CO2 750 ppm dâici 2099. ProductivitĂ© Figure 11 154Les trois options rĂ©agissent diffĂ©remment au scĂ©nario climatique considĂ©rĂ©. Le climat 2035 semble favorable aux Eucalyptus accroissement positif de Ag Inc de + 4 % alors que pour les deux options de Pins, celui-ci est rĂ©duit de -11 % et -21 % respectivement. En 2085, lâincrĂ©ment en biomasse aĂ©rienne est fortement rĂ©duit pour les trois essences, mais celui des Eucalyptus est moins sensible avec une rĂ©duction de 31 % contre 61 % pour les deux options de Pins. Changements du stock de carbone dans le sol entre la fin et le dĂ©but du cycle Figure 12 155En 1985 et 2035, lâitinĂ©raire Eucalyptus ici sans labour accumule du carbone Ă un taux annuel de 69 gC m-2 an-1 et lâeffet dâun changement climatique est peu important. Dans le cas du Pin, la dynamique du carbone du sol est fortement impactĂ©e par les interventions sylvicoles labour et rouleau lourd. Le compartiment de carbone humifiĂ© du sol HUM est affectĂ© et les deux itinĂ©raires dĂ©stockent du carbone. Les apports de matiĂšres organiques ne sont pas suffisants pour compenser la perte en carbone du sol pour des rotations aussi courtes. Flux de carbone Figure 13 156Au cours des trois pĂ©riodes climatiques, lâitinĂ©raire Eucalyptus, en lâabsence de perturbations du sol, reprĂ©sente un puits de carbone consĂ©quent, permettant la sĂ©questration de 965 gC m-2 an-1 en moyenne et ce, essentiellement dans la biomasse aĂ©rienne Figure 13. Les deux itinĂ©raires de Pins sont Ă©galement un puits de carbone moyen sur les trois pĂ©riodes NEE moyen de-76 gC m-2an-1. Sur un cycle de 30 ans, cette valeur faible sâexplique par les perturbations successives du sol et la respiration hĂ©tĂ©rotrophe importante. Figure 11 Ăvolution du cumul de lâincrĂ©ment de biomasse exprimĂ©es en tonne matiĂšre sĂšche t DM des parties aĂ©riennes des parties aĂ©riennes Ag Inc et souterraines Bg Inc et de lâindice foliaire LAI pour les trois options sylvicoles taillis dâEucalyptus 10 ans, et rotations de Pin 15 et 30 ans et pour trois pĂ©riodes climatiques Moreaux [55]. Entre 0 et 15 ans, les deux simulations Pin-15 et Pin-30 sont confondues. Figure 12 Variations moyennes annuelles des stocks de carbone des compartiments du sol pour trois options sylvicoles taillis dâEucalyptus 10 ans, et rotations de Pin 15 et 30 ans et pour trois pĂ©riodes climatiques scĂ©nario A2. Un accroissement est comptĂ© positivement. DPM dĂ©signe le compartiment dâentrĂ©e de la matiĂšre organique MO labile, RPM celui de la MO rĂ©sistante. BIO dĂ©signe le compartiment de biomasse microbienne et HUM le compartiment de matiĂšre organique humifiĂ©e, câest-Ă -dire stabilisĂ©e Moreaux [55]. Figure 13 Valeurs moyennes annuelles des flux de C-CO2 simulĂ©s pour les trois options sylvicoles taillis dâEucalyptus 10 ans, et rotations de Pin 15 et 30 ans et pour trois pĂ©riodes climatiques. Les flux descendants assimilation sont comptĂ©s positivement. Pour rappel, GPP dĂ©signe la production primaire brute, Rh la respiration hĂ©tĂ©rotrophe et R la respiration autotrophe Moreaux [55]. 157La seconde pĂ©riode climatique 2035 est favorable aux trois essences en termes de production primaire brute GPP car les plantes ne sont pas Ă saturation en CO2. LâactivitĂ© de stockage de carbone est stimulĂ©e. Cet effet de lâĂ©lĂ©vation de concentration en CO2 est assez bien compris [102] [103]. Cependant, en 2085, la diminution des prĂ©cipitations et lâaugmentation de tempĂ©rature amĂšnent une rĂ©duction de GPP de-15 % dans le cas de lâEucalyptus et de-38 % pour les deux itinĂ©raires de Pins qui est attribuĂ©e Ă lâaggravation du dĂ©ficit en eau du sol. Finalement, en 2085 lâoption sylvicole Pins-15 ans devient une source nette de carbone +17 gC m-2 et lâoption Pins-30 ans est proche de la neutralitĂ©. 158De rĂ©cents travaux estimant le bilan en gaz Ă effet de serre dâun systĂšme de taillis Ă courte rĂ©volution de peuplier ont utilisĂ© le modĂšle global de fonctionnement de la vĂ©gĂ©tation {ORCHIDEE} couplĂ© Ă un module de gestion forestiĂšre Ă lâĂ©chelle europĂ©enne [104] [105]. Ses auteurs obtiennent une augmentation de la production Ă©nergĂ©tique sous un climat enrichi en CO2 Les auteurs prĂ©cisent cependant que les changements de carbone dans le sol ne sont pas pris en compte. Finalement, les effets climatiques sur la dynamique des flux de carbone obtenus par Moreaux [55] sont en accord avec les rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s par le projet CLIMATOR Ă lâĂ©chelle du Sud-Ouest [11] pour lesquels les sĂ©cheresses Ă©daphiques et atmosphĂ©riques sont considĂ©rĂ©es comme les contraintes majeures. Utilisation du bois comme substitution aux Ă©nergies fossiles 159La demande de biomasse forestiĂšre commercialisĂ©e Ă usage Ă©nergĂ©tique en Aquitaine sera de lâordre de 2 millions de tonnes dâici cinq annĂ©es. Elle concernera sans doute en majoritĂ© des quantitĂ©s provenant dâessences rĂ©sineuses, si on tient compte de lâusage des produits connexes des scieries et des ressources non mobilisĂ©es actuellement rĂ©manents et souches. 160Le potentiel de lâautoconsommation de bois de feu des particuliers provenant des feuillus aquitains est du mĂȘme ordre de grandeur. La mobilisation de peuplements feuillus non valorisĂ©s aujourdâhui et le dĂ©veloppement de peuplements feuillus dĂ©diĂ©s pourraient sensiblement augmenter Ă plus long terme le potentiel de ressources. 161Compte tenu des effets des tempĂȘtes de 1999 et 2009, un risque de tension entre usages devrait exister sur lâaffectation de la ressource forestiĂšre dans les dix Ă quinze annĂ©es Ă venir. 7 Soit, pour 5 millions de m3 de rĂ©colte, une quantitĂ© de matiĂšre sĂšche de 2,7 millions de tonnes i ... 162Jusquâen 2030, il a Ă©tĂ© indiquĂ© prĂ©cĂ©demment que la productivitĂ© des peuplements de pin maritime devrait continuer Ă croĂźtre. En faisant abstraction de risque de mortalitĂ©s engendrĂ©es par des Ă©vĂ©nements climatiques extrĂȘmes, on peut penser que, mĂȘme avec une baisse de productivitĂ© dans les vingt annĂ©es suivantes sĂ©cheresse et attaques biotiques, les volumes des reboisements issus de la tempĂȘte Klaus devraient atteindre leur maximum de potentiel de rĂ©colte annuel vers 2050 et compenser cette possible perte de productivitĂ©. Ă cet horizon on peut envisager de disposer, durant une dĂ©cennie, dâune rĂ©colte stable annuelle de 10 Ă 12 millions de m 3 par an pour les rĂ©sineux, essentiellement du pin maritime hors mortalitĂ©s. Cette ressource conservera le grand intĂ©rĂȘt dâĂȘtre facilement mobilisable techniquement. Il existera Ă©galement un potentiel Ă©nergĂ©tique de 2 millions de m 3 dans les rĂ©manents et souches dâarbres. Il est difficile de prĂ©voir quelle sera la part de rĂ©colte affectĂ©e aux usages Ă©nergĂ©tiques substitutifs des Ă©nergies fossiles. Les interactions avec les marchĂ©s du bois dâĆuvre et du bois dâindustrie dĂ©pendront beaucoup du prix relatif de lâĂ©nergie. Les usages traditionnels, bois dâĆuvre et bois dâindustrie, pourraient souffrir de la concurrence de la demande de bois dâĂ©nergie, mĂȘme si les acteurs de la filiĂšre bois souhaitent prĂ©server ces usages de la ressource forestiĂšre sur le long terme. Ă titre de repĂšre, en passant par les tonnes de matiĂšre sĂšche [106] et le pouvoir calorifique infĂ©rieur PCI du bois, câest un potentiel total de 2,2 Ă 2,6 27 millions de tonnes Ă©quivalent pĂ©trole 30 500 Gigawatt-h que pourrait reprĂ©senter la biomasse rĂ©sineuse Ă cet horizon. 8 Soit, pour 14 millions de bois bois fort 12 Mm3 et 2 Mm3 de rĂ©manents, une quantitĂ© de matiĂšre s ... 163Ă ce mĂȘme horizon 2050, le niveau des stocks de feuillus aquitains dĂ©pendra des prĂ©lĂšvements effectuĂ©s sur cette ressource durant les annĂ©es antĂ©rieures. On sait que les stocks de bois sur pied ont rĂ©guliĂšrement crĂ» jusquâĂ aujourdâhui durant les dĂ©cennies passĂ©es. La rĂ©colte commercialisĂ©e de bois dâĆuvre et dâindustrie reste actuellement nettement infĂ©rieure Ă 1 million de m 3, celle de lâautoconsommation de bois de feu non commercialisĂ©e est voisine de 2 millions de m 3 depuis des dĂ©cennies. Cette ressource autoconsommĂ©e pourrait ĂȘtre rĂ©introduite avec une meilleure efficience dans les circuits commerciaux. Sans prĂ©juger dâun ralentissement de la productivitĂ© des feuillus dĂ» au rĂ©chauffement climatique, il existera sĂ»rement Ă©galement un potentiel supplĂ©mentaire de rĂ©colte de 2 millions de m 3 , sans altĂ©rer les stocks de bois sur pied, rĂ©colte dont la mobilisation dĂ©pendra des conditions Ă©conomiques dâexploitation Ă cet horizon temporel. Le prix de revient de lâexploitation sera, lĂ encore, dĂ©terminant. Ă titre de repĂšre, le potentiel reprĂ©sentĂ© par cette biomasse forestiĂšre feuillue serait alors de 0,7 Ă 1,28 million de tonnes Ă©quivalent pĂ©trole 13 500 GWh. 9 En comptant les usages Ă©nergĂ©tiques lors des processus de transformation de la ressource liqueurs ... 164Au total, les ressources forestiĂšres dâAquitaine reprĂ©senteraient Ă cet horizon de 2,9 Ă 3,7 millions de tonnes Ă©quivalent pĂ©trole. ExprimĂ© en gigawatt, le potentiel reprĂ©sentĂ© pourrait ĂȘtre compris entre 34 000 et 44 000 GWh. Cependant sur ce potentiel il serait raisonnable, compte tenu des contraintes socio-Ă©conomiques sur lâaffectation de la ressource aux autres usages, de ne retenir quâun ordre de grandeur de 17 500 Ă 24 500 GWh comme gisement de biomasse forestiĂšre potentiel9. 165Ă titre de comparaison, la consommation Ă©nergĂ©tique de lâAquitaine Ă©tait voisine en 2008 de 100 000 GWh. Notons que les Ă©missions de CO2, qui rĂ©sultent de la combustion de la biomasse forestiĂšre, ne sont pas comptabilisĂ©es dans les inventaires car elles vont ĂȘtre refixĂ©es lors de la croissance des peuplements forestiers. Ceci rend dâautant plus vertueux le mĂ©canisme de substitution Ă©nergĂ©tique au profit de cette biomasse, en tenant compte bien sĂ»r du circuit dâapprovisionnement qui devrait ĂȘtre le plus neutre possible pour le calcul du bilan carbone de la substitution Ă©nergĂ©tique de la biomasse forestiĂšre aux Ă©nergies fossiles. Vue aĂ©rienne de la forĂȘt du MĂ©doc, entre Ă©tang et dune littorales © J. Haas, FĂ©dĂ©ration dĂ©partementale des Chasseurs de Gironde. Landes humides dans la forĂȘt des Landes, prĂšs dâHostens © A. Kremer, INRA-Bordeaux. 166Ă lâhorizon de la fin du siĂšcle, compte tenu dâune baisse potentielle de productivitĂ© des peuplements forestiers actuels de 30 Ă 40 %, la concurrence entre usages ne pourra ĂȘtre que plus forte. Bien sĂ»r cela suppose que catastrophes climatiques ou biotiques nâhypothĂšquent pas la vocation de production des espaces forestiers. Gouvernance 167Les mesures dites dâattĂ©nuation » conduisent au dĂ©veloppement rapide de diverses formes de marchĂ©s carbones articulant rĂ©gulations privĂ©es et incitations publiques. Certes, dans le cadre de lâactuel Protocole de Kyoto » 1997, la France apparaĂźt peu concernĂ©e car elle est plus susceptible de stocker du carbone par la gestion forestiĂšre crĂ©dits plafonnĂ©s que par les processus de boisement, et ce dâautant plus que les reboisements post-tempĂȘtes ne sont pas Ă©ligibles. Cependant, depuis 2002, des marchĂ©s volontaires se sont peu Ă peu imposĂ©s comme une alternative plus souple avec des mĂ©canismes de compensation carbone », portĂ©s par diffĂ©rents labels ex. Voluntary Carbon Standard [VCS], Chicago Climate Exchange [CCX]âŠ., Ă partir de lâaugmentation de stock de carbone en forĂȘt ou dans les produits du bois. De plus, il existe Ă©galement des projets infranationaux. LâAssociation Aquitaine Carbone 2012 est ainsi un projet rĂ©gional qui vise Ă rĂ©pondre Ă lâenjeu particulier du reboisement post-tempĂȘte et Ă promouvoir des projets et des parcours sylvicoles capteurs de CO2 [99]. Ă lâavenir, dâautres dispositifs gagneraient Ă ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s en favorisant, par exemple, les emplois Ă longue durĂ©e du bois et des produits ligneux dans lâhabitat [9]. Ces certifications, qui sâappuieraient sur des Analyses de Cycle de Vie ACV des produits du bois, sâinscriraient dans une rĂ©gulation marchande portĂ©e par les consommateurs. 168Si diverses mesures dâattĂ©nuation sont dĂ©jĂ mises en place ou envisageables, il est toutefois nĂ©cessaire de sâinterroger non seulement sur leurs attractivitĂ©s et leurs implications en termes dâĂ©volution des investissements forestiers, des structures fonciĂšres et des modes dâorganisation collective mais aussi et surtout sur leurs compatibilitĂ©s. 169En effet, parallĂšlement Ă la promotion de la forĂȘt stock de carbone », les marchĂ©s et les soutiens Ă©conomiques, nationaux ou rĂ©gionaux, aux filiĂšres concourent actuellement Ă un dĂ©veloppement de la biomasse forestiĂšre. Si ces processus visent Ă rĂ©duire la dĂ©pendance aux Ă©nergies fossiles, ils peuvent Ă©galement favoriser lâessor de parcours sylvicoles taillis Ă courte rotation, une rĂ©organisation des filiĂšres et des bouleversements paysagers en contradiction avec les objectifs de sĂ©questrations du carbone mais aussi les stratĂ©gies dâadaptation visant Ă amĂ©liorer la rĂ©silience des forĂȘts et des territoires. La structuration et la mise en cohĂ©rence des diverses politiques dâattĂ©nuation au niveau des espaces forestiers constituent donc des enjeux majeurs. Cela suppose tout dâabord de rĂ©insĂ©rer la problĂ©matique de la biomasse forestiĂšre dans une rĂ©flexion rĂ©gionale sur le dĂ©veloppement des diffĂ©rentes Ă©nergies renouvelables mais Ă©galement de questionner les trajectoires envisagĂ©es, les portages privilĂ©giĂ©s et les technologies dĂ©ployĂ©es fourniture de rĂ©seaux nationaux et internationaux par une production trĂšs centralisĂ©e, valorisation dĂ©centralisĂ©e Ă lâĂ©chelle des territoires [99]. Conclusion 170Cette revue rappelle Ă quel point les forĂȘts se trouvent aujourdâhui au centre dâenjeux Ă©cologiques et Ă©conomiques considĂ©rables. Ces enjeux sont illustrĂ©s par la position duale des forĂȘts dans le contexte du changement climatique. Dâune part leur stabilitĂ© Ă©cologique est dĂ©fiĂ©e par lâampleur et lâintensitĂ© de ce changement. Dâautre part elles peuvent contribuer de maniĂšre significative Ă lâattĂ©nuation du changement climatique. Cette revue a permis de dĂ©gager, au vu des observations actuelles et des prĂ©visions futures, quelques grandes tendances, qui caractĂ©riseront les formations forestiĂšres en Aquitaine. Il est presque certain que leur composition en espĂšces quâil sâagisse de la pinĂšde landaise, des forĂȘts de la vallĂ©e de lâAdour ou des plateaux calcaires de Dordogne, se modifiera graduellement au cours des prochaines dĂ©cennies sous le forçage du changement climatique ou par intervention humaine. Dâautre part tous les modĂšles prĂ©disent que la productivitĂ© des forĂȘts continuera Ă augmenter dans le futur proche avant de connaĂźtre un ralentissement et une nette dĂ©croissance et ce dĂšs les annĂ©es 2050. Au-delĂ de ces grandes tendances, des incertitudes demeurent cependant. 171LâintensitĂ© Ă laquelle ces diffĂ©rents mĂ©canismes se produiront reste peu connue. Par exemple, les vitesses respectives auxquelles se feront les mouvements migratoires et les disparitions de populations quâil sâagisse dâarbres ou dâespĂšces associĂ©es restent mĂ©connues si bien que leur bilan qui traduit la composition spĂ©cifique reste tout aussi spĂ©culatif. Cette incertitude est renforcĂ©e par lâabsence de cadre conceptuel et de modĂ©lisation des interactions interspĂ©cifiques stimulĂ©es ou inhibĂ©es par le changement climatique. Dans ce domaine le concept de communautĂ©s non analogues » est le plus souvent invoquĂ© pour Ă©voquer lâĂ©volution des compositions futures. 172Les interactions entre les diffĂ©rentes composantes de lâensemble atmosphĂšre-forĂȘts-climat et les rĂ©actions en cascades qui peuvent en dĂ©couler ont Ă©tĂ© peu abordĂ©es, quelle que soit lâĂ©chelle spatiale considĂ©rĂ©e. Lâinconnue portant sur les rĂ©actions en cascades sâapplique Ă©galement aux modifications de la biodiversitĂ©, en rĂ©ponse aux modifications spĂ©cifiques Ă diffĂ©rents niveaux trophiques. 173Lâimpact des Ă©vĂ©nements climatiques extrĂȘmes risque de perturber de maniĂšre considĂ©rable les changements graduels Ă©noncĂ©s dans cette revue. LâintĂ©gration de ces Ă©vĂ©nements, de leur occurrence comme de leurs effets reste un sujet majeur de recherche. 174Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale la prise en compte de lâincertitude elle-mĂȘme dans les modĂšles de prĂ©vision, ainsi que son intĂ©gration dans les politiques dites adaptatives » mĂ©ritera une attention plus grande. Une telle attitude nĂ©cessitera sans doute une grande diversitĂ© dans les approches prĂ©dictives, une flexibilitĂ© dans les dĂ©cisions, et une volontĂ© de réévaluer frĂ©quemment lâĂ©tat des lieux. Cette conduite sera dâautant plus efficace quâelle se fonde sur un solide jeu dâindicateurs rĂ©guliĂšrement observĂ©s dans les Ă©cosystĂšmes forestiers. 175Enfin lâimpact du changement climatique sur les forĂȘts dâAquitaine est indissociable de lâĂ©volution des demandes sociĂ©tales portant par ailleurs sur les forĂȘts. Les forĂȘts dâAquitaine sont en effet gĂ©rĂ©es et exploitĂ©es dans un milieu fortement et historiquement modifiĂ© par lâhomme. Leurs rĂ©ponses aux changements environnementaux en cours sont de ce fait conditionnĂ©es en grande partie par les activitĂ©s humaines au contraire dâĂ©cosystĂšmes moins anthropisĂ©s. Les services Ă©cosystĂ©miques attendus par les diffĂ©rentes composantes de nos sociĂ©tĂ©s auront tendance Ă sâaccroĂźtre en rĂ©ponse Ă lâurbanisation croissante et au dĂ©veloppement du tourisme en Aquitaine. Cette surenchĂšre risque par ailleurs dâaugmenter les tensions autour de lâutilisation des terres Ă des fins forestiĂšres. Certaines de ces Ă©volutions ont Ă©tĂ© explorĂ©es dans une Ă©tude de prospective rĂ©cente portant sur la forĂȘt landaise [99]. Elles illustrent Ă©galement Ă quel point lâĂ©volution des forĂȘts rĂ©sultera des modifications environnementales et de celles de nos sociĂ©tĂ©s. Elles appellent de ce fait Ă des analyses globales intĂ©grant sciences de lâenvironnement et sciences humaines et sociales, qui restent pour lâessentiel Ă ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es. La confluence de la Garonne et de la Dordogne au niveau du Bec dâAmbĂšs, formant lâestuaire de la Gironde © T. Auly, UniversitĂ© de Bordeaux 3.
Composition élémentaire ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre MatiÚre sÚche 67 100 % - -79 413 Protéines brutes % - 220 226 Cellulose brute % - 162 190 MatiÚres grasses brutes % - 153 181 MatiÚres minérales 1 % - 223 1 251 Cendres insolubles % - NDF % - 4 ADF % - 3 4 Lignine % - 14 -1 14 Parois végétales % - Amidon % - 4 326 358 Amidon, méthode enzymatique % - 1 Sucres totaux 2 % - 12 Energie brute kcal 2970 4440 kcal/kg - 210 2680 -3220 7 Energie brute MJ MJ/kg - 7 Minéraux ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre Calcium g/kg - 14 14 Phosphore g/kg - 15 1 15 Phosphore phytique g/kg 75 % P Magnésium g/kg - 1 1 Potassium g/kg - Sodium g/kg - Chlore g/kg - Soufre g/kg - Bilan cations-anions 2 3 mEq/kg - Bilan électrolytique 55 82 mEq/kg - ManganÚse 7 10 mg/kg - Zinc 16 24 mg/kg - 1 1 Cuivre 2 3 mg/kg - Fer 27 40 mg/kg - Sélénium mg/kg - Cobalt mg/kg - MolybdÚne mg/kg - Iode mg/kg - Acides gras ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre C6+C8+C10 acides gras 0 0 g/kg 0 % a. gras C120 acide laurique 0 0 g/kg 0 % a. gras C140 acide myristique g/kg % a. gras 18 C160 acide palmitique g/kg % a. gras 202 C161 acide palmitoléique 0 0 g/kg 0 % a. gras 1 C180 acide stéarique g/kg % a. gras 201 C181 acide oléique g/kg % a. gras 3 202 C182 acide linoléique 20 g/kg % a. gras 208 C183 acide linolénique g/kg % a. gras 202 C184 acide stéaridonique 0 0 g/kg 0 % a. gras C200 acide arachidique g/kg % a. gras 186 C201 acide éicosenoïque 0 0 g/kg 0 % a. gras C204 acide arachidonique 0 0 g/kg 0 % a. gras C205 acide éicosapentaénoïque 0 0 g/kg 0 % a. gras C220 acide béhénique 0 0 g/kg 0 % a. gras C221 acide érucique 0 0 g/kg 0 % a. gras 1 C225 acide docosapentaenoïque 0 0 g/kg 0 % a. gras C226 acide docosahexaenoïque 0 0 g/kg 0 % a. gras C240 acide lignocérique 0 0 g/kg 0 % a. gras Acides gras totaux % 86 % m. grasse 4 81-91 5 Vitamines et pigments ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre Vitamine D 0 0 1000 UI/kg - Ruminants ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre UFL INRA 2018 par kg - UFV INRA 2018 par kg - PDIA INRA 2018 16 24 g/kg - PDI INRA 2018 53 80 g/kg - Balance protéique du rumen INRA 2018 -24 -36 g/kg - Valeur d'encombrement ruminants INRA 2018 par kg - EM ruminants INRA 2018 kcal 2220 3320 kcal/kg - EN Lait ruminants INRA 2018 kcal 1510 2260 kcal/kg - EN Viande ruminants INRA 2018 kcal 1550 2320 kcal/kg - EM ruminant INRA 2018 MJ 9 MJ/kg - EN Lait ruminant INRA 2018 MJ MJ/kg - EN Viande ruminant INRA 2018 MJ MJ/kg - Digestibilité MO ruminants INRA 2018 - % Digestibilité énergie ruminants INRA 2018 - % Dégradabilité N ruminants INRA 2018 - 71 % Dégradabilité amidon ruminants INRA 2018 - 68 % Dégradabilité MS ruminants INRA 2018 - 71 % Lysine digestible ruminants INRA 2018 - % PDI Thréonine digestible ruminants INRA 2018 - % PDI Méthionine digestible ruminants INRA 2018 - % PDI Isoleucine digestible ruminants INRA 2018 - 5 % PDI Valine digestible ruminants INRA 2018 - % PDI Leucine digestible ruminants INRA 2018 - % PDI Phénylalanine digestible ruminants INRA 2018 - % PDI Histidine digestible ruminants INRA 2018 - % PDI Arginine digestible ruminants INRA 2018 - % PDI UFL NI1 INRA 2018 par kg - UFV NI1 INRA 2018 par kg - PDIA NI1 INRA 2018 14 21 g/kg - PDI NI1 INRA 2018 53 79 g/kg - Balance protéique du rumen NI1 INRA 2018 -24 -36 g/kg - UFL NI4 INRA 2018 par kg - UFV NI4 INRA 2018 par kg - PDIA NI4 INRA 2018 19 29 g/kg - PDI NI4 INRA 2018 54 81 g/kg - Balance protéique du rumen NI4 INRA 2018 -24 -35 g/kg - UFL INRA 2007 par kg - UFV INRA 2007 par kg - PDIA INRA 2007 16 24 g/kg - PDIN INRA 2007 41 62 g/kg - PDIE INRA 2007 47 71 g/kg - EM ruminants INRA 2007 kcal 2220 3310 kcal/kg - EM ruminants INRA 2007 MJ MJ/kg - Digestibilité MO ruminants INRA 2007 - 91 % Digestibilité énergie ruminants INRA 2007 - % Digestibilité N ruminants INRA 2007 - % Digestibilité N ruminants intestinale réelle - 90 % Digestibilité NDF ruminant - 79 % Dégradabilité N ruminant k= - 74 % N immédiatement dégradable a - 55 % N potentiellement dégradable b - 41 % N taux de dégradation des particules c - h-1 Dégradabilité amidon ruminants k= - 60 % Dégradabilité MS k= - 74 % MS immédiatement dégradable a - 57 % MS potentiellement dégradable b - 44 % MS taux de dégradation des particules c - h-1 Digestibilité acides gras ruminants - 73 % Phosphore absorbable ruminants g/kg 75 % P Calcium absorbable, ruminants g/kg 55 % Ca Lysine digestible ruminants INRA 2007 - % PDIE Thréonine digestible ruminants INRA 2007 - 5 % PDIE Méthionine digestible ruminants INRA 2007 - 2 % PDIE Isoleucine digestible ruminants INRA 2007 - % PDIE Valine digestible ruminants INRA 2007 - % PDIE Leucine digestible ruminants INRA 2007 - % PDIE Phénylalanine digestible ruminants INRA 2007 - 5 % PDIE Histidine digestible ruminants INRA 2007 - % PDIE Arginine digestible ruminants INRA 2007 - % PDIE VEM CVB 2018 842 1257 par kg - VEVI CVB 2018 937 1399 par kg - DVE CVB 1991 47 71 g/kg - OEB CVB 1991 -12 -19 g/kg - DVLYS CVB 1991 3 g/kg - DVMET CVB 1991 g/kg - TDN 1x NRC 2001 % - DE 1x ruminants NRC 2001 Mcal/kg - NE Lactation 3x ruminants NRC 2001 Mcal/kg - NE Lactation 4x Ruminant NRC Mcal/kg - NE Entretien 3x ruminants NRC 2001 Mcal/kg - NE Gain 3x ruminants NRC 2001 Mcal/kg - Protéines indégradables dans le rumen régime 25% concentrés NRC 2001 - 25 % Protéines indégradables dans le rumen régime 50% concentrés NRC 2001 - 28 % EN Lactation ruminants GfE 6 MJ/kg - nxP ruminants GfE 111 165 g/kg - RNB ruminants GfE -8 -12 g/kg - Porcs ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre ED porc croissance kcal 2600 3890 kcal/kg - EM porc croissance kcal 2540 3790 kcal/kg - EN porc croissance kcal 2030 3040 kcal/kg - ED porc adulte kcal 2710 4050 kcal/kg - EM porc adulte kcal 2630 3930 kcal/kg - EN porc adulte kcal 2090 3120 kcal/kg - ED porc croissance MJ MJ/kg - EM porc croissance MJ MJ/kg - EN porc croissance MJ MJ/kg - ED porc adulte MJ MJ/kg - EM porc adulte MJ 11 MJ/kg - EN porc adulte MJ MJ/kg - Digestibilité énergie porc croissance - % Digestibilité énergie porc adulte - % Digestibilité MO croissance - % Digestibilité MO porc adulte - % Digestibilité N porc croissance - % Digestibilité N porc adulte - % Digestibilité N iléale standardisée porc - 86 % 17 Digestibilité matiÚres grasses porc - % Digestibilité P porc sans phytase g/kg 28 % 17-37 4 Digestibilité P porc avec phytase g/kg 42 % Volailles ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre EMAn coq kcal 2440 3650 kcal/kg - EMAn poulet kcal 2390 3570 kcal/kg - EMAn coq MJ MJ/kg - EMAn poulet MJ 10 15 MJ/kg - P disponible coq g/kg 24 % P P disponible poulet g/kg 24 % P Chevaux ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre Digestibilité MO cheval - % Digestibilité énergie cheval - % UFC par kg - MADC 43 64 g/kg - Lapins ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre ED lapin kcal 2480 3700 kcal/kg - EM lapin kcal 2410 3600 kcal/kg - ED lapin MJ MJ/kg - EM lapin MJ MJ/kg - Digestibilité énergie lapin - % Digestibilité N lapin - % Poissons ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre ED salmonidés kcal 1510 2260 kcal/kg - ED salmonidés MJ MJ/kg - Digestibilité énergie salmonidés - 51 % Digestibilité N salmonidés - % Acides aminés ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre Lysine g/kg 3 g/16g N 1 76 1 Thréonine g/kg g/16g N 2 2 Méthionine g/kg g/16g N 2 -2 2 Cystine g/kg g/16g N 1 1 1 Méthionine + cystine g/kg g/16g N 1 1 1 Tryptophane g/kg g/16g N Isoleucine g/kg g/16g N Valine g/kg 5 g/16g N Leucine g/kg g/16g N Phénylalanine 3 g/kg g/16g N 1 1 1 Tyrosine g/kg g/16g N 1 1 1 Phénylalanine + tyrosine g/kg g/16g N 1 1 1 Histidine g/kg g/16g N 1 1 1 Arginine g/kg g/16g N 1 1 1 Alanine g/kg g/16g N 1 1 1 Acide aspartique 4 6 g/kg g/16g N 1 1 1 Acide glutamique g/kg g/16g N 1 1 1 Glycine g/kg g/16g N 1 1 1 Sérine g/kg 5 g/16g N 1 1 1 Proline g/kg g/16g N 1 1 1 Porcs, acides aminés ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre Lysine, iléal standardisé, porc g/kg 80 % 7 64-87 20 Thréonine, iléal standardisé, porc g/kg 83 % 7 60-91 20 Méthionine, iléal standardisé, porc g/kg 91 % 5 73-96 19 Cystine, iléal standardisé, porc 2 g/kg 88 % 6 73-94 16 Méthionine + cystine, iléal standardisé, porc g/kg 90 % Tryptophane, iléal standardisé, porc g/kg 80 % 7 76-99 10 Isoleucine, iléal standardisé, porc 2 3 g/kg 88 % 5 75-93 20 Valine, iléal standardisé, porc 4 g/kg 87 % 5 74-94 20 Leucine, iléal standardisé, porc g/kg 93 % 5 80-96 20 Phénylalanine, iléal standardisé, porc g/kg 91 % 4 80-95 19 Tyrosine, iléal standardisé, porc g/kg 90 % 5 79-94 17 Phénylananine + tyrosine, iléal standardisé, porc g/kg 91 % Histidine, iléal standardisé, porc g/kg 89 % 5 75-94 19 Arginine, iléal standardisé, porc g/kg 91 % 4 78-95 20 Alanine, iléal standardisé, porc g/kg 89 % 4 79-95 18 Acide aspartique, iléal standardisé, porc g/kg 87 % 6 72-94 18 Acide glutamique, iléal standardisé, porc g/kg 93 % 3 84-96 18 Glycine, iléal standardisé, porc g/kg 82 % 9 58-93 16 Serine, iléal standardisé, porc g/kg 89 % 5 74-96 18 Proline, iléal standardisé, porc 5 g/kg 89 % 5 79-97 9 Volailles, acides aminés ParamÚtre Brut Sec Unité Autre Unité E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre E-t Plage Nombre Lysine, iléal standardisé, volaille g/kg 90 % 6 71-99 16 Thréonine, iléal standardisé, volaille g/kg 83 % 7 69-93 16 Méthionine, iléal standardisé, volaille g/kg 94 % 3 88-100 16 Cystine, iléal standardisé, volaille 2 g/kg 86 % 6 75-94 16 Méthionine + cystine, iléal standardisé, volaille g/kg 90 % Tryptophane, iléal standardisé, volaille g/kg 85 % Isoleucine, iléal standardisé, volaille g/kg 93 % 5 79-100 16 Valine, iléal standardisé, volaille g/kg 90 % 5 76-99 16 Leucine, iléal standardisé, volaille g/kg 94 % 3 86-97 16 Phénylalanine, iléal standardisé, volaille g/kg 93 % 5 83-100 16 Tyrosine, iléal standardisé, volaille g/kg 88 % 4 82-95 12 Phénylananine + tyrosine, iléal standardisé, volaille g/kg 91 % Histidine, iléal standardisé, volaille g/kg 90 % 3 86-97 16 Arginine, iléal standardisé, volaille 4 g/kg 93 % 3 86-96 16 Alanine, iléal standardisé, volaille g/kg 93 % 3 85-97 15 Acide aspartique, iléal standardisé, volaille g/kg 89 % 6 78-97 15 Acide glutamique, iléal standardisé, volaille 11 g/kg 95 % 3 90-100 15 Glycine, iléal standardisé, volaille 2 3 g/kg 86 % 5 77-90 9 Serine, iléal standardisé, volaille g/kg 91 % 6 79-100 16 Proline, iléal standardisé, volaille g/kg 91 % 3 84-96 13
PubliĂ© le 11 dĂ©cembre 2019 Mis Ă jour le 10 dĂ©cembre 2019 Ă 1005 En grains, comme en fourrage, lâannĂ©e 2019 se solde par des rendements moyens en baisse Ronan Lombard. Surface stable pour le fourrage, en hausse pour le grain. Le maĂŻs a connu une campagne 2019 surtout marquĂ©e par une baisse des rendements. Entre autres Ă©pisodes climatiques, la sĂ©cheresse Ă des stades prĂ©coces a Ă©tĂ© trĂšs 2019, les surfaces semĂ©es en maĂŻs en France Ă©taient dâun peu plus de 2,8 millions dâhectares, rĂ©partis Ă part Ă©gale entre maĂŻs grain surfaces en hausse de 5% et fourrager surfaces stables. Les surfaces supplĂ©mentaires en maĂŻs grain sont enregistrĂ©es principalement dans les rĂ©gions oĂč les semis de colza ont Ă©tĂ© accidentĂ©s. Avec les difficultĂ©s climatiques qui ont affectĂ© toutes les productions fourragĂšres, le besoin en stocks pour la pĂ©riode hivernale a conduit Ă des transferts de rĂ©coltes prĂ©vues en grain vers le fourrage, estimĂ©s Ă plus de Des cultures de rattrapage Les semis se sont Ă©talĂ©s de mi-mars pour les premiers maĂŻs grain Ă fin mai. En zone fourrage, le crĂ©neau favorable sur la deuxiĂšme quinzaine dâavril a Ă©tĂ© peu utilisĂ©, par crainte dâattaques prĂ©coces de ravageurs, dans le contexte de lâarrĂȘt du traitement de semences insecticide de rĂ©fĂ©rence. Le dĂ©but de cycle a Ă©tĂ© lent en raison dâun dĂ©ficit de tempĂ©ratures important en mai, jusquâĂ mi-juin. De nombreux dĂ©gĂąts de ravageurs ont Ă©tĂ© observĂ©s aprĂšs les semis corvidĂ©s, sangliers, taupins, et la mouche des semis destruction de la graine a fait parler dâelle. Avec lâensemble de ces ravageurs, on peut estimer que plusieurs dizaines de milliers dâhectares ont dĂ» ĂȘtre ressemĂ©s. Dans dâautres parcelles, le peuplement a Ă©tĂ© affectĂ©, rĂ©duisant de fait le potentiel. Le dĂ©ficit hydrique a Ă©tĂ© quasi gĂ©nĂ©ralisĂ© lors de la phase la plus sensible des cultures. Les interventions de dĂ©sherbage de post-levĂ©e ont Ă©tĂ© rendues difficiles par les conditions peu favorables jusquâĂ dĂ©but juin, avec peu de jours disponibles, des amplitudes thermiques assez importantes, ainsi que des Ă©pisodes venteux. Les crĂ©neaux pour les interventions mĂ©caniques ont Ă©tĂ© assez rares et les passages souvent trop tardifs, engendrant des efficacitĂ©s parfois mĂ©diocres. Stress hydrique prĂ©coce Le fait marquant de la campagne est le fort dĂ©ficit hydrique dĂšs mi-juin, voire avant dans certaines rĂ©gions. Les cultures, avec un systĂšme racinaire insuffisant, du fait des conditions de dĂ©but de cycle, ont Ă©tĂ© fortement stressĂ©es dĂšs la fin de la montaison. Ceci a conduit Ă des gabarits rĂ©duits, notamment dans les sols superficiels. La phase la plus critique du cycle, autour des stades floraison et fĂ©condation, sâest dĂ©roulĂ©e en situation de stress hydrique marquĂ© dans beaucoup de rĂ©gions, aggravĂ© par deux pĂ©riodes de tempĂ©ratures Ă©levĂ©es. Cela a eu pour consĂ©quences une rĂ©duction du nombre de grains par Ă©pi. Dans les situations les plus stressĂ©es, on a pu observer une frĂ©quence importante de plantes sans Ă©pi. Les cultures ont dĂ©marrĂ© lentement et ont Ă©tĂ© exposĂ©es aux attaques de ravageurs Ronan Lombard. Les pluies sont revenues tardivement, fin juillet Ă dĂ©but aoĂ»t, et de façon inĂ©gale sur le territoire. Cela a permis un remplissage correct des grains. La fin de cycle sâest dĂ©roulĂ©e sous un climat plus frais, avec un rĂ©gime de pluies proche de la normale. LâĂ©volution des plantes a alors Ă©tĂ© plutĂŽt lente. En maĂŻs fourrage, les chantiers de rĂ©colte ont Ă©tĂ© plus Ă©talĂ©s quâĂ lâhabitude. De mi-aoĂ»t, voire avant, jusquâĂ mi-octobre. Les rendements sont Ă la baisse un peu partout, de 30 Ă 50% infĂ©rieurs, jusquâĂ des situations proches de la normales de 6-7t Ă 17-18t MS/ha. Les rĂ©gions Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Centre, Auvergne, Bourgogne, Franche-ComtĂ© et Lorraine sont celles oĂč les maĂŻs fourrage, trĂšs peu irriguĂ©s, ont le plus souffert. Dâun point de vue qualitĂ©, la variabilitĂ© est forte Ă©galement, tant au niveau des gabarits des plantes, que de la richesse en grains et leur teneur en amidon. Fortunes diverses en grain mais moyenne en baisse En maĂŻs grain, le rendement national est estimĂ© Ă 89q/ha, en baisse par rapport Ă la moyenne quinquennale 96,7 q/ha. Les restrictions dâirrigation nâont pas permis dâassurer lâexpression du potentiel dans beaucoup de rĂ©gions. En Alsace, Aquitaine, Midi-PyrĂ©nĂ©es, RhĂŽne-Alpes les rendements sont proches des 100q/ha. Dans le Sud-Ouest, malgrĂ© des semis tardifs, la pluviomĂ©trie estivale a permis de maintenir des niveaux de productivitĂ© satisfaisant. Pour le maĂŻs grain humide, destinĂ© Ă la Faf sur le quart nord-ouest du pays. Les rendements sont infĂ©rieurs Ă la moyenne Ă©galement.
tableau conversion maĂŻs grain humide en sec 2020